“Plus de classes, moins de travail“, “tu nous fais le 49.3, on te fait 1789“…. Une soixantaine d’élèves ont organisé ce lundi matin un blocus du collège Paul Eluard à Montreuil, établissement classé NEP (norme éducation prioritaire). Leur revendication contre la fermeture d’une classe de 6ème annoncée par l’Education nationale se télescope avec l’opposition au 49.3 activé par le gouvernement pour faire adopter la réforme des retraites.
Poubelles en bataille, pancartes en carton, mégaphone… Une soixantaine d’élèves bloquent ce lundi les accès au collège Paul Eluard à Montreuil. “C’est notre futur qui est en jeu. Leur réforme des retraites on n’en veut pas. Le 49.3 ça ne passe pas. Et en plus, ils veulent fermer une classe. On ne se laissera pas faire !”, clame Adem, le discours bien rodé depuis tôt ce matin.
“Il y en a qui sont venus à 4h00 du matin, on pris les poubelles, on a mis de la colle sur les serrures“, relatent en cœur Adam et Izyan, élèves de 3ème. “On s’est donnés rendez-vous sur le groupe [ndlr, What’s app] parce qu’on ne peut accepter qu’ils [ndlr, l’Education nationale] ferment une classe de 6ème. On ne veut pas de classes à 30 élèves“, tonne Syrine, 14 ans.
“On n’était pas du tout au courant de cette mobilisation. Nous, enseignants et personnels du collège, on doit se réunir en assemblée générale ce soir pour voter sur une grève illimitée“, explique Max, enseignant d’histoire-géographie syndiqué à la CGT.
La raison : comme chaque année, les services académiques communiquent le nombre d’heures d’enseignement (DHG) allouées à chaque établissement. “On a appris qu’une des sept classes de sixième serait supprimée pour la rentrée 2023. L’inspection nous dit qu’il y aurait dix élèves en moins selon leurs prévisions. Mais ce n’est pas la réalité du terrain : d’une part, des élèves arrivent toujours en cours d’année et d’autre part, ils ne comptent pas les élèves d’ULIS [ndlr, classe d’unité localisée pour l’inclusion scolaire créée en 2022] ni ceux d’UPE2A [ndlr, unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants]. Donc les effectifs vont mécaniquement monter dans les classes au-dessus des 24 élèves. Une limite garantie par le statut NEP“, pointe Max.
Plafond de 24 élèves par classe
Depuis 2015, le collège Paul Eluard, qui compte 570 élèves dans le quartier du Bas-Montreuil, est classé “NEP”, acronyme pour norme éducation prioritaire. “Un statut créé de toute pièce lorsque l’établissement a perdu son classement en zone d’éducation prioritaire“, indique Sophie, parent d’élève affilié FCPE. “Si le collège perd ce statut, cela aura des conséquences en termes d’effectifs, mais aussi pour la mixité sociale. S’il y a des enfants de parents que je qualifierais de CSP+, et qui ne sont déjà qu’une minorité, c’est parce que l’établissement est attractif avec des classes de 24 élèves, une équipe stable, parce qu’il y a une offre d’allemand en LV2 ou encore une classe à horaires aménagés.”
“Le rectorat cherche à nous rassurer en nous disant que s’il est constaté que les effectifs ne bougent pas, il maintiendra la dotation horaire actuelle à la fin de l’année scolaire. C’est une façon de la remettre en cause puisque l’on sait déjà que ce plafond sera dépassé. C’est pour que l’on convoque une nouvelle assemblée générale“, indique Laura, représentante de FO.
Parents et enseignants craignent aussi la suppression d’un des deux postes de conseiller principal d’éducation, ainsi que des décharges de direction dans les écoles maternelles et élémentaires (Paul Bert, Marceau, Voltaire-Héritier, Dolto et Aragon) rattachées au réseau du collège. “Ça concerne donc tout le quartier. Si vous vous baladez, vous verrez tous les immeubles en construction. Les effectifs ne sont pas prêts de baisser par ici“, évalue Yassin, parent d’un élève en 6ème.
Présents devant les grilles du collège, parents et enseignants disent également vouloir accompagner les élèves. “Nos enfants ont pris les devants, ils sont conscients de tout ce qu’il se passe. On voit bien que le climat est tendu avec la police ces derniers jours. On veut donc être là à leurs côtés et montrer aussi qu’on souhaite garder notre collège comme il est“, souffle Leïla, maman d’un élève de 3ème.
Selon Max, 90% des enseignants et personnels sont en faveur d’une grève illimitée. “Le mouvement a duré trois mois en 2015 pour le maintien d’un cadre d’education prioritaire. Sans les parents d’eleves, ce ne serait pas possible“, ajoute Sophie.
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