Annoncée mi-février en réunion publique, la construction d’une résidence sociale d’urgence dans le quartier des Coteaux à Noisy-le-Grand a suscité une levée de bouclier des habitants. Banderoles et pétition ont eu raison du projet de la mairie qui dit désormais chercher un autre site dans la commune.
“J’attends de voir que la mairie dise clairement qu’il abandonne ce projet“, souffle méfiante Pascale, présidente du conseil syndical de la résidence des Coteaux. Située à l’extrême nord-est de la commune, en lisière de Gournay, la copropriété est fortement mobilisée depuis deux mois. Une pétition a réuni à ce jour 469 signatures. “Zéro concertation (…). Non au centre d’hébergement Samu social ici dans notre quartier!” peut-on lire sur des banderoles installées aux deux extrémités de l’allée qui la traverse.
C’est dans ce secteur que la ville envisageait de reconstruire une résidence sociale d’urgence pour pouvoir fermer Paris Noisy Résidence, dans le quartier Mont d’Est.
Crainte d’insécurité
“Mettre 270 personnes dans des algecos dans ce quartier n’a aucun sens. Il n’y a rien ici : pas de commerce, pas de transports… Et les enfants des familles logées à Paris Noisy Résidence sont scolarisés à Mont d’Est”, explique Pascale en montrant le terrain boisée en bordure de la route de Gournay. C’est là que la mairie a proposé d’installer un centre d’hébergement temporaire où seraient logées une partie des personnes vivant actuellement à Noisy Résidence. Un projet qui a fait long feu face à l’hostilité du quartier.
“Ici, les gens sont d’une classe plutôt très moyenne“, explique Hanene. “On ne veut pas stigmatiser ces personnes, mais elles ont besoin qu’on les accompagne et pas qu’on les relègue loin du centre-ville. La résidence est ouverte. N’importe qui peut rentrer et sortir par l’allée.”
Croisé sur la route de Gournay, un autre habitant renchérit : “Vous avez vu comment c’est au Mont d’Est. Il y a des gens qui vont et viennent toute la journée. Ici, c’est pavillonnaire. Ça va créer de l’insécurité !”
Manque de concertation
“Nous avons entendu l’inquiétude des habitants. Il y a peut-être un amalgame avec l’insécurité. Mais il n’y a sans doute pas eu assez de concertation. Nous n’avons pas réussi à expliquer que nous allions mettre en place un accompagnement 24 heures sur 24, une aide sociale à l’insertion…“, reconnait Pascal Laguilly, adjoint à la maire (LR) de Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny.
De son côté, Vincent Monnier, conseiller d’opposition du groupe Projet citoyen, dit ne pas comprendre l’absence de concertation. “Nous avons toujours soutenu depuis cinq ans la politique de fermeture de Noisy Résidence conduite par la majorité. Mais il y a plusieurs choses qui ne vont pas, à commencer par l’absence de concertation. Les élus d’opposition et les habitants ont concrètement pris connaissance du projet lors du conseil municipal du 15 décembre 2022.” C’est lors de cette séance qu’a été approuvée une convention avec la SAS Drôle de dimanche pour l’occupation des terrains du 100-102 route de Gournay pour une durée de 15 ans.
Contrairement au projet des Coteaux, un premier projet de résidence d’hébergement social temporaire, dont la livraison est prévue pour la rentrée 2023, n’avait pourtant pas suscité le rejet de l’opposition au conseil municipal. “Il n’y a pas de voisinage immédiat“, pointe Vincent Monnier.
“De toute façon, Les Coteaux, c’est le trou perdu de Noisy-le-Grand“, s’insurge une autre membre du conseil syndical de la résidence, en première ligne de l’opposition au projet de résidence temporaire dans son quartier. “Quand il neige, par exemple, c’est à nous de nous débrouiller.”
“On fait tout pour partir“
750 personnes seraient aujourd’hui logées à Noisy Résidence, grand bâtiment d’angle situé juste à la sortie du RER A, sur la dalle du quartier du Mont d’Est. Des personnes venant de tous pays comme Awa, originaire de Côte d’Ivoire, rencontrée devant le centre commercial des Arcades. “On n’est pas au courant d’un déménagement. Ça fait plus d’un an qu’on vit ici avec mon mari et mes trois enfants. Le plus important c’est qu’ils continuent d’aller à l’école. Ici, c’est mieux que d’être à la rue. Mais on fait tout pour partir parce que ce n’est pas facile, c’est sale et c’est petit“, confie-t-elle. C’est aussi dans cet hôtel social que Tatiana, Ahmet et Anastasia avaient trouvé refuge après avoir fui l’Ukraine avec leurs enfants au début de la guerre.
La ville en quête d’un nouveau terrain
Elue en 2015, Brigitte Marsigny a fait de la fermeture de cette résidence sociale et de la réhabilitation du quartier du Mont d’Est l’un de ses chevaux de bataille. Dans ce but, la municipalité acquiert progressivement des appartements. Sur l’un des bâtiments, elle en détient presque la moitié. “Mais c’est compliqué parce que l’on fait face à une multitude d’investisseurs“, précise Pascal Laguily.
“À l’origine c’était une résidence hôtelière trois étoiles. Mais l’exploitant a décidé il y a une quinzaine d’années de reconvertir l’établissement en un centre hébergement d’urgence, avec des nuitées à plus de 17 euros [payées par le Samu social]. On subit ce système parce que la majorité [PS] de l’époque l’a accepté“, tacle l’élu au passage.
“Nous avons travaillé pendant de longs mois avec l’Etat qui nous accompagne [ndlr, financièrement] et nous soutient dans cette opération, poursuit l’élu, expliquant qu’il y avait ce terrain disponible aux Coteaux. La réalité, c’est qu’il n’y a aucun accompagnement social à Noisy Résidence. Les personnes qui y vivent, dont la moitié sont des enfants, sont logées dans des conditions très difficiles que nous n’acceptons pas. Notre objectif est de fermer ce lieu et de créer deux résidences sociales de plus petite taille qui permettront de mettre en place un suivi et un encadrement“, explique l’adjoint au maire. La ville cherche désormais un autre terrain d’accueil.
Dans le cadre de la concertation engagée avec l’Etat, la commune s’est engagée à maintenir un plus de 500 places dans la commune, les autres résidents devant, en principe, être relogés dans d’autres villes.
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