Voitures, bus et équipements incendiés, tirs de mortiers d’artifice, pilages de magasins… la nuit de jeudi à vendredi a vu les émeutes se répandre un peu partout à Paris et sa banlieue. Un embrasement qui fait suite à la mort de Nahel, un jeune de 17 ans, abattu ce mardi à Nanterre par un policier, lors d’une fuite en voiture. Ce vendredi encore, des lieux publics ont été évacués à l’instar de Créteil Soleil.
En Seine-Saint-Denis, presque aucune ville n’a été épargnée et la police indique avoir procédé à une centaine d’interpellations.
Malgré la mobilisation des acteurs sociaux dans la journée à Montreuil, les boutiques de la rue des Lumières, dont une pharmacie, ont été prises d’assaut. Même scènes de pillages dans le magasin Darty à Bondy ou à Pantin, au niveau du métro Hoche, où des petits commerces comme un tabac ont été visés. Les vitrines d’une banque et du McDonald’s ont aussi volé en éclat.
Magasin Action incendié
Après la destruction, hier, du magasin Aldi dans le quartier du Gros Saule à Aulnay-sous-Bois, c’est le magasin Action qui a été incendié à Sevran.
À Drancy, c’est un semi-remorque qui a été utilisé pour défoncer l’entrée de la porte 1 du centre commercial Avenir. Des vidéos montrent aussi la mairie vandalisée et des personnes repartant de la salle du conseil municipal avec la photographie officielle du président de la République.
“Brûler une voiture ou piller un magasin ont pour seul effet de pénaliser durement les Drancéens dans leur quotidien. S’attaquer à la mairie, au centre culturel ou au mobilier urbain va engendrer des dépenses considérables, de l’argent qui fera cruellement défaut dans les quartiers et les services municipaux“, fustige Aude Lagarde, maire (UDI) de la commune, dans un communiqué, condamnant des “comportements délirants“. L’édile déplore aussi “que certains parents, chez qui les jeunes vandales vivent encore pour l’immense majorité, les laissent sortir toute la nuit dans une période aussi troublée. Ce sont là des comportements irresponsables !“
Même constat pour Karine Franclet, maire (UDI) d’Aubervilliers, où 12 bus d’un centre de bus de la RATP ont été complètement carbonisés par des cocktails Molotov.
À Clichy-sous-Bois, la porte d’entrée de la mairie a été partiellement incendiée. C’est dans cette commune que la mort, en octobre 2005, de Zyed Benna et Bouna Traoré, avait déclenché vingt-et-un jours de violences et de dégradations urbaines à travers la France. Un scénario d’émeutes que les élus et d’habitants redoutent aujourd’hui.
Agence Pôle emploi brulée
Les violences n’ont pas non plus épargné des établissements scolaires comme le collège Victor Hugo à Noisy-le-Grand, qui a été incendié, ou mercredi, l’école maternelle André Chenier à Neuilly-sur-Marne. À Bobigny après la destruction du bus du cœur des femmes, c’est l’agence Pôle emploi qui a été réduite en cendres.
Couvre-feu à Neuilly-sur-Marne
Après cette troisième nuit d’émeutes, le maire (DVD) de cette commune, Zartoshte Bakhtiari, a décidé d’instaurer un couvre-feu sur certains secteurs de la Ville “afin d’empêcher les fauteurs de troubles de circuler librement.” “Tout déplacement est interdit entre 23 heures et 6 heures du matin dans les quartiers les plus touchés par les actes de sauvageries de la nuit précédente ou risquant de l’être, à savoir les secteurs Fauvettes-Val Coteau, Mairie et Primevères. Toute présence à l’extérieur est donc interdite dans ces quartiers jusqu’à la date de fin de l’arrêté, c’est-à-dire le lundi 3 juillet à 6 heures“, précise-t-il.
Le dépôt de #bus #RATP D'#Aubervilliers incendié.
— La Base RATP (@BaseRatp) June 30, 2023
La situation devient très grave, nos collègues ne vont pas pouvoir travailler dans ces conditions dans les jours à venir. pic.twitter.com/63cvp2wtwO
Lire aussi (concernant la nuit précédente) : Nuit de violences urbaines en Seine-Saint-Denis
En Seine-Saint-Denis comme en Val-de-Marne et ailleurs en Ile-de-France, de nombreuses festivités ont aussi été annulées.
Lire : Ile-de-France : festivités annulées et arrêt des transports en commun à 21 heures
Deuxième nuit de feu en Val-de-Marne
Dans le Val-de-Marne, le Carrefour market de Valenton a été pillé (photo de une) et plusieurs mairies ont de nouveau été prises pour cible, comme celle de Valenton, indique une source policière. Le McDonald’s d’Orly a été saccagé et des cocktails Molotov ont été lancés sur la police à Orly, selon cette même source policière. A Bry-sur-Marne, c’est le commissariat qui a été attaqué. Le maire, Charles Aslangul (LR) a pris un arrêté instaurant un couvre-feu de 23 h à 6h.
#emeutes
— Charles Aslangul (@CharlesAslangul) June 29, 2023
🚨🔥 Cette nuit à Bry-sur-Marne, le poste de Police municipale, la Mairie et nos policiers ont été attaqués aux mortiers, des feux ainsi que des saccages observés ailleurs. Mais la Ville a tenu. 1/2 ⤵️ pic.twitter.com/Mj9W5MOOqW
À L’Haÿ-le-Roses, le maire, Vincent Jeanbrun, a fait état, auprès de France Info, d’une “nuit d’horreur”, d’une “insurrection”, racontant l’attaque de la mairie et de magasins, de manière “très organisée” et “préméditée.”
🗣 "Je suis dans un état émotionnel proche du dégoût. Ce que l’on a vécu hier était une véritable insurrection."
— franceinfo plus (@franceinfoplus) June 30, 2023
Le maire de l'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) Vincent Jeanbrun (LR) revient sur les violences qui ont frappé sa commune cette nuit. pic.twitter.com/u6A2KJ8coC
L’élu a depuis fait barricader l’accès à la mairie.
Le maire de la Hay les Roses , Vincent Jeanbrun a tweeté :
— 0404Informations (@0Informations) June 30, 2023
Jamais en devenant Maire de @LHay_les_Roses je n’aurais imaginé devoir barricader l’hôtel de ville avec des Barbelés !
Qu’attend le Gouvernement pour déclarer un #etatdurgence ? pic.twitter.com/xM2BT1r0HP
À Villeneuve-Saint-Georges, de nombreux feux de poubelle ont été constatés. “J’étais sur le terrain jusqu’à 2h30 du matin, il y a surtout eu des feux de poubelle dans différents quartiers. Des jeunes ont aussi essayé de bloquer la RN6”, indique le maire DVD, Philippe Gaudin, joint par 94 Citoyens. “A Champigny, nous avons eu beaucoup de feux de poubelle, mais aussi de voitures et de mobilier urbain, dans la plupart des quartiers. Quelques commerces ont aussi été dégradés, avec quelques vols, relate à 94 Citoyens le maire, Laurent Jeanne (Libres), qui avait anticipé. “Nous avons pris certaines mesures comme l’installation du marché ce matin au lieu d’hier soir, et avions aussi invité les restaurateurs à fermer plus tôt.” L’élu regrette par ailleurs que les renforts de police annoncés à l’occasion d’une réunion avec la préfecture dans la journée n’aient pas été alloués. “Nous devions avoir une unité de CRS, nous n’en avons pas vu la couleur. Et les autres maires du département ont fait le même constat.”
À Fontenay-sous-Bois, même ambiance. “On vit des nuit difficiles et nous n’avons pas été épargnés mais si ce n’était pas l’endroit le pire. Il y a eu quelques échauffourées avec la police, quelques voitures et poubelles brûlées, des tirs mortiers, une tentative d’intrusion dans le théâtre avec des dégradations extérieures, énumère l’édile, Jean-Philippe Gautrais (Nupes), à 94 Citoyens. C’est un gros coup de stress, on est tendu et impuissant, résume le maire. Même si l’on fait ce que l’on peut : rentrer poubelles, faire passer les messages d’apaisement… Tout le service public municipal est mobilisé.”
“À Choisy-le-Roi, nos structures municipales ont été épargnées contrairement à Villeneuve-le-Roi et Valenton où la situation est dramatique”, témoigne Tonino Panetta, maire de la commune, auprès de 94 Citoyens, tout en rappelant que le Lidl du quartier des Navigateur a été saccagé et pillé la première nuit. “La deuxième nuit, des poubelles ont de nouveau été incendiées dans les carrefours pour tenter de bloquer la circulation et le commissariat a subi deux très fortes attaques au mortier. Des magasins ont été cassés et pillés, comme le Franprix à la limite de Thiais”, détaille l’élu. “Notre service municipal de la jeunesse et nos médiateurs sont sur le terrain pour dialoguer et appeler au calme”, poursuit le maire qui s’inquiète de la tenue du festival de rap Yardland au parc interdépartemental de Choisy ces 1er et 2 juillet. Côté préfecture, le directeur de cabinet a fait savoir cet après-midi avoir demandé l’annulation de manifestation aux organisateurs, indiquant ne pouvoir mettre à disposition des forces de police ni de secours pour sécuriser la manifestation.
Lire aussi, à propos de la première nuit : Nuit d’émeutes urbaines en Val-de-Marne
Ce vendredi après-midi : évacuation du centre commercial Créteil Soleil
Ce vendredi après-midi, le centre commercial Créteil Soleil a été évacué de manière préventive, suite à des risques d’intrusion. La CCI du Val-de-Marne a également été évacuée pour les mêmes motifs.
408 interpellations à Paris et petite couronne
À Paris, au moins deux boutiques du centre-ville, dont l’une aux Halles, ont été vandalisés. Quatorze personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police de Paris (PP), dont certaines gares du Nord avec des objets volés. Rue de Rivoli, 16 personnes ont été interpellées avec des sacs, des chaussures et des vêtements dérobés dans un magasin. À 2h30 vendredi, la préfecture de police faisait état de 61 interpellations uniquement dans la capitale.
Le bilan de la soirée s’est élevé à 408 interpellations à Paris et dans sa petite couronne, selon la préfecture de police ce vendredi en fin de matinée.
Ce matin, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, a annoncé 667 interpellations au niveau national.
En Seine-et-Marne, peu après 2h00, les forces de l’ordre étaient “très sollicitées” et ont pu “contenir les tentatives d’intrusion aux commissariats de Meaux, Villeparisis, grâce aux renforts”, a assuré à l’AFP une source sur le terrain. Le centre social de Nemours a été détruit ainsi qu’une partie d’une école à Moissy-Cramayel.
Lire aussi : Le point sur les émeutes du 29-30 juin à Paris, par arrondissement
“La situation en Ile-de-France et à Paris était extrêmement tendue, avec des forces de l’ordre ne pouvant pas tout maîtriser”
“Les incidents ont lieu partout en France mais la situation en Ile-de-France et à Paris était extrêmement tendue, avec des forces de l’ordre ne pouvant pas tout maîtriser compte tenu de la multiplicité des incidents”, indique à l’AFP une source policière de haut rang. Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a insisté sur les “interpellations record” effectuées dans un contexte de violences urbaines où les interpellations sont difficiles à réaliser.
Dans les Hauts-de-Seine, Nanterre est resté l'”épicentre” des violences, selon une source préfectorale. La cité Pablo-Picasso, dont Nahel était originaire, a connu une troisième nuit d’affrontements avec des voitures incendiées, des tirs de mortiers d’artifice et de grenades artisanales, a constaté une journaliste de l’AFP. Une agence bancaire du Crédit mutuel, un centre des impôts et plusieurs écoles ont été incendiés.
Des villes comme Châtillon et Sèvres, jusqu’à présent calmes, ont connu aussi une nuit agitée avec des pillages. Plusieurs commissariats ont été pris à partie à Asnières, Villeneuve-la-Garenne ou Sèvres. Un feu s’est déclaré dans les locaux de la sûreté publique à Sceaux.
Pas de répit non plus en Val d’Oise où un haut gradé a fait état à l’AFP d‘”une nuit compliquée et d’intensité supérieure à la nuit précédente.” Une quinzaine de villes du Val-d’Oise notamment Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, et Argenteuil, ont subi des dégradations toute la nuit, indique une source policière. Parmi les dégâts les plus importants du département figure un centre culturel détruit à 80% à Saint-Gratien, une concession Renault de 6 000 m2 à Osny entièrement détruite par les flammes ainsi qu’un entrepôt de matériel médical de 2 500 m2 à Groslay.
Article actualisé régulièrement ce 30 juin. (Nouveaux chiffres, nouvelles réactions) Dernière mise à jour : 21h41.
Rédaction Citoyens.com (Charles Henry, Raphaël Bernard, Cécile Dubois) et AFP
Lire aussi :
rappelons que au niveau mondial les hommes sont plus nombreux que les femmes
c’est l’inverse en france
rappelons les deux revolutions semi-silencieuse
la désindustrialisation avec un impact sur les cols bleus majoritirement masculin et cgt
l’informatisation de la société avec un impact sur les cols blans et une féminisation des professions grace a la bureautique et la diplomation croissante des femmes sans oublier le teletravail
il reste la revolution numerique avec l’intelligence artificielle aux effets a découvrir
Il faut aussi parler de la grande absence des pères de ces jeunes, souvent élevés seuls par leurs mères qui font ce qu’elles peuvent. Il ne suffit pas de faire des enfants et d’aller voir ailleurs, c’est une responsabilité (et une joie) de s’en occuper et de les élever, dans tous les sens du terme.
Les socialogues doivent se pencher sur le phénomène des femmes divorcées ou célibaitaires ayant des enfants à charge c’est logique qu’elles ne peuvent pas les éduquer correctement car un enfant à besoin de la présence de ses deux parents et une mère seule ne peut pas assumer le travail et l’éducation, la présence du père est nécessaire pour l’équilibre de l’enfant qui voit en lui une autorité.
Le problème n’est pas aussi simple que vous croyez.
Et on pourrait aussi s’interroger, bien que ce ne soit pas politiquement correct, sur la féminisation quasi totale de l’éducation nationale, et celle en cours dans la magistrature (70 % du personnel est féminin) …
Ce qui se passe actuellement, mais aussi les évènements récents au stade de France, en 2005 et aussi lors de manifestation de lycéens qui se sont fait ‘dépouiller’ par des bandes organisées illustre la grande incapacité des politiques qui nous gouvernent (rappelons nous que la ‘marche des beurs’ pour demander l’égaité et l’intégration date de 1985) :
– Il y a bien un problème qui trouve son origine dans une frange de la jeunesse qui refuse l’intégration et se mue en société parallèle.
– De nombreux partis politiques et des ONG ne comprennent pas le sens de la “Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen” : l’individu a des droits, le citoyen a des devoirs ! On ne parle que de droits, d’aides, etc … mais jamais des devoirs, et voilà le résultat.
De toute urgence il faut rétablir l’instruction civique, engager la responsabilité des parents, et appliquer des sanctions sévères … sans faire l’amalgame avec la majorité de la population, qui quel que soit son origine, ne demande qu’à vivre en paix.
Quand je dis “sans faire d’amalgame”, je ne donne pas des leçons de morale à la manière des partis sociétalistes et pleurnichards … Je dis simplement que dans une ville ou une banlieue de disons 50 000 habitants, ce sont des hordes de voyous de 200 ou 300 ‘jeunes’ qui ont pratiqué vandalisme et pillage ! Il ne faut pas faire d’assimilation avec les milliers d’autres jeunes qui n’ont rien fait !
Piller, brûler des autobus ou des tramways, mettre le feu à des appartements : ce ne sont pas des marques de protestations mais du pur vandalisme en bande organisée !
La faute de ce policier est très grave, la marche blanche était justifiée, mais pas le comportement de ces hordes de voyous.
Il faut rétablir l’ordre bien sûr, mais aussi sanctionner les parents qui laissent leurs enfants faire ce qu’ils veulent, c’est à dire des bêtises qui conduisent à la délinquance, et enfant rétablir l’autorité à l’école et l’enseignement civil.
Tous ces évènements montre un pays en totale déliquescence … Je pense que l’état d’urgence s’impose, et le rétablissement de la police quotidienne dans “les quartiers’.
Il y a quelques années au Japon, on commençait à voir des bandes de voyous s’installer. Des appartements sur rue ont été transformés en commissariat ouvert 24 h / 24, avec éclairage, caméras, et vues croisées avec d’autres petits commissariats à proximité. Des forces d’intervention étaient disponibles en quelques minutes, et les sanctions très dures : en quelques mois le problème fut résolu ! C’était au japon, pas en France …
Excellent
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