Politique | Paris | 15/07/2023
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Pas de manifestation contre les violences policières samedi à Paris

Pas de manifestation contre les violences policières samedi à Paris © Pixabay

Encore une manifestation interdite: la justice a confirmé qu’un rassemblement prévu samedi après-midi à Paris contre les violences policières ne pouvait pas se tenir, suscitant la colère des organisateurs contre le gouvernement, qui invoque la pénurie de forces de l’ordre après les émeutes et le 14-Juillet.

Les juges des référés du tribunal administratif de Paris ont rejeté à la mi-journée le recours introduit par la Coordination nationale contre les violences policières pour obtenir le maintien de la manifestation, prévue à 15h00 place de la République.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé dès mercredi l’interdiction de ce rassemblement, ainsi que de toute autre manifestation, jusqu’au 15 juillet inclus, “en lien direct avec les émeutes” qui ont suivi la mort le 27 juin du jeune Nahel à Nanterre.
Le préfet de police Laurent Nuñez avait donc pris jeudi un arrêté d’interdiction dans lequel il avait invoqué un risque de “trouble à l’ordre public” et le manque de policiers et gendarmes disponibles pour y faire face, après une séquence qui les a “fortement mobilisés”.
Du côté de la Coordination nationale contre les violences policières, dont sont membres plusieurs dizaines d’associations, collectifs, syndicats et partis de gauche (LFI, EELV, CGT…), l’incompréhension s’est mêlée à la colère à l’annonce de la décision de justice.
“La préfecture de police, confortée par les juges des référés du tribunal administratif de Paris, empêche tous canaux d’expression démocratique de revendications parfaitement légitimes”, a réagi Me Lucie Simon, avocate des organisateurs.
La Coordination a elle fustigé sur les réseaux sociaux un “tribunal administratif aux ordres de (Gérald) Darmanin” et annoncé une réunion à 15h00 au gymnase Bidassoa, dans le XXe arrondissement.
Les organisateurs ont convoqué une conférence de presse mais n’ont pas maintenu leur appel à manifester place de la République, où une quinzaine de véhicules des forces de l’ordre avaient été prépositionnés, selon une journaliste de l’AFP sur place.
Une cinquantaine de personnes, dont au moins deux élus, ont déployé la banderole de la Coordination, sous surveillance de gendarmes présents à quelques dizaines de mètres.

Forces de l’ordre “épuisées”

L’autorité préfectorale avait déjà interdit la semaine dernière une marche dans le Val-d’Oise visant à honorer la mémoire d’Adama Traoré, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.
Le préfet de ce département avait affirmé ne pas disposer de suffisamment d’effectifs pour assurer la sécurité de l’événement. “Les forces de l’ordre sont épuisées”, avait-il dit à l’audience devant le tribunal administratif, qui avait finalement validé l’interdiction.
La manifestation avait alors été déplacée place de la République à Paris, mais de nouveau interdite, cette fois par le préfet de police, ce qui n’avait pas empêché environ 2.000 personnes de se rassembler le 8 juillet.
Devant le tribunal administratif samedi matin, le représentant de la préfecture de police a lui aussi invoqué la “faible disponibilité des forces de l’ordre” après les récentes nuits de violences urbaines et la mobilisation d’un important dispositif de sécurité jeudi et vendredi soir pour le 14-Juillet.
Le problème “n’est pas l’objet de la manifestation mais la possibilité que des individus violents” y soient présents, a-t-il argué.
Selon un responsable de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) présent à l’audience, les 10.000 policiers et gendarmes mobilisés jeudi et vendredi soir à Paris et en petite couronne “sont au repos”. Ce qui ne laisse que “cinq unités, soit 300 CRS” pour encadrer la manifestation.
“Le contexte est de plus en plus répressif”, a déploré devant le tribunal Me Pierre Brunisso, qui représentait la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Alors que la procédure pour organiser une manifestation “est déclarative et doit le rester, on a le sentiment de devoir demander l’autorisation de la préfecture”, a-t-il regretté.

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