Le Conseil départemental du Val-de-Marne a donné un avis favorable au projet de schéma directeur d’aménagement de la région Île-de-France (Sdrif-E). Ce document, qui s’imposera aux plans locaux d’urbanisme, sanctuarise les terres agricoles de Noiseau pour y empêcher la construction de la prison.
Adopté par le Conseil régional en juillet dernier, le nouveau schéma directeur promet de diviser la consommation foncière de 20 % par décennie tout en accueillant 50 000 nouveaux franciliens chaque année et construisant 70 000 logements annuels.
Il vise également à rééquilibre la zone dense et la Grande Couronne en travaillant sur le polycentrisme plutôt que le tout capitale. Le texte sanctuarise par ailleurs les terrains agricoles et se projette sur un objectif de zéro artificialisation nette (Zan) à l’horizon 2050.
Pour l’État, ce projet de Sdrif-E n’est pas assez ambitieux en termes de logements.
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Sanctuarisation des terres agricoles
Ce lundi, c’était au tour du département du Val-de-Marne de donner son avis sur ce schéma qui va conditionner le devenir de la région sur 20 ans. “En tant qu’élu du plateau briard, je me réjouis que la région exclue toute construction sur les terres agricoles. Ce Sdrif arrive à un moment opportun puisque l’État veut construire une prison à Noiseau, sacrifiant l’avenir professionnel d’un jeune agriculteur. La voix des citoyens doit primer celle de l’administration“, a salué Patrick Farcy, conseiller délégué au patrimoine environnemental et à l’agriculture urbaine et maire de Villecresnes, apparenté UDI.
Dans le département, la bataille contre le projet de prison à Noiseau a, en effet, redoublé, depuis que le projet s’est concrétisé par une première concertation publique.
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L’opposition veut plus de logements et un meilleur rééquilibrage Est-Ouest
Pour le socialiste Samuel Besnard, en revanche, ce Sdrif a été bâti sur un postulat erroné. “La présidente de Région considère et je la cite : que le rééquilibrage à l’est, priorité des dernières années, [serait] désormais une réalité. Nous sommes nombreux en Val-de-Marne à considérer que les fractures et les inégalités entre les territoires de notre région sont bien présentes et, hélas, loin de s’atténuer. (…) La planification régionale, qui s’appuie principalement sur le polycentrisme ne peut pas se traduire par un artefact qui ferait ainsi disparaître le principal objectif : la réduction des inégalités et le rééquilibrage territorial entre l’est et l’ouest.”
Pour l’écologiste Naïga Stefel, ce Sdrif se fait plus vert qu’il ne l’est vraiment. “Ce projet est la perpétuation d’un modèle éculé, reposant sur les mêmes déterminants de croissance, incompatibles avec les exigences écologistes. Face aux alertes sur la disparition de la biodiversité, nous sommes au pied du mur et devrions prendre un virage“.
Pierre Garzon (PCF) a pour sa part insisté sur la pénurie des logements. “Ce Sdrif-E n’est pas au rendez-vous de l’aggravation de cette crise. En Val-de-Marne, nous sommes passés de 70 000 à 100 000 demandeurs de logements sociaux et tout laisse à penser que ça ne va pas s’arrêter là. Sans logement, la situation prend en défaut des milliers de personnes et nous précipite vers des drames familiaux conséquents“.
Tracé de la ligne 18
Daniel Guérin (non inscrit), a lui partagé sa déception sur le volet transport, regrettant de ne pas y voir la limitation à 200 000 mouvements annuels à l’aéroport d’Orly. Il a aussi marqué son désaccord au projet de port industriel d’Haropa à Vigneux-sur-Seine et évoqué le prolongement de la future ligne 18 du Grand Paris Express en Val-de-Marne. “Nous nous battions pour que cette ligne relie l’aéroport d’Orly aux gares d’Orly-Ville, de Villeneuve-le-Roi ou d’Ablon-sur-Seine, sur la ligne du RER C et la gare de Villeneuve-Saint-Georges sur la ligne D. Aujourd’hui, le tracé retenu sur ce Sdrif passe beaucoup plus au sud, en Essonne, en faisant des zig-zag pour rejoindre Crosne et Mongeron”.
“Sauf erreur de ma part, les deux schémas précédents, en 2008 et 2013 ont été adoptés par une majorité d’une autre sensibilité que la nôtre. Les inégalités sociales et territoriales, les demandes de logements que vous avez soulevés ont été produites par les Sdrif de M.Huchon. Sur les ambitions environnementales, nous pouvons toujours aller plus loin, mais elles seront toujours supérieures aux schémas d’avant“, a réagi le président du département, Olivier Capitanio.
Sur le volet des transports, le président du conseil départemental du Val-de-Marne estime que le projet est suffisamment ambitieux. “Nous ne devons pas avoir lu le même projet. Il y a 71 projets nouveaux en matière de transport dont un tiers dans notre département. (…) Par ailleurs, sur la ligne 18, j’ai le plaisir de vous dire que l’extension est bien prévue jusqu’à Montgeron. C’est le premier sujet que j’ai évoqué lors de ma prise de fonction avec mon homologue de l’Essonne, M.Durovray. Nous avons demandé une extension jusqu’à la ligne de RER A à Boissy-Saint-Léger. Nous avons vu le préfet de région la semaine dernière sur le sujet. Des études doivent être confiées à la Société du Grand Paris“.
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