Après 38 ans passés chez Renault, Philippe Jombart a rejoint le Tribunal de commerce de Créteil depuis six ans comme juge consulaire. Ce lundi 30 janvier, à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée, il en prendra la présidence, en succession de François Bursaux. Son objectif : renforcer la prévention. Rencontre.
Habitant de Saint-Cloud, rien ne prédestinait Philippe Jombart à rejoindre le Tribunal de Commerce de Créteil, mais c’est là que manquaient des forces vives. Alors, lorsqu’on lui a proposé de rejoindre la juridiction, il y a six ans, il a accepté. Après une carrière chez Renault, il s’est mis au service des entreprises du Val-de-Marne, à tel point qu’en ce lundi 30 janvier, c’est ce sexagénaire dynamique qui sera investi comme président à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée. Il succédera à François Bursaux, aux commandes depuis 2019.
Rappelons que le mandat de juge consulaire au Tribunal de commerce est bénévole. Le TC de Créteil comprend 49 juges. Ces derniers arbitrent des litiges commerciaux et traitent des procédures collectives des entreprises de moins de 250 salariés dont le montant net du chiffre d’affaires est inférieur à 20 millions d’euros. Au-delà des situations critiques, le Tribunal de commerce peut accompagner les sociétés dès qu’elles sont en difficulté, pour éviter justement d’en arriver à la liquidation judiciaire.
En savoir plus sur le fonction du tribunal et les conditions pour devenir juge consulaire.
Après la crise sanitaire et une étonnante résilience des entreprises, qui ont bénéficié de l’effet amortisseur du chômage partiel et des Prêts garantis par l’Etat (PGE), comment s’est terminée 2022, comment s’annonce 2023 ? Question au nouveau président.
“Par rapport à 2021, nous avons constaté 30% de procédures collectives de plus en 2022, mais ce nombre reste inférieur de 25% à 2019, année de référence avant la crise sanitaire. Surtout, insiste Philippe Jombart, il y a plus de créations que de radiations”, ce qui témoigne d’une dynamique positive.
Pour 2023, le verdict pourrait tomber d’ici quelques mois, lorsque les Urssaf, patientes durant la crise, vont reprendre les assignations. Anticiper ces défaillances, avant qu’il ne soit trop tard, sera l’un des objectifs du Tribunal de commerce. “Notre but est de protéger l’entreprise”, rappelle Philippe Jombart. Plus ces dernières se présentent tôt, plus il est possible de mettre en place des aménagements, voire de faire évoluer le modèle économique, afin d’éviter d’aller dans le mur.
Des outils prédictifs pour faire de la prévention
Problème : les entreprises peinent à évaluer le point de non-retour. Et les entrepreneurs qui ont la tête dans le guidon préfèrent souvent redoubler d’efforts pour tenter de rattraper la situation au lieu de prendre le recul nécessaire. Dans ce contexte, le nouveau président souhaite travailler sur la prévention en identifiant les sociétés à risque grâce à des indicateurs de fragilité, comme par exemple les fournisseurs impayés. Des “outils de prédiction” qui devraient être expérimentés dès cette année.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.