Récupération de stocks invendus, confection à base de fils naturels… La manufacture Berlier, inaugurée jeudi, accueille entreprises et associations dans le but d’être le nouveau temple parisien de la mode circulaire, avec des créations d’emplois à la clé.
C’est au sud de Paris, dans le 13e arrondissement, rue Jean-Baptiste Berlier, que la manufacture dédiée à l’économie circulaire a pris ses quartiers. La mairie a versé 2,5 millions d’euros de subventions à la RIVP (régie immobilière de la ville de Paris) pour modérer les loyers.
Six occupants se partagent ses 1 150 m², au deuxième étage d’un bâtiment vitré signé Dominique Perrault : l’association de chefs d’entreprise Fashion Green Hub, les associations d’insertion professionnelle Hawa, Espero et Trevo, l’atelier de teinture Whole et l’atelier de création et confection Coco&Rico. Ces structures oeuvrent à une mode plus responsable en récupérant invendus, chutes de production, fins de stocks. Elles produisent Made in France, forment à l’économie sociale et solidaire et embauchent des personnes éloignées de l’emploi.
3 000 nouveaux emplois attendus dans l’économie circulaire à Paris
Selon la Ville, d’ici 2030, la filière parisienne d’économie circulaire permettra de créer 3000 emplois et d’éviter ou de valoriser 20 000 tonnes de déchets textiles par an. Contourner “une économie prédatrice qui ne s’intéresse ni à la planète ni aux gens (…) c’est possible, ce n’est pas une utopie”, enjoint Anne Hidalgo, la maire de Paris.
“Les marques de luxe sont très intéressées, elles nous disent ‘On a des hangars remplis de stocks dormants, on ne sait pas quoi en faire”, se réjouit Lucas Thivolet Conde Salazar, de Fashion Green Hub Grand Paris.
Celle-ci est “centrale, accessible et baignée de lumière”, s’enthousiasme Thomas Ebélé, président de Fashion Green Hub Grand Paris, qui loue “un lieu au cœur de l’héritage de l’industrie textile”, où coulait auparavant la Bièvre, alimentant teinturiers et tanneries.
Espaces de coworking, studio photo, ateliers de création et de confection… Au sein de la manufacture règne une ambiance feutrée, à peine dérangée par les bruits de frôlements de tissus et la discrète cadence des machines à coudre qui s’activent épisodiquement.
“On voit plein de machines et peu de travailleurs dessus”, dit Gabriel Defrocourt, co-fondateur de Coco&Rico, atelier de création et de confection pour de nombreuses marques, de Marine Serre à Paul & Joe, à partir de matières bio, récupérées et produites en France.
Quel plaisir d’inaugurer aux côtés d’@Anne_Hidalgo la Manufacture Berlier: 1200m2 dédiés à l’économie circulaire du textile à @Paris
— Florentin Letissier (@f_letissier) May 25, 2023
Nous connaissons tou•tes les impacts de l’industrie textile. Alors quelles solutions ? Produire, distribuer, consommer autrement.
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“Vous pouvez oublier votre jupe sur la plage, elle est compostable”
Car contrairement aux productions mondialisées, tout est fabriqué sur place et nécessite donc beaucoup de matériel, opéré par des “mécaniciens qui ont de l’expérience”, explicite son associée Cléa Polar.
Plus loin, trois couturières s’affairent sur un tissu couleur Terre de Sienne. Une collection “toute en lin” cousue avec du fil “100% coton”, sans mercerie: “Vous pouvez oublier votre jupe sur la plage”, elle est compostable, assure Lucie Mestre, fondatrice du bureau d’études L’Unique Façon, qui accompagne la marque Imajine dans son développement.
“Quand j’ai commencé (un Master de styliste-modéliste, NDLR), on n’abordait pas ces notions”, explique Stacy Venient, alternante de 23 ans qui “ne pensait pas du tout” auparavant aux enjeux environnementaux de la mode. “Mais maintenant, c’est devenu une évidence: pour ma collection, je vais faire super attention”, promet-elle.
Dimension sociale
À la manufacture, c’est aussi “l’aspect social” qui a séduit Maya Takeuchi, cheffe d’atelier à Hawa, qui emploie des femmes en difficulté: “On est un petit atelier mais on est en train de repousser les frontières des inégalités entre les hommes et les femmes”. Sous sa houlette, Annette Ntsama confectionne un grand cabas en jean.
“Les choses de la vie” ont mené la mère de famille de 43 ans de l’Italie à la France, de l’hôtellerie à la couture, mais Annette est désormais certaine : “C’est exactement ça que je cherchais !“
par Ornella LAMBERTI
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