Critiquée de manière récurrente pour le niveau de pollution de l’air dans le métro, la RATP organisait ce 31 août une “journée pédagogique” à l’intention de la presse pour s’expliquer sur le sujet.
Sur le quai du RER A à l’arrêt Auber, dans le centre de Paris, une grande boîte rectangulaire traque discrètement les particules fines. C’est l’un des cinq points du réseau de la RATP, souvent critiquée pour la qualité de l’air, à mesurer la pollution en continu. Derrière des grilles, au centre du quai, à 2 mètres de hauteur, deux “têtes de prélèvements” absorbent l’air vers des filtres. Les particules fines sont alors pesées sur des montres en quartz : “du matériel à 40 000 euros avec une précision au microgramme”, souligne Sophie Mazoué, directrice RSE de la RATP, au cours d’une “journée pédagogique” organisée jeudi par la Régie à l’intention de la presse.
Objet d’une enquête du parquet de Paris et ayant subi le feu médiatique à la parution d’une étude réalisée en mai pour l’émission “Vert de rage” de France 5, qui s’alarmait de niveaux de pollution aux particules fines au-delà des standards recommandés, la RATP assure être “dans une optique d’amélioration continue” de la qualité de l’air.
Dans cinq stations parmi “les plus fréquentées”, dont Auber, des dispositifs de surveillance continue ont été progressivement mis en place depuis 1997. Leurs données sont directement accessibles sur le site de l’opérateur.
Pas assez d’études
Observant qu’il n’y a pour l’instant “pas assez d’études d’impact sur la santé pour édicter des normes”, la RATP veut “surveiller et agir”, explique Marie-Claude Dupuis, directrice stratégie, innovation et développement de la RATP. L’état de la qualité de l’air dans le réseau souterrain (métro et RER) et la communication du groupe ont, de fait, été sévèrement mis en cause ces dereniers temps.
Au printemps, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour “mise en danger d’autrui”, visant la Régie, soupçonnée par l’association Respire de dissimuler à ses usagers des taux anormalement élevés. Quelques semaines plus tard, l’étude réalisée pour Vert de rage publiait une cartographie précise – mais contestée par la RATP – de la pollution dans le réseau souterrain.
“La RATP se cache derrière le code du travail qui ne légifère pas sur ces particules” fines, accuse Bastien Berthier, secrétaire FO-RATP. “Ce qui nous inquiète c’est qu’on s’est rendu compte (avec cette étude, ndlr) que la mauvaise qualité de l’air augmente sur les lignes avec du nouveau matériel”.
Pourtant, la RATP considère que “le premier levier est le renouvellement des trains”, plus modernes et moins polluants selon Mme Dupuis. Le parc de rames devrait être renouvelé d’ici à 2034.
À plus court terme, “de nouvelles garnitures de freinages pour équiper les disques de freins” des RER est à l’expérimentation depuis 2020, explique dans l’atelier de Sucy-en-Brie Eric Lohier, responsable technique étude de la RATP. Les frottements provoqués au moment du freinage des trains émettent quantité de particules fines. Le nouveau type de garnitures doit permettre de baisser les émissions dues aux freinage mécanique de 60 à 90%.
Puits d’aération
À date, 100% des RER et 70% des métros ont été équipés de freins électriques, non émetteurs de particules. Les freins mécaniques demeurent nécessaires en complément dans certaines situations.
“On veut savoir l’impact des particules”, revendique Bastien Berthier qui affirme réclamer “depuis le début de l’année” les résultats d’une étude de santé sur les maladies respiratoires, menée par la RATP avec Unisanté, le centre universitaire de médecine de Lausanne, sur 300 agents de terrain.
“Pour l’instant, tout est rassurant, mais on continue”, assure quant à elle Mme Mazoué.
Depuis 2002, 240 ventilateurs ont été rénovés sur le réseau et 26 ventilateurs neufs ont été mis en place. Le dernier en date, disposé au fond d’un puits de ventilation de 12 mètres de profondeur non loin de la place de la Bastille, doit entrer en action en septembre. Il rejoindra les 370 ventilateurs de tunnels qui permettent à la RATP de faire circuler l’air et d’évacuer les microparticules qui se diluent ensuite dans l’air à la surface.
Le “programme de ventilation” est financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM) à hauteur de 57 millions d’euros sur l’échéance 2021-2024. “Complètement aligné” sur la RATP, IDFM “veut absolument la transparence” a assuré Laurent Probst, directeur général de l’autorité des transports franciliens qui a annoncé que des données précises, fournies par la RATP et traitées par Airparif, seraient publiées d’ici à décembre.
par Nicolas BOVE
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