Après la mort d’une Italienne de 32 ans en juin 2021, percutée par une trottinette électrique sur laquelle se trouvaient deux personnes, Paris avait déjà obligé les opérateurs à brider la vitesse à 10km/h dans 700 zones denses. Une mesure jugée encore insuffisante. Désormais, ce sera aux Parisiens de trancher.
Les Parisiens vont pouvoir se prononcer sur le maintien ou non des trottinettes en libre-service dans la capitale, lors d’un vote dimanche 2 avril, a annoncé la maire PS Anne Hidalgo dans un entretien aux lecteurs du Parisien diffusé samedi 14 janvier. Ce référendum simplifié se fera “dans les bureaux de vote”, “sur la base des fichiers électoraux”, et devra “répondre à une question très simple: continue-t-on ou pas avec les trottinettes en libre-service?”, a expliqué l’élue socialiste. L’ex-candidate du PS à la présidentielle penche pour “qu’on arrête”. “Mais je respecterai le vote des Parisiens”, a-t-elle souligné. Une consultation récente des Parisiens a montré que le sujet était “très clivant”, selon elle.
Des premières mesures insuffisantes
Fin septembre, la mairie avait déjà menacé les trois opérateurs Lime, Dott et Tier, qui totalisent une flotte de 15 000 véhicules, de ne pas renouveler leur contrat. Celui-ci arrive à échéance fin mars. Entre les accidents et les utilisateurs circulant à deux ou sur les trottoirs, parsemés de trottinettes mal garées, Paris s’interroge sur le “rapport coût/bénéfices” des trottinettes, ainsi que sur leur “coût environnemental”, avait indiqué David Belliard, l’adjoint aux mobilités et à la voirie. Le débat ne concerne pas, en revanche, les trottinettes des particuliers pour lesquelles il n’y a “pas de souci”, affirme Anne Hidalgo. Mais le libre-service, ou free floating, “n’est pas écolo” et “les salariés de ces sociétés ne sont pas correctement protégés” sur le plan social, fait-elle valoir.
Un sujet clivant
A l’instar de Paris, d’autres capitales comme Stockholm, Oslo et Copenhague ont fortement encadré l’usage des trottinettes en libre-service. Mardi 17 janvier, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune est venu au secours des opérateurs parisiens en se prononçant pour un “plan de régulation” national plutôt que pour une interdiction. Il craint notamment de “casser un mode de transport qui peut être écologique”. Dans un communiqué, l’opposition de droite a par ailleurs estimé qu’une suppression ne “règlera pas tout le problème”. “Par principe, nous privilégions traditionnellement en toutes choses la liberté, assortie d’une régulation lorsque cela est nécessaire, à l’interdiction pure et simple”, juge-t-elle.
“Cela fait deux ans et demi que nous avons mis en place le maximum de régulations autorisées par la loi et que nous demandons au gouvernement de nouveaux outils pour réguler les trottinettes en libre-service, sans aucun résultat à ce jour”, réagit l’adjoint parisien chargé des transports David Belliard. Malgré des avancées, il juge encore “très insuffisantes” les mesures prises ou envisagées par les opérateurs pour améliorer la cohabitation avec les autres usagers de la rue, citant des technologies qui permettraient d’empêcher de circuler à deux, sur les trottoirs ou en état d’ivresse.
Mis en garde par la mairie en septembre, les opérateurs avaient formulé onze pistes d’amélioration en novembre, dont l’immatriculation des engins. “Ces propositions ne sont que le fruit de leur inaction après des mois de discussions”, selon David Belliard, qui critique aussi la “faible durée de vie” des trottinettes.
Selon les chiffres des opérateurs, les utilisateurs de trottinettes sont plutôt jeunes (33 ans en moyenne) et locaux (à 85% résidents du Grand Paris). 42% sont des femmes, 40% ont un revenu annuel inférieur au revenu médian français (22.000 euros par an) et ils parcourent en moyenne 2,7 km sur leur engin.
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