Logements | Ile-de-France | 01/12/2023
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Logement social en Ile-de-France : une demande qui explose face à une offre qui progresse peu

Logement social en Ile-de-France : une demande qui explose face à une offre qui progresse peu

Alors que les prix de l’immobilier ont augmenté de 185% de 2002 à 2020, tandis que la progression des revenus plafonnait à 33%, le nombre de ménages éligibles au logement social en Ile-de-France ne cesse d’augmenter et le nombre de demandeurs sur liste d’attente aussi. Un enjeu crucial pour le développement économique et les conditions de vie des habitants, alerte l’Institut Paris Région dans une étude.

Le niveau des loyers franciliens est ainsi supérieur de 43% à celui observé en Provence-Alpes-Côte d’Azur, deuxième région la plus chère de France métropolitaine. Un renchérissement décorrélé des revenus, qui pousse de plus en plus de ménages vers le parc social, où les loyers sont trois fois inférieurs au parc privé.

542 000 ménages en attente d’un premier logement social

En 2022, 783 000 ménages (1,7 million de personnes), soit 14% des foyers franciliens, ont ainsi fait une demande de logement social, contre 406 000 en 2010, selon l’agence d’urbanisme d’Île-de-France, pour qui “les demandeurs n’ont jamais été aussi nombreux”.

Sur ce total, près de 241 000 ménages sont déjà locataires du parc social et 542 000 sont en attente de leur premier logement social. Parmi ces derniers, la moitié sont aujourd’hui hébergés par des tiers. Au total, 76% des Franciliens sont éligibles à un logement social, selon une étude de l’Institut Paris Région (IPR) publiée ce jeudi.

10% des demandes satisfaites chaque année

Le parc social, lui, ne suit pas le rythme. Au total, la région compte 1,16 million de logements qui accueillent environ 3 millions de personnes. Une population peu renouvelée en raison de la cherté de l’immobilier, rendant difficile la sortie du logement social pour ceux qui en bénéficient.

“Au fil du temps, le parc social a perdu sa vocation transitoire pour devenir un parc d’installation durable. Les résidents y sont en moyenne installés depuis près de 15 ans, une durée deux fois plus longue que les ménages locataires du parc privé et qui se rapproche de plus en plus de celle des propriétaires (18 ans). Cette évolution notable s’explique par la difficulté de plus en plus grande, pour ses occupants, de sortir de ce parc. Dans le parc locatif situé au sein de l’agglomération parisienne, le loyer moyen atteint 1 002 € (pour 53 m²) dans le parc privé, contre 444 € (pour 63 m²) dans le parc social”, détaille l’IPR.

Ainsi, “seule une demande sur dix est satisfaite chaque année” en Île-de-France, du fait de la faible rotation dans le parc social et de l’absence d’alternative accessible dans le parc privé. À Paris, le délai d’attente atteint même 16,2 ans.

Par ailleurs, la taille des logements du parc social, plutôt familiaux, est en décalage avec la demande de T1 ou T2, notamment chez les jeunes.

À défaut de logement social, un logement dégradé

Ce blocage des parcours résidentiels entraîne une augmentation automatique de la suroccupation des logements, tandis que les ménages les plus modestes “sont relégués dans la frange la plus dégradée du parc privé, ce qui participe à la concentration de la pauvreté dans certains territoires”.

Autre problème, si 72% des ménages demandeurs ont des ressources leur permettant de prétendre à un logement très social (PLAI), 40% seulement des logements du parc affichent un niveau de loyer en PLAI.

Alerte sur la baisse des agréments délivrés par l’État

Dans ce contexte, l’IPR plaide pour une meilleure adaptation de l’offre à la demande. “Ces dernières années, le nombre d’agréments de logements sociaux délivrés par l’État est en forte baisse, oscillant entre 20 000 et 23 000 entre 2020 et 2023, au lieu de 36 000 en 2016. Seulement 18 000 étaient attendus en 2023. Comment atteindre les objectifs de construction quand toujours plus de Franciliens s’orientent vers ce parc pour trouver un logement adapté à leurs besoins et à leurs moyens ? Déjà fragilisée par la réduction de loyer de solidarité (RLS), l’inflation et la hausse des taux d’intérêt du Livret A, l’activité des bailleurs sociaux est aujourd’hui affectée par la contraction de l’activité des promoteurs, qui assuraient une part importante de leur développement. Alors que les objectifs de production demeurent élevés, ils sont aussi confrontés à des besoins d’investissement considérables pour poursuivre l’éradication des passoires thermiques de leur parc et mettre en œuvre les projets de renouvellement urbain”, détaille l’Institut pour qui “l’accès au foncier semble plus que jamais être au centre de l’équation.”

Un enjeu social et de développement économique

“Alors que plus de la moitié des demandeurs candidats à l’entrée dans le parc social n’ont pas de logement propre, et qu’il s’agit souvent de jeunes, en emploi, en quête de petits logements, répondre à cette demande est crucial pour accompagner le développement économique de la région et améliorer les conditions de vie de ses habitants actuels et futurs”, insiste l’Institut.

Voir l’étude complète

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