À l’heure des massifs départs en retraite non remplacés de soignants, l’arrivée d’une sage-femme en ville est un heureux événement. À Noiseau, Colyne Mauduit a déjà fait le plein de patients, un mois après son installation dans la toute nouvelle maison médicale intercommunale.
Colyne Mauduit n’a pas encore trente ans mais elle a déjà “fait naître” 250 bébés. Diplômée depuis trois ans, la jeune femme exerce à la maternité des Hôpitaux de Saint-Maurice. C’est en feuilletant le magazine municipal de sa ville, Noiseau, qu’elle a découvert, en décembre 2022, le projet de créer une maison médicale. Le déclic pour se lancer en libérale. “J’ai contacté le maire. À l’époque, la commune cherchait des médecins généralistes et des spécialistes, pas particulièrement des sages-femmes, mais je savais qu’il y avait un manque autour de chez nous. Le parcours vers le libéral s’est ainsi lancé, un peu par un concours de circonstances.”
Lutter contre la désertification médicale
Située au rez-de-chaussée d’une résidence du centre-ville de Noiseau (2 ter avenue Pierre Mendès France), la nouvelle maison médicale vise à lutter contre le désert médical de ce territoire. Le local de 275 m2 a été acquis par l’intercommunalité Grand Paris Sud Est Avenir avec le soutien du Conseil régional d’Ile-de-France et de l’Agence régionale de santé (ARS).
Elle doit accueillir, Maud Benattar, médecin généraliste déjà installée en ville, un second généraliste et un cabinet de trois infirmiers, en plus de la sage-femme. Deux cabinets sont encore disponibles pour lesquels le territoire recherche des praticiens avec l’aide de l’ARS et de l’URPS.
Un afflux de patients dès l’ouverture
Installée dès l’ouverture de la maison médicale, début juillet, Colyne Mauduit a rapidement vu affluer les futurs parents pour du suivi de grossesse, des cours de préparation à la naissance, l’entretien prénatal précoce, la visite post-partum ou encore la rééducation. Dans un périmètre qui s’étend aux communes du Haut Val-de-Marne, Plateau Briard et même Seine-et-Marne. “Le temps à consacrer aux patientes diffère en fonction de la nature de la consultation mais je peux recevoir en moyenne de dix à douze personnes par jour. Je complète cela par des visites à domicile“, explique-t-elle. Une patientèle qui s’est développée d’autant plus vite que plusieurs consœurs du secteur partent actuellement à la retraite.
“Quand j’ai commencé mes études, le contexte était différent. Il y avait encore beaucoup de professionnels. Depuis deux ans, les écoles ne remplissent plus leurs quotas, les jeunes diplômés se réorientent, les départs en retraite ne sont pas compensés“.
Une vocation née au collège
C’est au collège du Parc du Sucy-en-Brie que Colyne Mauduit a découvert ce métier, en consultant un manuel d’orientation professionnelle. Dès l’année suivante, elle effectuait son stage de troisième en maternité à la clinique des Noriets, à Vitry-sur-Seine. Après son baccalauréat, obtenu au lycée Christophe Colomb de Sucy-en-Brie, elle suit une première année de médecine à l’Upec (Université Paris-Est Créteil) mais arrive d’abord “reçue-colléee” au concours de sages-femmes, ce qui signifie qu’elle a obtenu la moyenne mais que le quota de places n’est pas suffisant pour l’accueillir. Elle fait alors un an de césure durant lequel elle travaille, avant d’intégrer une deuxième année de licence de biologie à la faculté de médecine de Tours pour représenter le concours. Cette fois-ci, elle est admise à l’école de sages-femmes.
Encore des freins réglementaires
Si, aujourd’hui, la Noiséenne s’épanouit entre l’hôpital et l’exercice libéral, cette activité mixte ne va pas pouvoir durer en raison de la réglementation, regrette-t-elle. “Contrairement aux médecins, nous n’avons pas le droit de faire les deux. Soit vous devez mettre en disponibilité de la fonction publique hospitalière, soit vous faites une demande de temps partiel pour création d’entreprise, mais celle-ci n’est valable que trois ou quatre ans. À terme, vous devez choisir l’un ou l’autre”, détaille la jeune soignante, qui garde “bon espoir que la situation évolue“.
Pour l’heure, Colyne Mauduit exerce à la Maison médicale deux jours par semaine, et cherche à partager ses locaux avec une autre sage-femme.
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