Le parquet de Créteil a requis ce mercredi une amende de 250 000 euros contre l’entreprise Dodin Campenon Bernard, une filiale de Vinci, jugée pour la mort d’un intérimaire employé sur un chantier du Grand Paris Express dans le Val-de-Marne.
Le 28 février 2020, Maxime Wagner, 37 ans, travaillait à Villejuif sur le prolongement de la ligne 14 du métro parisien, dans un tunnelier, ces immenses machines de plus de 100 mètres de long qui creusent les tunnels du métro. Alors qu’il était agenouillé en pleine opération de “déplombage”, c’est-à-dire en train de déboucher une conduite, cette dernière, qui aurait dû être attachée, a opéré un “coup de fouet”, un brusque mouvement. Violemment frappé à la tête, l’ouvrier est victime d’un grave traumatisme crânien, dont il meurt plusieurs semaines plus tard.
L’entreprise Dodin Campenon Bernard et deux supérieurs hiérarchiques de la victime, le chef d’attaque et le directeur des travaux, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Une peine de neuf mois de prison avec sursis a été requise contre les deux hommes.
“Aucun dispositif pour maintenir la conduite en place”
“Au moment de l’accident, il n’y avait aucun dispositif pour maintenir la conduite en place”, a rappelé l’inspecteur du travail pendant l’audience. Pour l’accusation, les consignes de sécurité n’étaient pas assez claires, ce qui engage la responsabilité des prévenus.
“On se sent impliqués dans l’accident, mais, pénalement, nous n’avons rien à nous reprocher”, s’est défendu à la barre le directeur juridique de l’entreprise, qui a indemnisé une partie de la famille de la victime.
“Ce qu’on dit au final aux salariés, c’est que c’est à eux-mêmes de comprendre où ils doivent se mettre”
“Au plus profond de nous-mêmes, nous estimons avoir fait tout ce que nous pouvions et devions faire en matière de prévention”, a-t-il ajouté. “Il y a des mesures élémentaires de précaution, comme se tenir à distance, qui n’ont pas été prises”.
“Il n’avait pas connaissance de ce risque, sinon il ne l’aurait pas pris”, a rétorqué Me Christophe Bringer, l’avocat de la mère et des sœurs du défunt, ajoutant qu’il y avait un “flou” sur la zone de précaution à respecter autour de la conduite. “Ce qu’on dit au final aux salariés, c’est que c’est à eux-mêmes de comprendre où ils doivent se mettre”, a également regretté le procureur.
Outre Maxime Wagner, trois autres ouvriers sont morts sur les chantiers du Grand Paris Express. Tous les trois sont morts en Seine-Saint-Denis, sur le chantier de la ligne 16.
Le délibéré sera rendu le 29 juin.
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