Economie | Val-de-Marne | 05/06/2023
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Métiers en tension : analyses, chiffres et nuances en Val-de-Marne

Métiers en tension : analyses, chiffres et nuances en Val-de-Marne © Fb

Aides à domiciles, coiffeurs, conducteurs routiers, maçons, ou encore aides soignants, nombreux sont les métiers qui restent concernés par des difficultés d’embauches. Analyse et chiffres avec Antonio Alves, directeur territorial de Pôle emploi du Val-de-Marne.

Sur 5 777 établissements qui ont répondu à l’enquête [soit un taux de retour de 18,8%], 29,1% déclarent envisager de recruter“, signale Antonio Alves, directeur territorial de Pôle Emploi pour le Val-de-Marne. Alors même qu’une hausse record de 16,5% avait été enregistrée en 2022 dans un contexte de forte reprise économique post-crise sanitaire, le chiffre de cette année correspond sensiblement aux projets de recrutement de 2022 (29,2%), soit près d’une entreprise sur trois.

Projets de recrutement par département en Ile-de-France. Source Pole Emploi

8,4% des projets de recrutement en Île-de-France

Si la baisse des projets de recrutement (-10,2%) est significative comparée à l’échelle de l’Île-de-France (-1,6%), le Val-de-Marne se hisse en quatrième position des départements de la région. Dans l’enquête BMO 2023, il représente 8,4% des projets franciliens aux coude-à-coude avec les Yvelines, derrière Paris, les Hauts-de-Seine (qui trustent à eux deux 49% des projets) et la Seine-Saint-Denis, qui se démarque notamment par l’intensité du secteur du BTP.

Autre signe positif de la dynamique économique du territoire, “la baisse du nombre de demandeurs d’emplois est de 2,7% toutes catégories confondues”, relève Antonio Alves. “Sur la catégorie A, on est à -7,7% au 31 mars 2023 par rapport au 31 mars 2022, une tendance qui est un peu plus accrue dans le Val-de-Marne, comparativement à la région Île-de-France où la baisse est de 7,5%. Il faut souligner que nous avons de plus en plus de demandeurs d’emplois qui étaient dans la catégorie A, qui passent dans la catégorie B et C“, se félicite-t-il.

Comprendre les catégories A,B,C,D,E
Les personnes inscrites à Pôle Emploi relèvent de 5 catégories. Les 3 premières A,BC concernent les personnes qui sont tenues de rechercher un emploi. La catégorie A, la plus importante, regroupe les personnes qui n’ont aucun emploi, même à temps partiel. Les catégories B et C comprennent les personnes qui ont une activité réduite (de de moins de 78 heures par mois pour les B, de plus de 78 heures pour les C). Les catégories De et E ne sont pas tenues d’effectuer une recherche d’emploi, soit car elles sont en formation, en maladie… ou en emploi.

Plus de la moitié des postes difficiles à pourvoir

Paradoxalement, 58,3% des projets de recrutement sont jugés difficiles à pourvoir par les entreprises répondantes à l’enquête BMO dans le Val-de-Marne. Fait nouveau, cette proportion est plus importante qu’en Île-de-France (55,1%) alors qu’en 2022, c’était l’inverse (41,3% contre 45,4%).

Une difficulté qui concerne un nombre croissant de secteurs en 2023. Dans la construction, par exemple, le taux passe à 68,1%. Aide à domicile, aide ménagère, aide-soignant (aides médico-psychologiques, auxiliaires de puériculture, assistants médicaux…), maçon, serveurs de café… “Les douze métiers où les difficultés sont les plus élevées concentrent plus de deux tiers des projets de recrutement jugés difficiles. C’est 6 624 projets de recrutement jugés difficiles, soit 28,5% de l’ensemble des projets“, souligne l’enquête BMO.

Liste des métiers* les plus souvent associés à des difficultés de recrutement

Projets de recrutementPart des projets jugés difficilesPoids des recrutements saisonniers
Aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales1 51291,80%13,90%
Coiffeurs, esthéticiens, hydrothérapeutes53388,10%5,50%
Conducteurs routiers et grands routiers62185,10%17,70%
Aides-soignants (aides médico-psychologiques, auxiliaires de puériculture, assistants médicaux…)1 06876,30%7,20%
Cuisiniers53474,70%10,60%
Infirmiers, cadres infirmiers et puéricultrices68774,20%0,70%
Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l’environnement50373,40%1,50%
Maçons54472,50%4,40%
Employés de maison et personnels de ménage48372,40%3,60%
Serveurs de cafés, de restaurants et commis90471,60%23,10%
Plombiers, chauffagistes59270,80%5,00%
Cadres commerciaux, acheteurs et cadres de la mercatique50666,10%3,10%
*Uniquement sur les métiers qui recensent plus de 1 % des projets de recrutement du territoire. Source: Pole Emploi, BMO 2023.

Beaucoup de réorientations durant la crise sanitaire

Pour expliquer le décalage entre offre et demande d’emploi, Antonio Alves pointe l’effet Covid pour des métiers tels que la restauration ou encore la sécurité. “Pendant la crise sanitaire, ces secteurs d’activité se sont arrêtés et les personnes sont parties vers d’autres secteurs“, observe-t-il. “Pour beaucoup, les personnels soignants des hôpitaux se sont orientés vers d’autres métiers. Or, on ne s’improvise pas aide-soignant ou infirmier. Il en va de même de la sécurité privée, un secteur auquel nous prêtons beaucoup d’attention au regard des opportunités d’embauche qu’offre l’organisation de grands événements comme la coupe du monde de rugby et bien sûr les Jeux Olympiques. Notre rôle c’est de reconstituer ces viviers, en accompagnant les demandeurs d’emploi et les entreprises en matière de formation.”

Changement de rapport de force employeur-salarié

La diminution du nombre de demandeurs d’emplois a par ailleurs changé le rapport de force. “Le chômage baisse et un nombre croissant d’entreprises veulent recruter. Elles se retrouvent donc de plus en plus en concurrence. On essaye de leur faire prendre conscience de la nécessité de travailler sur l’attractivité de leur offre, c’est-à-dire les contrats, la rémunération, les conditions de travail“, explique Antonio Alves.

Fort recrutement dans les TPE

Un effort qui porte surtout sur les micro-entreprises : ce sont de loin les établissements de 0 salarié qui déclarent le plus d’intentions d’embauche (28,1% du total) avec 12 373 projets de recrutement, soit une augmentation de 25,6% par rapport à 2022. Les établissements de 0 à 9 salariés représentent quant à eux 51,7% des intentions d’embauche du département, en hausse de 5,8% par rapport 2022. En revanche, les intentions d’embauche baissent fortement dans les structures de 20 à 49 salariés, contrairement à 2022. 90% des établissements de 200 salariés ou plus prévoient d’effectuer au moins un recrutement en 2023.

Adapter les profils

Autre enjeu pour Pôle Emploi : répondre à l’inadéquation des candidats aux profils recherchés en proposant de la formation mais aussi la découverte de métiers. L’objectif est également de faire évoluer les représentations de secteurs tels que la sécurité, l’industrie ou encore le BTP, où la pénibilité et les conditions de travail ont changé.

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