Démissions administratives, mobilisation des étudiants contre des bâtiments délabrés, tribune et pétition de personnels en colère… L’Université Paris Est Créteil (Upec) traverse une zone de turbulence en cette rentrée.
Depuis la rentrée universitaire, les perturbations s’enchaînent à l’université de Créteil. Tout a commencé par une grève massive à la faculté de sport (Staps). De nombreux enseignants ont refusé d’exercer leurs responsabilités administratives, dénonçant une prime jugée inéquitable en fonction des personnels. Un mouvement national, certes, mais les professeurs démissionnaires pointaient aussi les difficultés locales.
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Du côté des étudiants, on alerte sur le délabrement du site Pyramide à Créteil l’Échat, qui accueille les filières science de l’éducation et sciences sociales, la filière Staps et des bureaux administratifs. Privés de chauffage l’hiver dernier, les locaux ont vu la température chuter sous les 10 degrés. Au point que l’université a lancé une procédure judiciaire contre le propriétaire et a trouvé un plan B avec le rectorat : des locaux de repli à Villejuif, ainsi que de l’enseignement en distanciel. Ceci en attendant les futurs bâtiments de 6 0000 m2 construits sur du foncier mis à disposition par la ville. Pour le Collec’tri, nouvelle association étudiante de l’UFR SESS-STAPS, le compte n’y est pas, qui regrette notamment du “distanciel imposé”, tout comme la “délocalisation”.
La semaine dernière, l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-FSU-Sud Éducation a lancé une pétition contre la paupérisation de l’université et annoncé une journée “Upec morte” le 13 octobre avec manifestation depuis la dalle du campus central jusqu’au rectorat. Pour enfoncer le clou, le carnet Academia, qui regroupe des universitaires engagés pour la défense de l’enseignement supérieur, a publié un billet fleuve sur “la faillite de l’Upec“.
Bienvenue à 😍 l’UPEC 😍 tous les nouveaux étudiants ! pic.twitter.com/t8y37g7xtX
— gargamel (@maskrggml) August 28, 2023
“Pas d’autonomie réelle”
Pas de faillite, rassure la présidence, qui reconnaît toutefois les difficultés. “Nous sommes passés en cinq ans, de 37 000 inscrits à plus de 43 000 étudiants. Nous avons une autonomie de gestion, mais les financements dépendent de l’Etat et c’est le rectorat qui décide de nos capacités d’accueil. Or, les dotations de fonctionnement du ministère n’ont pas suivi“, explique Jean-Luc Dubois-Randé, le président de l’université, tout en rappelant que “les faillites d’université, ça n’existe pas“. Un afflux d’étudiant largement qui était largement anticipable puisqu’il correspond au baby boom des années 2000, qui s’est fait sentir à l’école puis au lycée ces dernières années.
“Nous sommes face à des injonctions contradictoires. Nous n’avons pas de moyens supplémentaires mais il faut accueillir davantage, prendre en compte la hausse de la précarité étudiante, recruter, rénover notre patrimoine bâti “, poursuit le président. Aujourd’hui, l’université fonctionne avec un peu moins de 3 000 agents et un budget total de 330 millions d’euros constitué essentiellement par la subvention de fonctionnement du ministère (220 millions d’euros) et des ressources propres de l’université (90 millions d’euros). En 2022, l’Upec a enregistré un déficit d’environ 9 millions d’euros.
“Il n’y a pas d’autonomie réelle de l’université quand on ne peut pas fixer soi-même les capacités d’accueil. Nous ressentons aujourd’hui un profond sentiment d’injustice parce que nous avons de l’ambition, mais sommes contraints à des mesures d’équilibre.”
Concrètement, ces “mesures d’équilibre” se matérialisent par des économies sur les ressources humaines avec des limites sur les embauches lors des deux prochaines années. L’université, qui consomme déjà 18 millions d’heures complémentaires payées à ses enseignants, devra trouver d’autres leviers pour payer le surcroît d’activité du personnel.
Pour la patron de l’Upec, comme pour le personnel mobilisé, l’Upec pourrait accueillir décemment les nouveaux étudiants si sa dotation se rapprochait de celle d’autres universités de banlieue comme à Cergy, où l’on avoisinerait les 8 000 euros par inscrit, contre près de 7 000 à Créteil. Dans le détail, les besoins sont estimés à 20 millions d’euros pour retrouver de l’oxygène.
En attendant, le président veut rester encourageant. “À Créteil, la rénovation de la dalle va être achevée et des amphithéâtres ont été rénovés. Et à Vitry-sur-Seine, nous développons un pôle informatique et un pôle santé et bien vieillir.“
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