Education | Ile-de-France | 18/01/2023
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Les chiffres de la rentrée des classes 2023 en Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne

Les chiffres de la rentrée des classes 2023 en Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne © Fb

L’Académie de Créteil anticipe une poussée démographique dans les écoles maternelles et élémentaires de Seine-et-Marne pour la rentrée 2023 et une baisse dans ses deux départements de petite couronne, et compte ajuster les effectifs en conséquence. Dans le secondaire, priorité sera donnée à la voie professionnelle. Chiffres, explications du recteur, Daniel Auverlot, et réactions des syndicats.

“Plutôt que de parler de cette rentrée, prenons plus de champ. Savez-vous de combien est-ce que le budget de l’Académie a augmenté depuis 2017 ?  De 700 000 euros. C’est dire l’effort de l’Éducation nationale. Tout cela est à mettre en perspective avec ceux qui prétendent que l’on perd des postes”, démarre Daniel Auverlot, recteur de l’Académie de Créteil, qui donnait ce lundi après-midi une conférence de presse pour éclairer les chiffres de la rentrée. Le matin même, l’ensemble des syndicats du premier et du second degré réunis en comité académique avaient voté contre la nouvelle carte scolaire à l’unanimité.

Depuis 2017, l’Académie a, de fait, gagné 3 794 postes, notamment pour dédoubler les classes de CP et CE1 en réseau d’éducation prioritaire. Mais, après une forte augmentation du nombre d’élèves nés au début des années 2000, les effectifs sont en diminution et les moyens ont été ajustés en conséquence. En 2023, ce sont 135 moyens supplémentaires, dont 65 en primaire et 70 dans le secondaire, qui sont annoncés au total pour l’Académie qui couvre les trois départements du Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne.

Postes supplémentaires par an dans l’Académie

Années2017201820192020202120222023
Postes sur l’ensemble de l’Académie1310804632345393310135

Ces chiffres sont bien sûr à rapporter au nombre total d’élèves et d’enseignants de l’Académie, à savoir un peu plus de 900 000 élèves et de 65 000 profs, de la maternelle au lycée.

Premier degré : cap sur la Seine-et-Marne

Pour 2023 donc, c’est la Seine-et-Marne qui bénéficiera des postes supplémentaires. “L’Insee nous dit que la population en Île-de-France augmente mais les familles avec de jeunes enfants semblent privilégier la Seine-et-Marne. C’est là-bas que l’on attend une augmentation du nombre d’élèves dans les classes quand nous estimons que le Val-de-Marne va en perdre 2000 et la Seine-Saint-Denis 1500. Il faut également aider les communes rurales à se maintenir, motive le recteur. Voilà pourquoi nous avons décidé d’accorder tous les moyens supplémentaires au département de grande couronne. Cela dit, comme nous ne supprimons pas de postes en petite couronne et que le nombre d’élèves baisse, le taux d’encadrement prévisionnel y est en hausse.”

Ci-dessous les chiffres attendus dans le premier degré (maternelles et élémentaires)

DépartementsNombre d’élèves attendusNombre de professeurs attendus
pour 100 élèves (P/E)
Seine-et-Marne155 6685,52 (+0,05)
Seine-Saint-Denis184 7436,56 (+0,06)
Val-de-Marne131 5445,88 (+0,09)
Académie471 9556,02 (+0,06)

Cette marge de manœuvre doit permettre de nouvelles ouvertures de classes Ulis (classes d’inclusion pour élèves porteurs de handicap) ainsi que la poursuite du dédoublement des classes de grande section en secteur d’éducation prioritaire.

Quid de l’accompagnement des élèves porteurs de handicap ?

Alors que l’un des grands problèmes récurrents de l’Académie est l’accueil des élèves porteurs de handicap, faute d’assistants dédiés (les AESH, accompagnants des élèves en situation de handicap) par rapport au nombre de notifications délivrées par les maisons départementales du handicap (MDPH), le recteur a par ailleurs indiqué que 2800 équivalents temps plein (représentés par 4 000 personnes) sont prévus et que des négociations sur des revalorisations de salaire sont en cours au niveau national. Il y a quelques jours, une mère d’élève a gagné en justice car son enfant n’avait pas pu bénéficier du nombre d’heures d’AESH qui lui avaient été prescrites.

Lire : Accompagnement du handicap à l’école : une mère d’élève gagne en justice à Rosny-sous-Bois

Dans l’Académie, le problème est structurel en raison de la faible attractivité des postes AESH, qui ne portent pas sur un temps plein et sont donc considérés comme précaires, et de la forte augmentation des notifications depuis quelques années.

Lire : AESH en Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis : pourquoi l’accompagnement des élèves avec handicap reste désespérément sous-dimensionné

Les syndicats s’inquiètent des moyens effectifs, au-delà des projections

Pour les syndicats du premier degré, le compte n’y est pas. “L’année dernière, nous avions une dotation de 50 postes supplémentaires dans le Val-de-Marne, et pourtant, cela s’était traduit par 163 projets de fermetures de classes (et 108 ouvertures, NDLR) lors des annonces de la carte scolaire en février. Une école sur quatre était concernée. Alors, quand cette année on nous annonce zéro poste supplémentaire, cela n’augure rien de bon. Nous nous attendons notamment à une saignée dans les écoles maternelles, déplore Luc Bénizeau pour Snudi-FO Val-de-Marne. De plus, nous déplorons les annonces en nombre de postes. Ce qui importe, ce sont des moyens humains mis face à ces postes. Or, l’administration à de plus en plus recours aux contractuels et aux étudiants, et non à des enseignants titulaires pour assurer les cours.”

De son côté, le Snuipp-FSU 94 dénonce dans un communiqué “la fin de la priorité donnée au primaire“. “L’ensemble de cette maigre dotation supplémentaire est affectée au 77. Cela créera à n’en pas douter des situations difficiles pour les écoles du 94 et dans tous les cas, les moyens ne seront pas à la hauteur des besoins. D’autant qu’en l’absence d’une revalorisation ambitieuse et d’un plan d’urgence pour l’école, la crise du recrutement risque de créer encore plus d’incertitude“, estime le syndicat.

Second degré : priorité à la voie pro et aux nouveaux établissements

Pour les collèges et les lycées, l’Académie s’attend à accueillir près de 1300 élèves en plus dans les 3 départements, qui se partageront 70 nouveaux postes. Ceux-ci se répartiront entre 31 pour les collèges et 39 pour les lycées.

Ci-dessous la répartition des nouveaux moyens dans les collèges.

DépartementsNombre de collégiens attendusRépartition des équivalent-temps-plein (ETP) supplémentairesNombre d’heures hebdomadaires d’enseignement rapporté au nombre d’élèves (H/E)
Seine-et-Marne74 316+91,27
Seine-Saint-Denis77 890+41,39
Val-de-Marne56 028+181,27
Académie208 234+311,32

Au lycée, les 39 nouveaux postes seront affectés à la voie professionnelle, avec 45 ETP (équivalent-temps-plein) supplémentaires, contre 6 en moins en voie générale. Un moyen d’adresser “un signe” aux enseignants “qu’il s’agit d’une voie d’excellence et de réussite”, défend le recteur. “Nous devons aussi accompagner ces établissements vers lesquels les orientations de jeunes augmentent.”

Ci-dessous la répartition des nouveaux moyens dans les lycées.

DépartementsNombre de lycéens attendusRépartition des équivalent-temps-plein (ETP) supplémentairesNombre d’heures hebdomadaires d’enseignement rapporté au nombre d’élèves (H/E)
Voie professionnelle45 189+452,10
Voie générale et technologique118 018-61,47
Total371 441+391,46

Au-delà, les affectations cibleront également les nouveaux établissements, avec un nouveau lycée à Vincennes et quatre nouveaux collèges.

Les syndicats craignent une sous-estimation des effectifs

Du côté syndical, on s’inquiète d’une sous-estimation des effectifs. “L’année dernière, il y a eu des grèves importantes dans les collèges parce que l’Académie avait sous-estimé les effectifs. Nous avons encaissé dans le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis 971 et 925 élèves supplémentaires, soit l’équivalent de deux établissements, à moyens constants, se souvient Catherine Quiniou, élue Snes-FSU au niveau académique. Les annonces de la future carte scolaire s’apparentent donc plutôt à un rattrapage par rapport aux manquements de l’année dernière. Le recteur s’enorgueillit de ne pas supprimer de poste comme c’est le cas dans d’autres académies, mais il ne fait que nous donner ce qui aurait dû l’être l’an dernier”.

L’élue regrette par ailleurs la perte de 6 postes dans l’enseignement général. “Le taux d’encadrement prévisionnel varie d’un dixième à peine, mais cela se traduit immédiatement par des élèves en plus dans les classes, et moins d’heures de cours.”

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