Alors que le nombre de familles avec enfants se tassant dans des chambres d’hôtel ou autres hébergements précaires ne cesse d’augmenter, La Halte fontenaysienne s’apprête à ouvrir une “Maison des familles” pour leur permettre de se poser dans la journée. Rencontre avec l’association.
“Plusieurs milliers d’enfants à la rue : quand cela va-t-il s’arrêter ?” questionnait le Collectif des associations unies il y a quelques jours, après avoir recensé 2 822 enfants restés dans solution d’hébergement suite à la demande de leur famille au 115, dans la nuit du 2 octobre, sans même compter les non-recours. Pour celles qui trouvent un abri, le mal-logement est aussi souvent de mise, avec des familles qui se retrouvent dans des chambres d’hôtels ou chez un proche, sans espace de vie.
De plus en plus de familles
C’est cet espace manquant que la Halte fontenaysienne a décidé de proposer. L’association, qui existe depuis une trentaine d’années, propose déjà de l’accueil de jour aux personnes sans domicile fixe, et souhaitait disposer d’un lieu dédié pour les familles. “Le matin, nous pouvons recevoir jusqu’à 80 personnes, surtout des gens seuls en errance. Les familles en précarité d’hébergement évitaient de venir car elles ne se sentaient pas sécurisées et les travailleurs sociaux étaient déjà très sollicités“, contextualise Christelle Perrin, conseillère en économie sociale et familiale. En 2020, l’association a donc instauré des matinées distinctes pour parents et enfants. Parallèlement, La Halte fontenaysienne a aussi constaté l’augmentation du nombre de familles, et souhaité répondre dans un lieu dédié.
Un accueil de jour pour cuisiner, faire sa lessive, se poser, reprendre confiance
“Nous voulions écouter les besoins et les aspirations de ces personnes, essentiellement des mères isolées, explique Nathalie Kauffmann, responsable du futur lieu, citant les effets néfastes d’un hébergement précaire sur le développement des enfants et les liens d’attachement familiaux, documentés notamment dans le rapport Grandir sans chez soi de l’Unicef et du Samu Social. “Il leur manque de quoi cuisiner, stocker de la nourriture, laver et sécher le linge. Les enfants sont contraints de vivre à plusieurs dans 9m2“, liste-t-elle.
Réfléchi depuis début 2022, avec une vingtaine de parents solo vivant à l’hôtel ou chez des tiers, le projet de maison des familles s’est concrétisé dans un pavillon de 120 m2 au 31 rue Saint-Germain, d’où son nom : “Le 31”. Un havre situé dans le quartier du village, proche des commerces et des services publics. Le bien a été acheté par Solifap, foncière de la Fondation Abbé Pierre. La Halte fontenaysienne y est locataire, au moins pour les 20 prochaines années, grâce à un bail emphytéotique. L’association a ensuite mandaté un architecte et des bureaux d’étude pour le réaménagement. Outre Solifap, l’investissement a été subventionné par la Dapat (fonds de dotation pour les femmes en difficulté), l’État, la région Île-de-France, le conseil départemental du Val-de-Marne et l’intercommunalité Paris Est Marne & Bois.
Buanderie avec des machines à laver, cuisine solidaire, consigne alimentaire, salle polyvalente, bureau pour l’accompagnement social, cour extérieure… l’espace qui s’apprête à ouvrir début 2024 doit permettre aux familles de cuisiner, entreposer leurs courses, faire leurs lessives, mais aussi se poser pour pour effectuer leurs formalités et travailler à l’après. Car l’accompagnement du “31” n’est pas seulement logistique mais vise à accompagner les familles pour qu’elles reprennent confiance et retrouvent leur autonomie.
Entre 80 et 100 familles attendues
Avant même son ouverture, les travailleurs sociaux ont déjà expérimenté des atelier de socio-esthétique, des sorties culturelles, des ateliers cuisine, des groupes de parole pour aider les familles à aller mieux. “Cuisiner pour mon fils le garde en bonne santé, c’est mon bonheur, témoigne Nour, une mère isolée qui vit dans un hôtel social, dans le document de présentation du projet. Maintenant, je travaille quatre heures par semaine comme aide à domicile, je ne suis plus enfermée à l’hôtel. Mon fils est intégré à l’école, il me donne l’énergie d’avancer dans la vie.”
“Parfois, les personnes ont eu de mauvaises expériences avec les institutions et ne veulent pas entreprendre de démarches pour être aidées. Et puis, progressivement, elles reprennent confiance, et recommencent à traiter leurs courriers”, illustre Nathalie Kauffmann.
À son ouverture, “Le 31” prévoit d’accueillir entre 80 et 100 familles en précarité d’hébergement. Elles seront orientées par les trois Espaces départementaux des solidarités (EDS) du secteur d’intervention de l’association (Le Plessis-Trévise, Le Perreux-sur-Marne et Fontenay-sous-Bois) et les associations partenaires. À terme, et si la montée en charge est financée, la maison des familles de La Halte fontenaysienne prévoit d’accueillir les familles mal-logées de neuf villes (Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois, Le Perreux-sur-Marne, Le Plessis-Trévise, Nogent-sur-Marne, Saint-Mandé, Villiers-sur-Marne et Vincennes).
Hébergement d’urgence
Au-delà de sa vocation principale d’accueil de jour, “Le 31” dispose aussi de cinq appartements (studios et T1) au premier et deuxième étage. Ces hébergements d’urgence seront réservés à des familles monoparentales orientées par le Samu social (SIAO) du Val-de-Marne et la Caisse d’Allocations familiales.
Lire aussi :
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.