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Justice | | 13/07/2023
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Mort de Nahel à Nanterre : “écouter les jeunes, leur frustration et leur colère”

Mort de Nahel à Nanterre : “écouter les jeunes, leur frustration et leur colère” © Arthur Weidmann

À Nanterre, dans les rues de la cité Pablo-Picasso, dont Nahel était originaire, d’innombrables tags réclament “Justice pour Nahel“. Pour les habitants du quartier, il faut “écouter les jeunes, leur frustration et leur colère“, ravivées par la mort de l’adolescent.

À Nanterre, dans les rues de la cité Pablo-Picasso, dont Nahel était originaire, les nuits d’émeutes ont laissé derrière elles des carcasses de voitures calcinées, des poubelles fondues et des tags en soutien au jeune homme.

“Un air de déjà-vu”

Il y a un ras-le-bol, une accumulation, un air de déjà-vu. Bien sûr que je le comprends, moi aussi, j’ai grandi ici. Après, brûler des écoles et des magasins, c’est n’importe quoi parce que ça nous nuit à tous“, estime Mohamed, 39 ans, short gris et banane autour de la taille. 

Assis sur un banc du parc André-Malraux, dont les arbres bordent les tours de la cité, il raconte être descendu de chez lui plusieurs nuits de suite pour “raisonner les petits“. 

Ce qu’on ne veut plus, ce sont les contrôles intempestifs

À côté de lui, son ami Sofiane, 38 ans, soupire en désignant du bras le squelette gris cendre d’un manège parti en fumée jeudi soir. “Les dégâts, on ne tolère pas. Ce qu’on ne veut plus au fond, ce sont les contrôles (de police) intempestifs. On veut qu’ils nous contrôlent comme si on s’appelait Michel“, affirme-t-il, “affligé” par la mort d’un “gamin” lors d’un contrôle routier.

Écouter les jeunes” : habitante des célèbres tours Nuages, derrière le parc, Fatiha Abdouni, 52 ans, est, elle aussi, descendue samedi soir de son immeuble bleu pâle pour rencontrer des médiateurs, les “nouveaux grands frères“, explique-t-elle, alors que se profilait une nuit agitée.

Je ne cautionne pas qu’on casse, qu’on brûle, qui le cautionne ? Maintenant, il faut écouter les jeunes, leur frustration et leur colère, qui ont à voir avec les difficultés du quotidien, avec les inégalités d’accès aux études, au travail, au logement“, estime la cofondatrice de l’association La voix des femmes de Pablo-Picasso. Pour elle, c’est une évidence, la mort de Nahel a été une “étincelle” ravivant des “problèmes plus profonds“.  

Lire aussi : Île-de-France : 5 morts suite à des refus d’obtempérer à la police en 2022

“S’adresser publiquement à cette jeunesse

Depuis mardi, les émeutes étaient menées par des “très jeunes“, circulant en petits groupes et relayant leurs actions sur les réseaux sociaux : dans la nuit de jeudi à vendredi, les interpellés avaient 17 ans en moyenne, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Samedi, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a estimé qu’il fallait “redire aux parents qu’ils tiennent leurs gosses“.

Ce n’est pas en pointant les parents comme s’ils étaient irresponsables qu’on fera avancer les choses“, répond auprès de l’AFP Mohamed Mechmache, coordinateur de l’association ACLEFEU, créée à Clichy-sous-Bois au lendemain des émeutes de 2005. “Il est temps de s’adresser publiquement à cette jeunesse, qu’on lui dise qu’elle fait partie de cette République“, poursuit l’éducateur.

Le plus important, c’est de redonner espoir à nos enfants, qu’ils croient en leur avenir. Moi, j’ai peur qu’il y ait un nouveau mort“, abonde Fatima Ouassak, politologue cofondatrice du collectif Front de mères, syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires.

Ce sont toujours les mêmes qui sont visés

À Pablo-Picasso, installés sur des bancs, sacs de course dans les bras ou filant en trottinette, aucun des jeunes croisés dimanche par l’AFP n’a souhaité s’exprimer.

Lors de la marche blanche en hommage à Nahel jeudi, un jeune de 16 ans affirmait : “Ce sont toujours les mêmes qui sont visés, les Noirs et les Arabes, les quartiers populaires. On tue un petit de 17 ans comme ça, pour rien : cette mort nous fout la haine”. 

Après cinq nuits d’émeutes, la grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au calme. “Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus“, a-t-elle exhorté sur BFMTV.

En écho, le maire de Nanterre, Patrick Jarry, a demandé “à tous les Nanterriens de porter l’appel de la famille de Nahel à mettre fin aux violences et d’agir là où ils sont pour qu’il soit respecté”.

Mohamed et Sofiane, qui se réjouissent du relatif retour au calme, espèrent désormais que “justice sera faite”. “Ce policier, c’est un être humain, il faut qu’il soit un justiciable comme vous et moi. Pas de justice à deux vitesses.” 

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