Société | Ile-de-France | 30/06/2023
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Deuxième nuit d’embrasement en Ile-de-France

Deuxième nuit d’embrasement en Ile-de-France

Voitures, bus et équipements incendiés, tirs de mortiers d’artifice, pilages de magasins… la nuit de jeudi à vendredi a vu les émeutes se répandre un peu partout à Paris et sa banlieue. Un embrasement qui fait suite à la mort de Nahel, un jeune de 17 ans, abattu ce mardi à Nanterre par un policier, lors d’une fuite en voiture. Ce vendredi encore, des lieux publics ont été évacués à l’instar de Créteil Soleil.

En Seine-Saint-Denis, presque aucune ville n’a été épargnée et la police indique avoir procédé à une centaine d’interpellations.

Malgré la mobilisation des acteurs sociaux dans la journée à Montreuil, les boutiques de la rue des Lumières, dont une pharmacie, ont été prises d’assaut. Même scènes de pillages dans le magasin Darty à Bondy ou à Pantin, au niveau du métro Hoche, où des petits commerces comme un tabac ont été visés. Les vitrines d’une banque et du McDonald’s ont aussi volé en éclat.

Magasin Action incendié

Après la destruction, hier, du magasin Aldi dans le quartier du Gros Saule à Aulnay-sous-Bois, c’est le magasin Action qui a été incendié à Sevran.

À Drancy, c’est un semi-remorque qui a été utilisé pour défoncer l’entrée de la porte 1 du centre commercial Avenir. Des vidéos montrent aussi la mairie vandalisée et des personnes repartant de la salle du conseil municipal avec la photographie officielle du président de la République.

Brûler une voiture ou piller un magasin ont pour seul effet de pénaliser durement les Drancéens dans leur quotidien. S’attaquer à la mairie, au centre culturel ou au mobilier urbain va engendrer des dépenses considérables, de l’argent qui fera cruellement défaut dans les quartiers et les services municipaux“, fustige Aude Lagarde, maire (UDI) de la commune, dans un communiqué, condamnant des “comportements délirants“. L’édile déplore aussi “que certains parents, chez qui les jeunes vandales vivent encore pour l’immense majorité, les laissent sortir toute la nuit dans une période aussi troublée. Ce sont là des comportements irresponsables !

Même constat pour Karine Franclet, maire (UDI) d’Aubervilliers, où 12 bus d’un centre de bus de la RATP ont été complètement carbonisés par des cocktails Molotov.

À Clichy-sous-Bois, la porte d’entrée de la mairie a été partiellement incendiée. C’est dans cette commune que la mort, en octobre 2005, de Zyed Benna et Bouna Traoré, avait déclenché vingt-et-un jours de violences et de dégradations urbaines à travers la France. Un scénario d’émeutes que les élus et d’habitants redoutent aujourd’hui.

Agence Pôle emploi brulée

Les violences n’ont pas non plus épargné des établissements scolaires comme le collège Victor Hugo à Noisy-le-Grand, qui a été incendié, ou mercredi, l’école maternelle André Chenier à Neuilly-sur-Marne. À Bobigny après la destruction du bus du cœur des femmes, c’est l’agence Pôle emploi qui a été réduite en cendres.

Couvre-feu à Neuilly-sur-Marne

Après cette troisième nuit d’émeutes, le maire (DVD) de cette commune, Zartoshte Bakhtiari, a décidé d’instaurer un couvre-feu sur certains secteurs de la Ville “afin d’empêcher les fauteurs de troubles de circuler librement.” “Tout déplacement est interdit entre 23 heures et 6 heures du matin dans les quartiers les plus touchés par les actes de sauvageries de la nuit précédente ou risquant de l’être, à savoir les secteurs Fauvettes-Val Coteau, Mairie et Primevères. Toute présence à l’extérieur est donc interdite dans ces quartiers jusqu’à la date de fin de l’arrêté, c’est-à-dire le lundi 3 juillet à 6 heures“, précise-t-il.

Lire aussi (concernant la nuit précédente) : Nuit de violences urbaines en Seine-Saint-Denis

En Seine-Saint-Denis comme en Val-de-Marne et ailleurs en Ile-de-France, de nombreuses festivités ont aussi été annulées.

Lire : Ile-de-France : festivités annulées et arrêt des transports en commun à 21 heures

Deuxième nuit de feu en Val-de-Marne

Dans le Val-de-Marne, le Carrefour market de Valenton a été pillé (photo de une) et plusieurs mairies ont de nouveau été prises pour cible, comme celle de Valenton, indique une source policière. Le McDonald’s d’Orly a été saccagé et des cocktails Molotov ont été lancés sur la police à Orly, selon cette même source policière. A Bry-sur-Marne, c’est le commissariat qui a été attaqué. Le maire, Charles Aslangul (LR) a pris un arrêté instaurant un couvre-feu de 23 h à 6h.

À L’Haÿ-le-Roses, le maire, Vincent Jeanbrun, a fait état, auprès de France Info, d’une “nuit d’horreur”, d’une “insurrection”, racontant l’attaque de la mairie et de magasins, de manière “très organisée” et “préméditée.”

L’élu a depuis fait barricader l’accès à la mairie.

À Villeneuve-Saint-Georges, de nombreux feux de poubelle ont été constatés. “J’étais sur le terrain jusqu’à 2h30 du matin, il y a surtout eu des feux de poubelle dans différents quartiers. Des jeunes ont aussi essayé de bloquer la RN6”, indique le maire DVD, Philippe Gaudin, joint par 94 Citoyens. “A Champigny, nous avons eu beaucoup de feux de poubelle, mais aussi de voitures et de mobilier urbain, dans la plupart des quartiers. Quelques commerces ont aussi été dégradés, avec quelques vols, relate à 94 Citoyens le maire, Laurent Jeanne (Libres), qui avait anticipé. “Nous avons pris certaines mesures comme l’installation du marché ce matin au lieu d’hier soir, et avions aussi invité les restaurateurs à fermer plus tôt.” L’élu regrette par ailleurs que les renforts de police annoncés à l’occasion d’une réunion avec la préfecture dans la journée n’aient pas été alloués. “Nous devions avoir une unité de CRS, nous n’en avons pas vu la couleur. Et les autres maires du département ont fait le même constat.”

À Fontenay-sous-Bois, même ambiance. “On vit des nuit difficiles et nous n’avons pas été épargnés mais si ce n’était pas l’endroit le pire. Il y a eu quelques échauffourées avec la police, quelques voitures et poubelles brûlées, des tirs mortiers, une tentative d’intrusion dans le théâtre avec des dégradations extérieures, énumère l’édile, Jean-Philippe Gautrais (Nupes), à 94 Citoyens. C’est un gros coup de stress, on est tendu et impuissant, résume le maire. Même si l’on fait ce que l’on peut : rentrer poubelles, faire passer les messages d’apaisement… Tout le service public municipal est mobilisé.”

“À Choisy-le-Roi, nos structures municipales ont été épargnées contrairement à Villeneuve-le-Roi et Valenton où la situation est dramatique”, témoigne Tonino Panetta, maire de la commune, auprès de 94 Citoyens, tout en rappelant que le Lidl du quartier des Navigateur a été saccagé et pillé la première nuit. “La deuxième nuit, des poubelles ont de nouveau été incendiées dans les carrefours pour tenter de bloquer la circulation et le commissariat a subi deux très fortes attaques au mortier. Des magasins ont été cassés et pillés, comme le Franprix à la limite de Thiais”, détaille l’élu. “Notre service municipal de la jeunesse et nos médiateurs sont sur le terrain pour dialoguer et appeler au calme”, poursuit le maire qui s’inquiète de la tenue du festival de rap Yardland au parc interdépartemental de Choisy ces 1er et 2 juillet. Côté préfecture, le directeur de cabinet a fait savoir cet après-midi avoir demandé l’annulation de manifestation aux organisateurs, indiquant ne pouvoir mettre à disposition des forces de police ni de secours pour sécuriser la manifestation.

Lire aussi, à propos de la première nuit : Nuit d’émeutes urbaines en Val-de-Marne

Ce vendredi après-midi : évacuation du centre commercial Créteil Soleil

Ce vendredi après-midi, le centre commercial Créteil Soleil a été évacué de manière préventive, suite à des risques d’intrusion. La CCI du Val-de-Marne a également été évacuée pour les mêmes motifs.

408 interpellations à Paris et petite couronne

À Paris, au moins deux boutiques du centre-ville, dont l’une aux Halles, ont été vandalisés. Quatorze personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police de Paris (PP), dont certaines gares du Nord avec des objets volés. Rue de Rivoli, 16 personnes ont été interpellées avec des sacs, des chaussures et des vêtements dérobés dans un magasin. À 2h30 vendredi, la préfecture de police faisait état de 61 interpellations uniquement dans la capitale.

Le bilan de la soirée s’est élevé à 408 interpellations à Paris et dans sa petite couronne, selon la préfecture de police ce vendredi en fin de matinée.

Ce matin, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, a annoncé 667 interpellations au niveau national.

En Seine-et-Marne, peu après 2h00, les forces de l’ordre étaient “très sollicitées” et ont pu “contenir les tentatives d’intrusion aux commissariats de Meaux, Villeparisis, grâce aux renforts”, a assuré à l’AFP une source sur le terrain. Le centre social de Nemours a été détruit ainsi qu’une partie d’une école à Moissy-Cramayel.

Lire aussi : Le point sur les émeutes du 29-30 juin à Paris, par arrondissement

“La situation en Ile-de-France et à Paris était extrêmement tendue, avec des forces de l’ordre ne pouvant pas tout maîtriser”

“Les incidents ont lieu partout en France mais la situation en Ile-de-France et à Paris était extrêmement tendue, avec des forces de l’ordre ne pouvant pas tout maîtriser compte tenu de la multiplicité des incidents”, indique à l’AFP une source policière de haut rang. Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a insisté sur les “interpellations record” effectuées dans un contexte de violences urbaines où les interpellations sont difficiles à réaliser.

Dans les Hauts-de-Seine, Nanterre est resté l'”épicentre” des violences, selon une source préfectorale. La cité Pablo-Picasso, dont Nahel était originaire, a connu une troisième nuit d’affrontements avec des voitures incendiées, des tirs de mortiers d’artifice et de grenades artisanales, a constaté une journaliste de l’AFP. Une agence bancaire du Crédit mutuel, un centre des impôts et plusieurs écoles ont été incendiés.

Des villes comme Châtillon et Sèvres, jusqu’à présent calmes, ont connu aussi une nuit agitée avec des pillages. Plusieurs commissariats ont été pris à partie à Asnières, Villeneuve-la-Garenne ou Sèvres. Un feu s’est déclaré dans les locaux de la sûreté publique à Sceaux.

Pas de répit non plus en Val d’Oise où un haut gradé a fait état à l’AFP d‘”une nuit compliquée et d’intensité supérieure à la nuit précédente.” Une quinzaine de villes du Val-d’Oise notamment Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, et Argenteuil, ont subi des dégradations toute la nuit, indique une source policière. Parmi les dégâts les plus importants du département figure un centre culturel détruit à 80% à Saint-Gratien,  une concession Renault de 6 000 m2 à Osny entièrement détruite par les flammes ainsi qu’un entrepôt de matériel médical de 2 500 m2 à Groslay.

Article actualisé régulièrement ce 30 juin. (Nouveaux chiffres, nouvelles réactions) Dernière mise à jour : 21h41.

Rédaction Citoyens.com (Charles Henry, Raphaël Bernard, Cécile Dubois) et AFP

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