Transition numérique et écologique

La plate-forme de vente en ligne du MIN de Rungis monte en puissance

Centre névralgique de la distribution de produits frais, le MIN de Rungis opère lentement mais sûrement sa révolution numérique. Sa plate-forme de vente en ligne, Rungismarket, travaille désormais avec 75 grossistes sur les 700, et sert environ 1 500 clients, chiffre Simon Bussy, cofondateur de Califrais, startup qui exploite le portail dans le cadre d’un groupement avec le logisticien Stef et l’agence Webhelp. Profil des clients : de la restauration indépendante, des traiteurs, des détaillants type primeurs et encore des bouchers, poissonniers, supérettes… Pour acheter sur la plateforme, il suffit d’avoir un numéro de Siret. L’offre, elle, correspond à tous les types de produit du MIN sauf les fleurs, sur différents niveaux de gamme. “Le panier moyen est d’environ 500 euros, indique Simon Bussy. Mais nous avons de nouveaux grands comptes qui changent la donne, comme de groupements de restaurants par exemple.”

Logistique complexe et monceaux de données

Derrière les commandes, c’est une logistique complexe qui se met en œuvre, pour livrer tous les clients. C’est aussi une montagne de données sur les commandes, précieuses pour produire des statistiques et faire des projections. Avec un échantillon de plus de 10% des grossistes du marché, l’observatoire constitué par la marketplace permet même d’anticiper à une plus grosse échelle. L’enjeu est double : optimiser la logistique du transport d’une part, limiter le gaspillage des invendus d’autre part. “Beaucoup de de camions quittent Rungis à moitié vide aujourd’hui”, observe Simon Bussy.

Un projet de recherche pour économiser des camions et chasser le gaspillage alimentaire

C’est dans ce contexte que son entreprise a répondu à un appel à projets de l’Ademe (agence de la transition écologique) en partenariat avec des chercheurs de Sorbonne Université, le CNRS, l’Université Paris Cité, et le Laboratoire de Probabilités Statistique et Modélisation (LPSM), pour traiter ces monceaux de données en s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour prédire l’évolution de la demande et des prix sur des milliers de produits, gérer l’inventaire des denrées périssables de chaque grossiste, en modélisant l’ensemble des contraintes. “Avoir les bons produits au bon moment permet d’optimiser les profits, de minimiser le gaspillage alimentaire et de réduire le nombre de camions et donc d’émission de CO2”, démontre Simon Bussy. “Notre objectif sur cinq ans est d’économiser 110 000 tonnes de CO2 et 70 000 tonnes de gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, sur le MIN, 60 000 tonnes de marchandise sont jetées faute d’optimisation chaque année.” Cela permettra-t-il toujours de donner des invendus aux associations d’aide alimentaire ? “Cela permettra de donner plus en amont si l’on sait d’avance qu’il ne sert à rien d’attendre le dernier jour”, explique le directeur de la market place.

Éviter de transiter par Rungis quand ce n’est pas nécessaire

Lauréat de l’appel à projet, avec à la clef une aide de 2,1 millions d’euros, la startup entend aussi travailler au-delà du seul MIN de Rungis, alors que la France compte 22 Marchés d’Intérêt National (MIN). Est-il nécessaire, en effet, de faire venir des fruits et légumes de Perpignan pour les faire repartir à Lyon ? “Aujourd’hui, ces flux ne sont pas optimisés”, insiste Simon Bussy.

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