Politique | Paris | 16/11
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Le budget de Paris percuté par la crise de l’immobilier

Le budget de Paris percuté par la crise de l’immobilier © AlexanderStein

Ambiance tendue au Conseil de Paris cette semaine, entre un budget plombé par la diminution des taxes payées à chaque transaction immobilière et le voyage à Tahiti de la maire qui n’en finit pas de faire polémique.

Au premier jour du Conseil de Paris, l’exécutif parisien soumettait au débat ses orientations budgétaires pour 2024 avant un vote prévu en décembre. Principal enseignement : après des années d’euphorie hors crise Covid-19, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), autrement appelés “frais de notaire“, chuteront de 295 millions à 1,45 milliard en 2023, sur un total d’environ 6 milliards de recettes fiscales.

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1,8 milliard d’euros de budget

Nous avions déjà anticipé une baisse de 100 millions d’euros“, a expliqué le Premier adjoint Emmanuel Grégoire. “Nous avons à absorber 200 millions de plus“, a-t-il reconnu, tout en rassurant sur les “larges marges de manœuvres financières” de la Ville pour encaisser le choc.

Pour 2024, la majorité considère donc que la situation financière n’impose “ni de faire un plan d’économies, ni de ralentir le rythme des investissements” et mise sur l’épargne brute, à savoir la différence entre recettes et dépenses de fonctionnement, ainsi que sur l’endettement, pour équilibrer son budget.

L’exécutif prévoit d’investir 1,8 milliard d’euros, un budget en stabilité, principalement dans la lutte contre le réchauffement climatique (aménagements verts, essor du vélo, rénovation thermique des bâtiments), et la poursuite de la construction de logements sociaux, avec pour objectif d’atteindre 25% en 2025.

La situation “n’est pas propre à Paris

Nos dépenses augmentent inéluctablement en raison des crises sociale et écologique (…), des effets de l’inflation et des décisions unilatérales prises par le gouvernement“, a taclé Anne Hidalgo, rappelant que la dotation globale de fonctionnement (DGF) de Paris était “de nouveau égale à zéro“, quand les dépenses de péréquation versées à d’autres collectivités moins bien loties poursuivent, elles, leur augmentation “à 777 millions d’euros“.

Les collectivités devraient être en déficit de plus de 2 milliards et demi cette année“, a abondé le socialiste Rémi Féraud, pour montrer que la situation “n’est pas propre à Paris“.

Rendre publics les voyages des élus

En retour, l’opposition n’a pas ménagé ses critiques. Fustigeant un budget “insincère” ainsi que l'”assommoir fiscal” lié à l’augmentation de 52% de la taxe foncière en 2023, elle a dénoncé une “véritable partie de cache-cache avec la réalité“, selon les mots de Marie-Claire Carrère-Gée (LR/Changer Paris).

Vous avez eu 10 ans pour vous préparer à la disparition de la DGF, décidée par vos amis au gouvernement“, a rappelé l’élue MoDem Maud Gatel, regrettant une “forte augmentation de la dette” avec comme “objectif 10 milliards en 2026“. La majorité table, elle, sur une dette de 9,3 milliards fin 2025.

Les débats budgétaires ont finalement vite rebondi sur le voyage d’Anne Hidalgo dans le Pacifique, critiqué par l’opposition pour son coût de près de 60 000 euros et son bilan carbone. L’inscription à l’ordre du jour d’une délibération visant à “rendre publics les voyages des élus dans l’exercice de leur mandat”, souhaitée par Anne Hidalgo, n’a pas calmé la critique.

Lire aussi : Voyage d’Anne Hidalgo dans le Pacifique : la Ville de Paris répond à la polémique

“Instrumentalisation disproportionnée et dangereuse

Partir trois semaines à Tahiti, c’est surtout abandonner Paris. (…) Au-delà des considérations déontologiques(…) il s’agit là d’une faute vis-à-vis de Paris“, a estimé le conseiller d’opposition Pierre-Yves Bournazel (Horizons).

La cheffe de file de la droite Rachida Dati a dénoncé la “désinvolture” de la maire socialiste qu’elle a interpellée sur ses “notes de frais opaques“. “On sait désormais qu’elles financent votre garde-robe, vos autres voyages injustifiés ne sont qu’un des signes” de cette “désinvolture“, a ajouté Mme Dati. L’élue LR a estimé dans le quotidien Le Parisien mardi que c’était “à la justice de dire la légalité de ce déplacement“. Ce à quoi Anne Hidalgo a répondu en dénonçant un “Datishow“.

Emmanuel Grégoire avait assuré plus tôt que ce voyage était “connu“. “Aucun de ses adjoints, aucun des élus n’ignorait où elle était“, avait-il indiqué en alertant l’opposition de droite sur une “instrumentalisation disproportionnée et dangereuse“.

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