Les avocats des six policiers d’Asnières, jugés en appel à Paris depuis mercredi pour injures racistes et violences lors de l’interpellation d’un Egyptien en avril 2020, sont unanimes : le dossier est “vide”, n’est qu’une “orchestration politique” pour “faire le buzz”.
Sur cette opération policière nocturne sur les quais de Seine, la défense ne reconnait qu’une seule faute : les propos “un bicot comme ça, ça ne nage pas”.
L’insulte raciste avait fait scandale car la scène, filmée par un riverain, avait été diffusée le lendemain sur internet.
Elle restera “un mot malheureux” pour Me Alexandre Silva, qui s’est déclaré vendredi “certain d’être confronté à une erreur judiciaire”.
Jugés en première instance à Bobigny en janvier 2022, les six fonctionnaires ont été lourdement condamnés, jusqu’à un an de prison dont six mois ferme.
Au cœur du premier confinement, appelés pour un potentiel vol sur un chantier, ces policiers voient, dans sa fuite, l’un des trois suspects plonger dans la Seine.
Rattrapé sur l’autre rive, Samir E., citoyen égyptien alors âgé de 29 ans, est interpellé sous les sarcasmes des policiers. Menotté et emmené au fourgon, il affirme avoir ensuite été victime de coups des policiers.
Premier à plaider vendredi pour la défense, Me Silva a dénoncé “une orchestration politique” des avocats de la partie civile qui veulent “voir ce qui n’existe pas”. Quant aux déclarations de Samir E., c’est un “tissu de mensonges”, estime l’avocat.
Sur son banc, le plaignant a écouté, sans jamais ciller, la traduction des plaidoiries assurée par un interprète.
Les accusations de coups de pied, de poing et de matraque qu’il aurait reçus sont balayées par la défense, qui rappelle que les certificats médicaux, dressés lors de la garde à vue et dix jours après, ne font pas état de stigmates.
Aux cris et bruits entendus sur la vidéo, Me Silva rétorque qu’il y a eu “conditionnement auditif”, induit par les sous-titres posés sur la vidéo lors de sa mise en ligne.
“Depuis trois ans et demi, on a des fonctionnaires de police qui sont jetés en pâture, traités de racistes, de bourreaux d’Abou Ghraib alors qu’ils ont fait leur travail : récupérer une personne dans l’eau au péril de leur vie,” s’est, pour sa part, fendue Me Sonia De Magalhaes.
Saluant une “brillante intervention des forces de l’ordre”, Me Caty Richard a fustigé la démarche des riverains de publier la vidéo pour “faire le buzz dans les réseaux sociaux.”
Jeudi soir, l’avocate générale a requis une relaxe totale. La décision a été mise en délibéré au 15 novembre.
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