Une plainte déposée contre le bailleur social Paris Habitat, accusé de prise illégale d’intérêts et détournements de fonds publics notamment, est en cours d’analyse, a indiqué vendredi une source judiciaire, confirmant une information du Figaro.
Cette plainte, qui dénonce aussi une association de malfaiteurs et un trafic d’influence passif au sein de l’organisme public, a été reçue le 6 novembre au PNF et déposée par deux syndicalistes, désormais révoqués du Comité social et économique (CSE).
“Mes clients, lanceurs d’alerte, ont été témoins dans l’exercice de leur fonction de pratiques frauduleuses”, a déclaré à l’AFP Pierre Farge, avocat des deux syndicalistes (CFDT et SUPAP-FSU).
“Ils ont décidé de dénoncer ces pratiques pour que les logements sociaux profitent réellement aux plus démunis et ne soient pas détournés par des salariés qui gagnent parfois cinq à dix fois plus que le montant demandé pour pouvoir candidater à ces logements”, a poursuivi Me Farge.
Au cœur des accusations : une élue syndicale SUPAP-FSU et présidente de la commission de logements du CSE. Selon la plainte dont l’AFP a eu connaissance, Fatiha O. aurait notamment bénéficié d’un logement cossu dans le Ve arrondissement de Paris dans des “délais records” – “un an après et demi” après sa candidature.
La responsable de l’offre et de l’affectation des logements lui aurait en effet attribué “en priorité” un logement alors qu’elle n’était “pas prioritaire”. Et ce pour, en contrepartie, obtenir “le poste convoité de secrétaire du CSE par le biais de la voix de Fatiha O. et de son influence sur d’autres élus”.
À partir de cette plainte, “les moyens de l’enquête permettront de démontrer l’institutionnalisation du système”, a espéré Me Farge, qui suggère au PNF “de s’intéresser aux logements” de six autres salariés de Paris Habitat.
Au total, outre Paris Habitat, la plainte vise nommément huit responsables. Sollicité, l’adjoint (PCF) au logement à la mairie de Paris, Jacques Baudrier, a balayé les accusations concernant l’attribution du logement, et dit ne pas vouloir commenter les “relations entre syndicats”.
“Après l’élection du CSE, les relations n’ont fait qu’empirer entre les membres de celui-ci, conduisant certains d’entre eux à émettre des accusations mensongères”, a déclaré Eric Pliez, président de Paris Habitat, qui a jugé “parfaitement conforme” l’attribution du logement de Fatiha O.
Paris Habitat a notamment fait valoir avoir été audité par un cabinet indépendant en juillet et être “régulièrement contrôlé par l’Agence Nationale de Contrôle du Logement Social (ANCOLS)”, selon qui “tout est en ordre”.
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