Obligatoire sur les vélos neufs, le marquage permet d’identifier les montures avec un numéro unique en cas de vol. Est-ce efficace ? Réponse avec Mieux se déplacer à bicyclette, qui organisait un atelier gravage il y a quelques jours à Paris.
Sur le parvis de la mairie du XIIIe arrondissement, un petit bruit de marteau-piqueur persiste. Armé d’un pistolet, Nicolas Moreau grave des codes à la chaînes sur les vélos de cyclistes, qui font la queue comme dans une boutique. Un passage au fusain pour faire ressortir la combinaison de chiffres et de lettres, un film plastique pour la protéger, et le tour est joué. Durée de l’opération : cinq minutes.
Les vols de vélo : “ça n’intéresse pas” la police
Didier passait à l’improviste, et s’est laissé tenter. En 20 ans de cyclisme, cet ex-employé du ministère de la Défense s’est fait voler deux engins. “La dernière fois que je me suis fait voler un vélo, je suis allé porter plainte, mais je sentais que ça emmerdait les flics. Ils ont classé ma plainte comme non recevable, je ne sais pas pourquoi”, raconte-t-il. “Je pense que c’est trop de paperasse pour eux. Et puis, des vélos volés, il y en a trop, ça ne les intéresse pas !”, suppose-t-il en réajustant ses lunettes. Après avoir “codé” son compagnon à deux roues, Didier est plus serein – “mais je vais continuer à l’attacher quand je le gare !”, rassure le septuagénaire en pointant le long cadenas en U fixé sur le porte-bagages arrière.
Près de 1 000 km en fauteuil roulant électrique !
Même discours pour Yann, la trentaine. Se déplaçant en fauteuil, ce thésard s’est offert il y a trois mois une “troisième roue motrice”, qui lui permet de transformer sa chaise en vélo électrique. “Depuis que je l’ai, j’ai déjà fait 917 km !” chiffre-t-il, en montant son compteur. “Donc en moyenne, ça revient à une dizaine de kilomètres par jour. Ça me change la vie”, raconte ce chercheur en mathématiques appliquées. Pas question, donc, de se faire voler son véhicule. D’autant plus que Yann a beau avoir bénéficié de subventions, le prix total s’élève aux alentours de 4000 €. Bien plus cher que beaucoup de vélos électriques…
“On estime que cela permet de restituer environ 10% des vélos volés”
Sponsorisée par la mairie du XIIIe arrondissement, l’opération, effectuée par l’association Mieux se Déplacer à Bicyclette (MDB), permet de marquer son vélo gratuitement – contre 10€ en temps normal. Avec le bouche-à-oreilles, la queue s’allonge, jusqu’à atteindre une dizaine de personnes. Malgré le succès, Nicolas Moreau, membre de l’association depuis plusieurs années, calme le jeu. “Marquer son vélo n’empêche pas le vol, c’est juste dissuasif. Cela permet que les vélos retrouvés par la police soient restitués à leurs propriétaires”, rappelle-t-il. “On estime que cela permet de restituer environ 10% des vélos volés”, assure Angèle Rajagobal, responsable de la filiale Bicycode chez la Fédération des Usagers de Bicyclette (FUB), venue donner un coup de main.
Marquage obligatoire pour les vélos neufs
Depuis le 1er janvier 2021, le marquage des vélos neufs est devenu obligatoire. Les bénévoles ne s’occupent donc plus que des vélos anciens. “C’est un vieux combat pour des associations comme la nôtre. Maintenant, notre activité est vouée à disparaître. C’est une victoire, d’une certaine manière “, rigole-t-il. Là où, auparavant, les bénévoles réalisaient une trentaine de marquages par semaine, ils n’en effectuent plus qu’une cinquantaine par mois, selon leurs estimations.
Des opérations comme celles-ci permettent-elle d’inciter à la pratique du vélo dans la capitale ? “Le vol des bicyclettes est un frein à la pratique, c’est sûr. Mais ce n’est pas le dernier !”, tempère Nicolas Moreau. “L’amélioration des aménagements et l’agrandissement des surfaces cyclables reste la priorité. Il y a aussi un travail général d’éducation à faire chez les piétons, les automobilistes et les cyclistes pour apprendre à partager la route.”
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