“Une exécution” dans “l’enfer” du bois de Boulogne: l’avocat général a requis mardi devant la cour d’assises d’appel du Val-de-Marne quinze et vingt ans de réclusion à l’encontre de deux hommes accusés du meurtre de Vanesa Campos, travailleuse du sexe transgenre tuée en août 2018.
Tous deux avaient été condamnés à vingt-deux ans de réclusion criminelle en première instance par la cour d’assises de Paris, en janvier 2022. Sept autres Egyptiens avaient été condamnés dans ce dossier. L’avocat général Olivier Auféril a requis vingt ans contre Mahmoud Kadri, 25 ans, pour meurtre en bande organisée et vol aggravé, et quinze ans contre Karim Ibrahim, 30 ans, pour complicité de meurtre en bande organisée.
“Dans cette affaire, il y a le tireur qui appuie sur la détente et celui que je considère comme un complice qui a créé les conditions pour que le geste fatal arrive“, estime-t-il. Ces deux “meneurs” ont été décrits comme “très violents” par les parties civiles, proférant des “menaces quotidiennes d’égorgement” aux prostituées quand elles ont protesté contre les vols qui visaient leurs clients, rappelle le magistrat. Il a également demandé cinq ans de prison ferme contre les trois autres accusés, l’un comparaissant pour le vol de l’arme du crime et deux autres pour association de malfaiteurs. Le but de cette association était, selon l’avocat général, de “reprendre la maîtrise du territoire en faisant cesser la résistance des prostituées, devenue gênante depuis qu’elles ont recruté un protecteur, par des représailles physiques“. Des peines d’interdiction définitive du territoire français ont également été requises pour quatre des accusés.
Des réquisitions “cohérentes” avec “ce que nous disons depuis le début : il n’est pas l’auteur du coup de feu mortel“, selon l’avocat de Karim Ibrahim, Me Fares Aidel. “En revanche, il semble totalement incohérent qu’il soit coauteur ou complice à partir du moment où il n’a pas tiré, il n’a pas ordonné et n’a pas souhaité cette mort“, ajoute-t-il. “Les débats ont permis d’avancer sur plusieurs points pris en compte dans le raisonnement de l’avocat général, mais pas dans le quantum de la peine” requise, souligne pour sa part Me Léa Dordilly, qui défend Mahmoud Kadri.
Une expédition punitive qui se solde par une “exécution”
Le soir du crime, Mahmoud Kadri et Karim Ibrahim s’étaient retrouvés dans le bois de Boulogne avec une dizaine d’autres jeunes hommes pour affronter les “protecteurs” engagés par des prostituées transgenres sud-américaines, cibles depuis des années de voleurs égyptiens qui détroussaient leurs clients. Vanesa Campos, 36 ans, avait été tuée lors de cette expédition punitive dans la nuit du 16 au 17 août 2018, dans un endroit reculé du bois de Boulogne où elle exerçait depuis deux ans.
Une véritable “exécution“, selon Me Quentin de Margerie, avocat des parties civiles, dont la mère et la sœur de Mme Campos et cinq de ses collègues : “tuer, ils étaient parfaitement prêts à le faire et ils l’ont fait” lors de cette “expédition punitive“, insiste-t-il. Le travail au bois de Boulogne ? Un “enfer“, décrit-il devant la cour, où les prostituées font face à des “voleurs armés, méthodiques” et “très violents“, qui exercent une “mise en coupe réglée, une exploitation pure et simple de cet endroit du bois de Boulogne“. Face à ces violences, des femmes étrangères vulnérables qui “ne savent pas vers qui se tourner” et qui, selon Me de Margerie, “ont peur de la police car beaucoup sont en situation irrégulière”.
EXECUTION: APRES UN JUGEMENT – Là il s’agit d’un assassinat (meurtre avec préméditation)
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