Education | | 29/03/2023
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Polémique sur la dénomination du lycée Angela Davis à Saint-Denis

Polémique sur la dénomination du lycée Angela Davis à Saint-Denis

La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a décidé ce mercredi de saisir le ministre de l’Éducation nationale pour trancher sur l’attribution du nom d’Angela Davis à un lycée de Saint-Denis, en raison de prises de position critiques sur la France de la militante américaine. La gauche dénonce un “coup de force”.

“Le nom d’Angela Davis ne fait pas consensus”, a motivé la présidente lors de la commission permanente du Conseil régional, qui devait délibérer sur cette nomination. Les régions sont, en effet, compétentes sur les infrastructures de lycées. L’élue a retiré la délibération et promis “de saisir personnellement le ministre de l’Éducation nationale et le préfet de région au titre du contrôle de légalité pour analyser cette question.”

“En attendant que l’État se prononce, je me retournerai vers la communauté éducative et le maire de Saint-Denis pour qu’on cherche un nouveau nom à cet établissement”, a ajouté Valérie Pécresse.

Si “la quête de dignité et d’égalité sont au cœur de l’engagement” de la militante des droits civiques, figure de la lutte pour l’égalité des Noirs américains, sa “conviction que le racisme est une affaire systémique” est une thèse qui “nourrit les replis communautaires et peut encourager la violence”, estime l’élue, ajoutant qu’“un certain nombre des prises de position récentes d’Angela Davis sur la France pose problème.”

“Dans un lycée français, on doit apprendre à être fier de la France”

En cause, notamment, une tribune cosignée par l’universitaire en 2021 dans le Nouvel Obs, en réaction aux propos de l’ancienne ministre Frédérique Vidal sur “l’islamo-gauchisme” à l’université, appelant une enquête sur le sujet. Cette tribune, signée par quelque centaines d’intellectuels de différents pays, estimait que “la France reste une puissance coloniale (par exemple à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, aux Iles des Saintes, la Désirade, Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, etc.), et néocoloniale en termes de relations économiques, politiques et militaires avec les anciennes colonies”, et dénonçait une “mentalité coloniale (qui) se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés, comme en témoignent des mesures comme la dissolution du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France)” ou encore “la loi contre le port du voile”.

“Une partie de la gauche blanche, ainsi que des féministes qui ne font aucune analyse anticoloniale, anti-islamophobe et antiraciste, sont également des complices de l’invisibilisation de l’oppression coloniale et du racisme, en fournissant des rationalisations idéologiques au racisme structurel porté également par l’État”, poursuivait la tribune.

Dans un lycée français, on doit apprendre à être fier de la France”, fustige à son tour la présidente de région.

En mai 2018, 14 des 17 membres du conseil d’administration du lycée avaient approuvé le choix d’Angela Davis pour le nom de l’établissement, construit par la région et inauguré l’année précédente. Le maire de Saint-Denis de l’époque, Laurent Russier, avait validé ce choix.

Le groupe écologiste dénonce un “coup de force”

De son côté, le pôle écologiste a dénoncé un “coup de force” par communiqué. “À de nombreuses reprises, les écologistes ont demandé une régularisation de la situation par la région qui invisibilise ce nom dans les documents officiels, alors qu’il est adopté partout ailleurs, notamment par le Rectorat. À chaque fois, les élu.es de la majorité se sont caché.es derrière des prétextes administratifs fallacieux. Enfin donc, la réalité se dévoile : en plus de faire montre d’une grave inculture, la droite régionale, par ce coup de force pour débaptiser le lycée et le renommer, confirme avoir définitivement renoncé aux valeurs d’universalisme, de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre pacte républicain. Elle s’assoit, en plus, sur le choix unanime des citoyen.nes, des élu.es locaux et de la communauté éducative”, regrettent les élus écologistes.

Rosa Parks ?

Le groupe LR et apparentés a proposé dans un amendement de rebaptiser le lycée au nom de Rosa Parks, autre figure de la lutte contre le racisme aux États-Unis.

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