Société | | 02/07/2023
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Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, attaqué à la voiture-bélier

Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, attaqué à la voiture-bélier © Twitter C Bechu

Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, a été attaqué à la voiture-bélier ce dimanche, pour y mettre le feu. Son épouse et l’un de ses enfants ont été blessés. Le point sur l’affaire.

Les faits

Il était 1h30 lorsque les faits se sont produits. Selon l’entourage du maire, les assaillants ont mis le feu à la voiture-bélier mais aussi à celle de la famille, avant d’être mis en fuite par la police et les pompiers, “intervenus “très rapidement”.

Selon le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin, qui a donné un point presse devant le domicile du maire dimanche matin, le véhicule enflammé a pénétré dans l’enceinte du pavillon mais a été arrêté par un muret avant d’atteindre la véranda. Seul le portail d’entrée a donc été touché ainsi que la voiture familiale.

“Les premières constatations nous laissent présumer que le véhicule a été lancé pour brûler le pavillon”, a souligné le procureur, faisant valoir qu‘”un accélérant a été découvert dans une bouteille de coca” sur les lieux.

L’édile était absent, en mairie pour la troisième nuit consécutive, mais son épouse, la conseillère départementale Mélanie Nowac, et ses deux jeunes enfants de 5 et 7 ans étaient sur place. Ils ont dû prendre la fuite par le jardin. C’est en s’échappant de la maison que son épouse s’est blessée au tibia. Elle a été hospitalisée et opérée dans la journée, et n epourra pas marcher pendant trois mois, a indiqué le maire. Sa fille s’est pour sa part fendue l’arcade sourcilière.

Lire aussi : L’Haÿ-les-Roses : trois nuits de feu et des équipements publics ravagés

Réactions politiques unanimes

“Un cap a été franchi dans l’horreur et l’ignominie“, a réagi le maire sur Twitter, dimanche tôt dans la matinée, qualifiant cette attaque de “tentative d’assassinat d’une lâcheté inqualifiable.”

Très rapidement, les réactions de condamnation de l’attaque et de soutien au maire se sont succédé de la part des élus, d’abord locaux puis nationaux.

“Nous condamnons très fermement l’agression dont Vincent Jeanbrun , maire de L’Haÿ-les-roses, et sa famille ont été victimes et l’assurons de notre soutien en cette circonstance. Cela est intolérable. Nous attendons que les agresseurs soient poursuivis et condamnés avec toute la rigueur de la loi”, a d’abord condamné Olivier Lafaye (Renaissance) au nom du groupe d’opposition municipal Reveillons L’Hay.

“Atterré•es et révolté•es par cette attaque inqualifiable sinon d’affirmer l’évidente volonté de tuer, je te témoigne la pleine solidarité et le total soutien des écologistes du département”, a également réagi sur twitter Nadine Herrati, cosecrétaire départementale de EELV.

De nombreux autres élus locaux et partis de tous bords ont également apporté leur soutien.

Le président de l’Association des maires de France (AMF) a invité maires et citoyens à se rassembler sur le parvis de toutes les mairies de France, qui feront sonner leur sirènes ce lundi midi, après l’attaque à L’Haÿ-les-Roses.

L’association des maires du Val-de-Marne et le conseil départemental ont aussi appelé à un rassemblement devant l’hôtel du département à 14h30.

Lire : Val-de-Marne : rassemblement des élus devant la préfecture

Au niveau national, les soutiens ont aussi afflué, de Eric Ciotti, président des Républicains, à Marine Tondelier (EELV) ou Jean-Luc Mélenchon (LFI), en passant par Valérie Pécresse, présidente de la région, proche du maire, des présidents du Sénat et de l’Assembée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, ou encore les ministres. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, le chef des Insoumis a dit sur Twitter “partage(r) l’effroi de la famille Jeanbrun”.

Quatre ministres sur place

“Nous ne laisserons rien passer. Nous serons aux côtés des maires”, a pour sa part réagi la Première ministre. Elisabeth Borne s’est rendue sur place avec Gerald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Christophe Béchu, ministre de la Cohésion des territoires, et Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales. Les ministres ont aussi constaté les dégâts dans les équipements publics de la ville. Valérie Pécresse s’est également rendue sur place.

Des habitants sous le choc

Les habitants, eux, sont sous le choc. “Une ligne rouge a été franchie”, déplore Dorin, un Roumain de 38 ans qui vit à 200 m des lieux avec sa famille, qui n’a pas souhaité donner son patronyme par peur des “représailles”.

Dimanche matin, la rue du domicile de l’élu est bloquée par la police : journalistes français et étrangers se pressent au carrefour, au milieu des joggeurs et des habitants qui vont acheter leur pain à la boulangerie voisine.

Certains s’arrêtent et prennent des photos. D’autres vont aux nouvelles, surpris de l’attroupement inhabituel qui s’est constitué dans ce quartier résidentiel d’où l’on aperçoit les tours de la cité voisine.

Johanna et ses trois enfants habitent la maison à l’angle de la rue. Cette nuit, elle a senti de la fumée et entendu “des bruits de pétards”: “Je n’ai pas oser ouvrir la fenêtre, j’avais peur”.

À l’arrivée de la police, cette enseignante de 42 ans, qui a requis l’anonymat, s’est aventurée sur son balcon pour filmer la scène. Les images qui défilent sur l’écran de son téléphone portable, que l’AFP a pu voir, montrent un important incendie devant une habitation. “Cela fait peur”, insiste-t-elle.

“C’est incompréhensible”, estime Johanna sur le pas de sa porte. “Il y a eu un drame” avec la mort de Nahel, cet adolescent de 17 ans tué mardi par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, à l’origine de cinq nuits de violentes émeutes dans de nombreuses villes du pays. “Mais le policier est mis en examen (et écroué, ndlr), je ne comprends pas que ça continue”, déplore-t-elle.

Frédéric Goulet, un directeur financier de 50 ans, passe en courant par les petites rues arborées du quartier. C’est l’heure de son footing dominical. Il s’est arrêté au carrefour et prend quelques photos. 

“Ce n’est pas normal, c’est le monde à l’envers !”, lâche-t-il, “j’espère qu’ils (les auteurs) seront attrapés”

Brigitte Saillard, 65 ans, est venue garder ses petites-filles et se désole des destructions. Pour elle aussi il est “inadmissible” de “s’en prendre aux maisons, aux voitures: est-ce nécessaire ?”, interroge cette retraitée de Vitry. 

“On est tous choqués par la mort” de Nahel, “mais brûler des marchés, des bibliothèques, ce n’est pas la solution”

“On est tous choqués par la mort” de Nahel, “mais brûler des marchés, des bibliothèques, ce n’est pas la solution”, abonde non loin de là Taoufik Aayay, 49 ans.

Lui habite dans une rue adjacente et cette nuit, il a entendu “des sirènes et des explosions”. Il a appris ce qui s’était passé “à la télévision” au matin et il est depuis “en colère contre les gens qui ont fait ça”. 

Le parquet de Créteil ouvre une enquête

Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour tentative d’assassinat, confiée au service départemental de la police judiciaire. La “qualification de tentative d’assassinat a été choisie par le parquet”, et “tout sera mis en œuvre pour confondre les auteurs et les traduire devant la justice”, a insisté e procureur.

Article actualisé à 10 heures ce lundi 3 juillet

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