Former des infirmiers est une urgence alors que 80% de leurs recrutements sont devenus difficiles en Ile-de-France. À Neuilly-sur-Marne, Ville-Evrard, connu pour son pôle psychiatrie mais qui compte aussi des écoles d’infirmiers et cadres de santé, a pris la mesure de l’enjeu. L’établissement public vient de lancer un réaménagement complet qui mise sur l’attractivité pour retenir les étudiants.
Car il ne suffit pas d’accueillir des étudiants en première année pour les transformer en infirmiers, a compris l’établissement, qui accueille 255 étudiants infirmiers par promotion.
Abandon en cours de cursus
“Paradoxalement, la formation d’infirmier est l’une des trois les plus demandées après Parcoursup, explique Gwendal Le Bars, directeur des soins et coordinateur des instituts de formation de Ville-Evrard, qui constate “un pourcentage notable” d’étudiants qui abandonnent le cursus ou le reportent entre la 1ʳᵉ et la 3ᵉ année de formation. “Certains se trompent de voie, il y a aussi la question du logement dans une région où trouver des loyers abordables devient compliqué, et la difficulté à s’approprier le cadre hospitalier parce qu’il y a la confrontation à la maladie et à la mort“, poursuit-il.
Un vrai manque à gagner vu la tension sur les recrutements. Selon la dernière enquête “Besoins de main d’œuvre” pour l’Ile-de-France de Pôle Emploi, les infirmiers (avec les aides à domiciles et les coiffeurs) sont les métiers qui présentent le plus de difficultés à recruter, avec des projets anticipés comme difficiles dans 4 cas sur 5. Sur 6 035 projets de recrutement en 2023, 79,80% ont ainsi été jugés compliqués.
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“La tension de recrutement est bien au cœur du sujet : l’enjeu pour nous est de rénover l’outil de formation pour le rendre plus attractif, mais aussi pour favoriser la réussite“, insiste Gwendal Le Bars.
“Un véritable campus où les différentes professions se croisent“
Partant de ce constat, L’Établissement public de santé Ville-Evrard (EPSVE) a fait de la vie étudiante une composante essentielle de son futur pôle de formation. “L’idée c’est que ce soit un véritable campus où les différentes professions se croisent, avec une cafétéria, un véritable environnement numérique…”, souligne le responsable des instituts de formation. Il s’agit aussi de développer un accompagnement individualisé et de mettre en situation les étudiants dès la première année afin d’enclencher le parcours de professionnalisation.
Pour l’établissement, cette métamorphose passera par de grands travaux car, pour l’heure, les deux instituts de formation, celui pour les infirmiers (IFSI) et celui les cadres de santé (IFCS), ainsi que le pôle formation continue et en interne, sont éparpillés sur le site. “L’IFSI, en particulier, est situé dans un bâtiment vétuste datant du 19ème siècle, qui avait été adapté, mais pas réorganisé pour la formation. Il n’y a pas d’amphithéâtre par exemple. Le nouveau pôle de formation accueillera des salles de travaux pratiques, des espaces de simulations et les étudiants auront toutes les facilités pour travailler sur ordinateur, ce qui fait défaut actuellement“, explique Gwendal Le Bars Le nouveau pôle ouvrira à la rentrée 2024.
8 millions d’euros d’investissement
Le budget d’investissement est de 8 millions d’euros dont 6 millions d’euros abondés par le conseil régional, en charge notamment de la formation sanitaire et sociale. Sur ces 6 millions d’euros, 5,48 millions correspondent à une subvention d’investissement pour les travaux et 400 000 à l’acquisition d’équipements (tableaux numériques tables, chaise, etc). Le reste est financé sur les fonds propres de Ville-Evrard. La présidente de région, Valérie Pécresse, est venue poser la première pierre le 9 juin dernier.
Un projet de rénovation plus globale de Ville Evrard
Au-delà de la formation, ce projet fait partie du plan pluriannuel d’investissement 2022-2030 de l’EPSVE de plus de 190 millions d’euros, dont plus de 130 millions d’euros pour le seul site de Neuilly-sur-Marne. Pour le réaménagement et la modernisation du bâti, l’EPSVE a également obtenu 78,5 millions d’euros de l’État dans le cadre du Ségur de la santé. À terme, sept nouveaux bâtiments ou extensions seront construits et neuf bâtiments, dont un inscrit à l’inventaire des monuments historiques, seront rénovés.
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