Une épaisse couche de peinture blanche, parfaitement appliquée, a recouvert la fresque de Chloé Wary, commandée par Champigny-sur-Marne pour égayer le long mur du parking Carnot, à peine quelques jours après son inauguration. L’autrice pense que deux phrases ajoutées à la fin ont pu déclencher cette réaction mais regrette cette issue drastique. Explications.
Chloé Wary, 27 ans, est une bédéiste qui raconte les cités en couleurs. Prix du public au festival d’Angoulême en 2020 pour son album Rosigny Zoo, elle croque la vie dans des villes imaginaires inspirées de notre banlieue parisienne, notamment celle où elle a grandi, Chilly-Mazarin, en Essonne.
En parallèle de son travail, elle réalise aussi des travaux artistiques de commande et c’est dans ce contexte qu’elle avait signé, en avril 2023, une convention avec la mairie de Champigny-sur-Marne, à la demande de la médiathèque Jean-Jacques Rousseau et de la Maison des arts plastiques (Map), pour réaliser une fresque murale.
La réalisation de la fresque, de 23 mètres de long, a débuté en juin et a été élaborée avec l’aide des habitants du quartier, notamment des jeunes du club de foot. Les personnages de cette fresque monumentale étaient ceux de ses albums Saison des Roses et Rosigny Zoo.
“Rubiales fuera” et “Justice pour Nahel”
Peu avant l’inauguration, qui avait lieu le 7 octobre, l’autrice ajoute deux textes “pour ancrer son travail dans le réel et pour défendre ses convictions, comme elle le fait toujours”, précise son éditeur, Grégory Jarry (Editions FLBLB) dans un communiqué. Il s’agit de : « Rubiales fuera » (en rapport avec le baiser non consenti de l’entraîneur de l’équipe de foot féminine espagnole) et « Justice pour Nahel » (en lien avec le jeune de Nanterre tué par un policier et dont la mort a déclenché des émeutes partout en France).
Ces textes ont-ils choqué les commanditaires ? Le 7 octobre, l’inauguration s’effectue “de manière confidentielle, sans publicité, et absolument sans édile”, contrairement au lancement qui avait été festif.
“Chloé ne s’en émeut pas particulièrement, c’est simplement un constat, et elle aurait sans doute oublié la chose, si un évènement n’avait fait résonner amèrement cette inauguration ratée : dans la nuit du 10 au 11 octobre, la fresque a été méticuleusement recouverte d’une épaisse couche de peinture blanche. Invisibilisé, Rosigny-sur-Seine ! Masqués, le « Rubiales Fuera » et le « Justice pour Nahel » ! Détruite l’œuvre d’art de Chloé Wary ! Oups, les auteurs de ce forfait avaient malencontreusement oublié, sur un pan de mur dans le prolongement, la signature de l’autrice. Qu’à cela ne tienne, ils reviennent quelques jours plus tard, à la sableuse ou au karcher, pour terminer l’effacement”, détaille l’éditeur.
“Sortir, sans avertissement ni sommation, le rouleau compresseur de la peinture blanche pour oblitération massive pose question“
L’autrice s’interroge sur la raison de cet effacement très pro, et se demande s’il s’agit du commanditaire qui n’a pas apprécié les deux textes ajoutés à la fin. “Si les petits ajouts de dernière minute de Chloé ne sont pas du goût des élus municipaux, ce qui peut tout à fait se comprendre dans le cas d’une commande publique, il aurait été opportun de contacter l’autrice, de lui faire part des réserves émises, qu’elle était tout à fait en mesure de comprendre, et qui l’auraient sans doute conduite à les remplacer, par des textes moins polémiques”, regrette son équipe. “Mais sortir, sans avertissement ni sommation, le rouleau compresseur de la peinture blanche pour oblitération massive pose question. Censure ? Abus de pouvoir ? Irrespect voire mépris pour un travail de commande accompli ? A moins qu’une équipe de nettoyage mal informée ait malencontreusement effacé la fresque, comme c’est arrivé à Banksy à Londres en 2020 ?” s’interroge encore l’éditeur qui indique avoir obtenu un rendez-vous avec la ville le 2 novembre, et espère que cela “permettra de répondre à ces questions et aboutira à des excuses pour le moins légitimes, et à une réparation du préjudice artistique.”
La ville de Champigny a été contactée par la rédaction ce jeudi matin et sa position viendra compléter cet article dès qu’elle aura donné suite.
Quand je vois la qualité des fresques de rue et que je regarde ce….dessin d’enfant ?
Qui a choisit cette personne pour faire ça ?
Remise au blanc.
C’est triste mais c’est vraiment trop moche.
Il y a vraiment vraiment mieux a faire et tant d’excellents artistes qui sont en capacité de produire une oeuvre.
La mairie regrette, et plaide une mauvaise compréhension de la part de l’entreprise mandatée :
https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/effacement-de-la-fresque-de-chloe-wary-a-champigny-une-erreur-dun-prestataire-sexcuse-la-mairie-03-11-2023-VPP33Y62VZCGTNGYHXEEMD6LZQ.php
Les goûts ne se discutent pas. Personnellement je trouve que la fresque était immonde en soi. Mais l’ajout du dernier commentaire décrit était simplement honteux. Bravo à ceux et celles qui ont mis le mur au propre.
Je vois un beau travail. Dommage que la bêtise ambiante ne supporte plus le débat. Tout le monde doit penser pareil sinon on vous efface. Pas une tête ne doit dépasser. Honte à cette municipalité.
Censuré imbécile (pléonasme).
Nous vivons l’époque de la Bienpensance, des conseillers en communication, et de la langue de bois ; il aurait suffit de masquer les deux phrases ‘contestées’, mais non ! Effaçons toute la fresque impie …
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