Soutien scolaire, loisirs, solidarités… Véritable ruche, le centre socioculturel de La Lutèce accueille un millier de familles chaque année à Valenton, dans un des quartiers les plus pauvres de la région. Confronté à une baisse chronique de ses moyens, le centre a profité de la venue du ministre de la Ville et de la Première dame ce vendredi pour exposer sa situation.
Derrière la façade austère de ce bâtiment gris situé à l’entrée de ce quartier sorti de terre entre 1959 et 1970, trois générations se côtoient. Au rez-de-chaussée, des enfants participent à des activités d’éveil et bénéficient d’aide aux devoirs. À l’étage, un groupe de femmes kurdes apprend les bases du français avec un animateur et des bénévoles. Dans une salle un peu plus grande, se tient l’atelier couture. Autant d’activités pensées par les salariés et bénévoles, pour la population de ce quartier paupérisé mais très jeune. 34% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, 18% sont au chômage. “Ici, c’est une sorte de seconde maison. Nous ne savons pas toujours comment aider nos enfants pour l’école ou les distraire. On y apprend énormément de choses“, résume une mère de famille.
Pour fonctionner, le centre dépend largement de ses subventions. Les cotisations des 400 adhérents ne couvrent en effet que 2% des frais. Le reste est financé par des partenaires institutionnels comme l’agence de la cohésion territoriale, la préfecture du Val-de-Marne, le conseil départemental, la municipalité de Valenton, la caisse d’allocation familiale (Caf), la Prévention retraite en Ile-de-France (Prif), l’Apes développement social et urbain ou encore l’Assurance retraite. Mais depuis plusieurs années, le voulme des subventions ne suit plus. “Quand j’ai pris mes fonctions à la direction du centre socio-culturel voilà dix ans, nous avions un budget d’environ 500 000 euros. Nous avons perdu 110 000 euros au fil des ans. Nos équipes sont surinvesties pour tenter le maintenir la qualité du service malgré l’amenuisement de nos moyens mais j’ignore comment nous allons nous en sortir”, explique Sébastien Gardella, le directeur, soutenu par la présidente, Odile Grosgeorge, qui partage ce constat.
Quelques espoirs après une visite ministérielle
Alors qu’Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement et Brigitte Macron, sont venus échanger avec les usagers, les professionnels et les bénévoles ce vendredi, la présidente du centre a livré ses inquiétudes. “Nous avons des difficultés financières. En deux ans, l’État nous a enlevé 68 000 euros. Nous avons 6 salariés. Si nous pouvions recruter deux postes supplémentaires, cela nous éviterait une réorganisation des activités”. En réponse, le ministre a proposé aux responsables de rencontrer les services de la préfecture du Val-de-Marne et de la Caf pour tenter de trouver une solution.
Logement social, désert médical : les préoccupations des habitants
Autour de la Première dame, la discussion s’est ensuite engagée à bâtons rompus. “Posez-nous les questions que vous voulez”, a encouragé Brigitte Macron aux plusieurs dizaines d’habitants du quartier. Plusieurs femmes prennent tour à tour la parole. “Nos enfants ont grandi ici et avec les travaux, j’ai peur que nous ne devions partir. Je regrette que dans les nouvelles constructions prévues, il y ait peu de F4, F5 et plus. Il y a beaucoup de familles nombreuses ici. Parfois, l’option de relogement proposée est plus chère“, témoigne une mère de famille nombreuse. Metin Yavuz, maire de Valenton, justifie pour sa part les démolitions, rappelant les nombreux constats d’insalubrité, tout en se faisant rassurant sur les relogements. Le ministre, ancien président de l’agence nationale du renouvellement urbain (ANRU), tempère lui aussi. “Un projet de renouvellement ne peut se faire qu’avec les habitants. Et puis il existe la minoration du loyer pour les foyers contraints de déménager, afin de couvrir l’écart des loyers pratiqués“. Un habitant se plaint, lui, de la durée d’attente pour obtenir un logement social. “Huit ans que j’attends et toujours rien, c’est très long”. Une habitante enchaîne sur le manque de médecins traitants et les praticiens qui refusent de prendre de nouveaux patients. Face à ce désert médical, le maire rappelle l’ouverture prochaine d’une maison de santé pour donner un peu d’oxygène.
D’un côté explosion des dividendes auprès des spéculateurs boursiers, de l’autre baisse des subventions pour les plus modestes … et en plus l’inflation !
“Prenez rendez-vous avec la préfecture” …
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