En attendant l’ouverture du collège Desroche-Noblecourt en 2024, le nouveau lycée Marianne accueille les élèves de l’ex-cité Brassens de Villeneuve-le-Roi depuis ce printemps. L’enthousiasme des élèves est unanime, tout comme celui des élus. Ce qui n’a pas empêché quelques passes d’armes lors de l’inauguration.
C’est un gros ouf de soulagement pour tous les élèves du lycée Brassens (désormais rebaptisé Marianne) de Villeneuve-le-Roi. Après plusieurs années passées dans un préfabriqué en attendant la reconstruction de leur établissement, ils ont emménagé dans un lycée tout neuf, reconstruit au même endroit, au lendemain des vacances de printemps.
“Quand nous sommes entrés ici la première fois, ça a été un choc. C’est beau, silencieux, spacieux, nous avons plein de nouveaux équipements numériques que nous n’avions pas jusque-là, une cantine agréable, des nouveaux locaux. Nous en sommes très fiers“, explique Razane, vice-présidente de la maison des lycéens (MDL), l’association qui gère le foyer. Les mois passés dans les préfabriqués ont marqué les élèves. “Pas de climatisation l’été, trop froid l’hiver, des salles de classe où nous étions à l’étroit et le bruit des avions qui couvre la voix des profs. C’était difficile“, relate Teano, un élève de seconde. “Ça me faisait penser à un hall d’aéroport. Les salles étaient fermées pendant les intercours, il n’y avait pas de lieu où se réunir. Les derniers mois, c’était compliqué parce que les toilettes des garçons étaient inutilisables, alors nous devions les partager“, glisse Seirine, une autre élève de la MDL.
“Avant, quand j’avais une ou plusieurs heures de coupure, je préférais rentrer chez moi. Maintenant, il y a beaucoup de salles à disposition et à proximité pour se poser avec des amis“, témoigne un lycéen de première. Dessiné par TOA Architectes, le lycée reconnecte les espaces. “Ce nouveau bâtiment recréé de la sociabilité, constate Guillaume Beaulande, professeur documentaliste, qui a vu rappliquer les élèves au centre de documentation et d’information (CDI). Je retrouve ici de nombreux élèves qui n’avaient jamais mis les pieds dans nos locaux précédents car ils étaient situés à 800 mètres des salles de classes.”
Désormais, les salles sont aussi dotées d’écrans numériques. “Avant, il fallait se contenter des quelques rétroprojecteurs encore en état de marche“, relève un lycéen.
“C’est une grande réussite architecturale qui a un effet apaisant sur le climat scolaire en contribuant à la qualité de vie des élèves et au confort de travail du personnel, se félicite encore le proviseur, Christophe Mondiès. Et nous avons pu adapter la surface des salles en cours de route puisque la réforme du lycée avec les enseignements de spécialité en groupe plus restreints est entrée en vigueur“.
Un lycée qui revient de loin
Un enthousiasme à la hauteur des années d’attente. Car, au-delà des quatre ans de travaux durant lesquels il a fallu patienter dans un préfabriqué, de longues années ont été nécessaires pour budgéter puis s’accorder sur l’emplacement du lycée reconstruit. L’ancienne majorité régionale avait, en effet, fini par décider d’une reconstruction à Orly, option remise en cause en 2015. Pendant ce temps, l’ancien établissement tombait en petits morceaux, avec des murs s’effritant régulièrement, des marches d’escaliers usés et des faux-plafonds en fin de vie. Fin 2027, la découverte d’un flocage amianté dans un morceau de faux-plafond avait achevé de pourrir l’ambiance, donnant lieu à un long droit de retrait.
Les 6 000 m2 de nouveaux bâtiments ont été livrés suite au curage et la démolition des deux bâtiments vétustes préexistants, mais la structure originelle du complexe bâti dans les 1960 a été conservée. Au total, le lycée qui a coûté 80,6 millions d’euros offre 52 salles de classes, un garage à vélo de 240 places, un amphithéâtre de 200 places. La cour couverte de 800 m2 est son centre névralgique. Un pôle restauration se trouve à l’arrière de l’emprise et s’étale sur 1250 m2 pour accueillir chaque jour environ 400 élèves. Le conseil régional, maître d’ouvrage du lycée, promet un bâtiment “zéro nuisance sonores” et écoresponsable avec des terrasses végétalisées, des pare-soleils inclinables pour réguler la température. D’ici à la fin de l’année, les préfabriqués seront restitués à la région qui lancera l’ultime phase de travaux consacrée à la réhabilitation des équipements sportifs, avec notamment un dojo.
“L’histoire de ce lycée est une épopée. D’abord, il y a eu un long délitement. Longtemps, le lycée Brassens a été oublié. Les pétitions et les démarches n’y faisaient rien. Pour faire parler Brassens : le temps ne faisait rien à l’affaire. Nous sommes arrivés à un tel état de délabrement qu’on l’a parfois qualifié de maudit“, évoque le maire de Villeneuve-le-Roi, Didier Gonzales (LR), qui était farouchement opposé à une reconstruction à Orly, telle que proposée par l’ancienne majorité de gauche. “C’était l’un des dossiers prioritaires. Il nous a fallu sept ans pour parvenir à ce résultat. C’est un chantier qui nous a beaucoup appris. D’une part, il confirme l’intérêt de ne pas faire de chantiers en site occupé. D’autre part, nous pouvons à présent accomplir des miracles en termes d’isolation phonique“. Daniel Auverlot, recteur de l’Académie de Créteil, a rappelé pour sa part combien ces ennuis en cascade avaient émaillé sa prise de fonction. “Aujourd’hui, être élève de ce lycée est une chance, avant ça ne l’était pas“.
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Louis Boyard, l’ancien lycéen devenu député
Le duel droite-gauche sous-jacent au dossier du lycée Brassens a refait surface lors de l’inauguration, avec la venue du député insoumis Louis Boyard, ex-élève du lycéen Brassens il y a quelques années, à l’époque porte-parole de l’Union nationale lycéenne. “Si même ceux qui n’ont pas participé au financement viennent !“, a lâché Valérie Pécresse, président LR de la région, tandis que le jeune député se glissait au centre de la photo. “C’est le plus beau jour de mon mandat. Il n’y a rien à dire sur la qualité des travaux réalisés. En revanche, il est scandaleux que les élus s’approprient cette réussite. Au départ, ils ne voulaient pas en entendre parler. Ils ont refusé de nous écouter quand nous leur parlions de l’amiante. C’est grâce à la mobilisation, pendant de longs mois, des élèves et des enseignants que l’on a obtenu ce nouveau lycée“, a réagi le député, dénonçant une mascarade.
Passe d’armes sur l’amiante
“En France, vous avez 60 millions de sélectionneurs qui ont leur avis sur la façon dont devrait jouer l’équipe de France. Avec l’amiante c’est pareil. Il y a des milliers d’experts“, a au contraire taclé Didier Gonzales. “J’ai le souvenir de réunions apocalyptiques avec des acteurs tombés dans l’irrationnel le plus total“, a ajouté le recteur. Le député insoumis, qui tente d’obtenir la création d’une mission parlementaire sur l’amiante, déplore au contraire le manque de considération pour le sujet. “J’ignore si c’est par méconnaissance ou par mauvaise foi mais ils n’ont pas l’air de prendre cette question au sérieux“.
Entre Valérie Pécresse et Louis Boyard, c’est surTwitter que s’est prolongé le débat.
Le collège Desroche-Noblecourt ouvrira à la rentrée 2024
Alors que la cité scolaire Georges Brassens comptait un lycée mais aussi un collège, ce dernier est en cours de reconstruction et devrait faire sa rentrée en septembre 2024. Après consultation des habitants entre quatre noms féminins, celui-ci sera baptisé Christiane Desroche-Noblecourt, premmière femme archéologue.
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Le lycée en images
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