Fan zones, distribution de places de match et de goodies par milliers, la Seine-Saint-Denis compte bien profiter du Mondial de rugby pour promouvoir ce sport aujourd’hui dix fois moins pratiqué que le foot.
Des T-shirt, des stylos, des gourdes… Siglés “Seine-Saint-Denis, terre de rugby”, 10 000 sacs de goodies ont été distribué ce mercredi dans l’enceinte du stade Henri Wallon, terrain de l’AC Bobigny, à tous les acteurs gravitant autour du tournoi qui débute ce vendredi.
“Changer l’image du département“
4 000 places seront aussi distribuées, dont la moitié pour le match Irlande-Roumanie samedi et 600 environ pour la petite finale le 27 octobre. Coût de l’opération promotionnelle : 200 000 euros. “Nous avons décidé que le département accompagne cet événement parce que ça contribue à changer l’image de la Seine-Saint-Denis“, défend Stéphane Troussel, le président PS du département.
“L’idée est de récompenser tous les acteurs qui s’impliquent dans cette coupe du monde par des projets dans les quartiers“, souligne Sébastien Andréani qui a coordonné l’opération au sein du service des sports. “Donc des clubs de rugby du territoire, certains collèges, des écoles, des associations…Il s’agit aussi de faire vivre l’événement à des personnes qui sont dans des situations difficiles comme les jeunes de l’aide sociale à l’enfance.”
5 fans zones en ville
Cinq villes recevront aussi leur quota de billets car elles organisent des “fan zones” avec des écrans géants pour retransmettre les matchs : Livry-Gargan, Tremblay, Noisy-le-Grand, Pantin et Saint-Denis où un “village rugby” a été installé sur la place de la Basilique.
“C’est la première fois que l’on fait ça“, commente Patrick Martin, adjoint aux sports à Tremblay-en-France qui préfère parler de “rendez-vous champêtre” plutôt que de fan zone. “On va installer des écrans au club Terres de France Rugby 93, mais il y a aura aussi des animations pendant toute la ville par des commerçants et des associations.“
Dix fois moins de licenciés en rugby qu’en foot
“On attend 20% de licenciés en plus. Mais tout l’enjeu va être ensuite de fidéliser cet afflux d’arrivées, là où en 2007, beaucoup sont partis deux ans après“, explique Jacques Rivoal, président du groupe d’intérêt public France 2023 qui organise la coupe du monde. “C’est pour cela que l’on a créé un centre de formation des apprentis qui a entraîné 1 400 emplois de jeunes pour absorber l’effet coupe du monde et gérer le développement que l’on espère des clubs“.
En Seine-Saint-Denis, les 3 500 licenciés de rugby sont dix fois moins nombreux que ceux du ballon rond. “On compte de nombreux talents, des joueurs qui se distinguent dans les grands clubs comme le Massy [ndlr, le Rugby Club Massy Essonne] ou le Racing. On a aussi des internationaux comme Yacouba Camara ou Demba Bamba“, relève néanmoins Yassine Kerchouni, le jeune président du Rugby club courneuvien.
“Cette coupe du monde est très attendue pour le spectacle, mais aussi pour le développement de la pratique du rugby. Il faudra sans doute attendre après la compétition, en octobre, pour voir de nouveaux pratiquants arriver“, estime-t-il. “Le rugby a une capacité énorme à fédérer parce qu’il n’y a pas de place pour des identités territoriales fortes entre quartiers ou villes comme dans d’autres sports. À La Courneuve, on a des gens qui viennent parfois de loin. Cela crée donc un espace de mixité sociale et c’est un sport très formateur pour le respect des règles, les valeurs du collectif“, poursuit-il. Dans son club, développé avec le RC Drancy, l’attractivité du rugby est d’ailleurs surtout portée par les sections féminines avec une vingtaine de nouvelles licences enregistrées en 2022.
Répétition générale avant les JO
Pour Stéphane Troussel, ce mondial de rugby représente aussi une sorte de “répétition générale” avant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Au-delà de la campagne de communication, le département de Seine-Saint-Denis fait aussi le pari du rugby pour développer la pratique du sport. Un engagement qui se décline au travers du partenariat avec la Fédération française de rugby pour restructurer le stade Montbrand à Pantin et la création de quatre nouveaux terrains de rugby au parc des sports de Marville.
Depuis 2022, la collectivité indique avoir financé 29 projets autour du rugby comme l’organisation de tournois interclasses et inter-collèges, des sessions de découverte du rugby dans les quartiers politique de la ville, et encore du rugby inclusif comme l’expérimentation d’un jeu, “les Extra’ordinaires”, permettant à des jeunes en situation de handicap mental de jouer avec des jeunes adultes licenciés dans un club.
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