Dès vendredi, premier jour de la coupe du monde de rugby, la ville de Saint-Denis lance une campagne de lutte contre la prostitution à destination notamment des milliers de touristes étrangers attendus pour l’occasion. Une initiative qui s’inscrit aussi dans la perspectives des Jeux Olympiques de Paris 2024.
A trois jours du match d’ouverture France-Nouvelle-Zélande, tout Saint-Denis s’est parée aux couleurs de la coupe du monde de rugby. Avec dix matchs, dont la finale, qui se tiendront au Stade de France, la ville s’apprête à vivre au rythme des chants des supporters qui viendront des quatre coins de la planète. Une fête donc, comme le seront les JO, mais dont elle craint les dérives. En ligne de mire, le risque que ces événements internationaux ne soient le terreau d’une augmentation de la prostitution des jeunes filles mineures.
“C’est une chance pour nous d’accueillir tous ces touristes et de faire connaître notre territoire. Cela n’empêche pas d’être attentif aux difficultés qui peuvent les accompagner. On veut éviter que des jeunes filles entrent dans la prostitution à ce moment-là, en pensant que c’est l’opportunité de faire de l’argent, sans avoir conscience de la violence qu’elle vont subir et des dégâts à long terme“, explique Oriane Filhol, adjointe au maire (PS) de Saint-Denis, chargée notamment des droits des femmes.
Sensibiliser les clients
La ville lance donc une campagne de sensibilisation sur la lutte contre la prostitution dès ce vendredi avec un stand d’information au Village du rugby installé sur le parvis de la mairie et une campagne d’affichage à destination des clients potentiels. Elle a aussi été conçue dans la perspective des JO de Paris 2024. C’est d’ailleurs l’organisation des jeux qui la finance suite à un appel d’offres.
Un message sur les tickets ?
“Les touristes qui vont venir à Saint-Denis ne sont pas forcément au courant de la législation sur la prostitution. L’objectif est de rappeler que c’est un délit d’y avoir recours et d’alerter sur le fait que ce sont souvent des mineurs qui se prostituent“, souligne Oriane Filhol. Pour plus d’impact, la ville voudrait même que le message figure sur les billets de stade. Elle a par ailleurs engagé des discussions avec les acteurs de l’hébergement comme Airbnb.
Repérer les situations de prostitution
Cette campagne constitue la seconde étape d’un plan plus vaste de lutte contre la prostitution démarré à la mi-juin. “L’idée était de sensibiliser dans un premier temps tous les acteurs volontaires pouvant être au contact de personnes en danger. Nous avons formé de nombreux agents de la ville, animateurs d’antennes de jeunesse ou professionnels de la mission locale à repérer les situations de prostitution ou de risque, les situations d’emprise, etc“, détaille l’élue.
Ces formations permettent, selon elle, d’apporter des éléments de compréhension du phénomène pour pouvoir mieux réagir et orienter des jeunes filles parfois très jeunes de 13-14 ans. “Dès le début de notre mandat [ndlr en 2020], nous aons fait de la lutte contre la prostitution une priorité car nous avons été interpellés par des établissements scolaires sur des situations de prostitution. Or, l’Éducation nationale n’apporte qu’assez peu outils“, insiste Oriane Filhol. Ces interventions conduites par des spécialistes directement auprès des jeunes portent notamment sur le michetonage et l’utilisation des réseaux sociaux.
“On a tous à l’esprit la prostitution de rue ou les proxénètes issus du grand banditisme. Mais il y a aussi ces jeunes filles qui passent par les réseaux sociaux et celles qui sont sous l’emprise leur petit copain“, souligne l’élue.
7 000 à 10 000 mineurs seraient en situation de prostitution en France selon le rapport Champrenault (2021), qui a servi à l’élaboration du plan national de lutte contre la prostitution des mineurs.
Il n’existe pas une mais des prostitutions. Les femmes ne sont pas les seules à se prostituer. Et les hommes ne sont pas les seuls clients de la prostitution. Il existe des hommes prostitués (gigolos, escort-boys) en direction des femmes, pour une clientèle féminine. Il existe aussi une prostitution masculine et féminine de forme homosexuelle. Il y a également des hommes et des femmes qui, sans distinction, se prostitution en direction des hommes, des femmes ou des couples. Et n’oublions pas les trans. La prostitution est multiforme (genres, formes, niveaux).
La prostitution a toujours existé, mais ce qui est nouveau et dramatique, c’est la prostitution des très jeunes filles mineures, amplifiée par les ‘réseaux sociaux’, c’est à dire les réseaux poubelles.
Elle est le signe d’une perte de valeur, hormis l’argent, et l’argent considérée comme ‘facile’ et une fin en soit. Il y a là un gravissime problème d’éducation, et un abandon de tout ce qui de près ou de loin pourrait s’apparenter au progrès social …
Il y a aussi au sujet de la prostitution (essentiellement féminine) une étrange conception de la loi : une femme peut librement vendre des services sexuels, mais l’homme qui achète est un délinquant ! Soit la prostitution est libre, et alors vendeuses et acheteurs sont libres de faire ce qu’ils veulent si c’est sans contrainte, soit la prostitution est un délit et alors cela concerne la femme ET l’homme.
Faire croire à de très jeunes filles immatures et sans encadrement familial fort (encore que de nombreux parents peuvent ignorer ce que fait leur fille) que l’on peut vendre en toute liberté des services sexuels ne peut que les précipiter dans l’abîme.
Et bien entendu, le proxénétisme doit être très durement réprimé !
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.