Passer de 269 km d’itinéraire cyclable à 660 km en Val-de-Marne, telle est l’ambition du plan vélo voté ce lundi 11 décembre par le conseil départemental. Quels axes prioritaires ? Quel calendrier ? Quels moyens ? Le point avec 94 Citoyens.
Plus qu’un plan vélo, c’est une “stratégie vélo”, défend Olivier Capitanio, président du département.
Développement des axes cyclables
Concrètement, le premier gros enjeu est bien sûr le développement d’itinéraires cyclables sécurisés de bout en bout, en s’attelant, par exemple, aux carrefours et autres ruptures qui font renoncer à prendre son vélo.
En termes de santé publique, l’enjeu est double puisqu’il s’agit à la fois d’inciter à faire plus d’exercice physique, mais aussi de diminuer le recours à l’automobile individuelle polluante. Ceci en favorisant les rabattements vélo vers les gares.
Du loisir du dimanche au vélotaf
Longtemps cantonné au domaine du loisir, avec le développement d’itinéraires de plaisance, le vélo s’est désormais imposé comme un moyen de transport à part entière, stratégique dans la transition écologique. Un tournant qui s’est accéléré depuis 2018, avec notamment des premiers appels à projets de l’État, de la région, puis de la Métropole du Grand Paris, pour financer des projets très structurants comme des ponts.
Lire : Coups de pouce sur les pistes cyclables en Val-de-Marne
Au niveau régional, le projet global le plus structurant est celui du Réseau vélo Ile-de-France, anciennement dénommé RER V, un maillage composé de radiales et de boucles périphériques pour circuler partout en Ile-de-France, porté par le Conseil régional et le collectif associatif Vélo Ile-de-France. (Voir la carte interactive de ce schéma et son état d’avancement)
Augmentation du schéma directeur cyclable
Dans le Val-de-Marne, un Schéma départemental des itinéraires cyclables de 540 km (dont 281 km sur des routes départementales), mis en place en 2019, a priorisé des axes principaux et secondaires. Pour l’instant, 269 km ont été réalisés.
Dans le cadre du plan vélo voté ce lundi, ce schéma a été augmenté pour passer de 540 km à 660 km, dont 329 km de routes départementales (sur les 400 km de RD du 94). Sur ces 660 km, le département vise la réalisation de 450 km d’ici à 2030. Sur le plan financier, le Val-de-Marne prévoit d’investir 15 millions d’euros par an. Une partie sera prise en charge par le conseil régional dans le cadre de son accompagnement à la transition écologique qui prévoit 20 millions d’euros pour le vélo sur cinq ans. La Métropole du Grand Paris doit aussi contribuer.
De 2024 à 2030, ce sont donc 66 km supplémentaires sui devraient être livrés, ainsi que “la résorption de près de 6 coupures” urbaines, indique le départment.
Lire à ce sujet : L’Ile-de-France met 50 millions d’euros pour financer le plan transition écologique du Val-de-Marne
Voir le nouveau schéma ci-dessous :
Concerna les 20 millions d’euros sur cinq ans financés par la région, ils se répartiront de la manière suivante (voir la carte ci-dessous)
Parmi les opérations prioritaires, le département prévoit de lancer, dès 2024, les travaux sur la RD 120 à Vincennes, et Saint-Mandé, la RD 6 à Charenton-le-Pont, la RD 127 à Arcueil et Gentilly, et encore la RD 4 à Joinville-le-Pont, entre la route des pyramides et le pont de Joinville. Le département prévoit aussi de doubler de voies cyclables les projets de transport en commun en site propre (TCSP) comme le TZen 5 et Altival.
Concernant les coupures urbaines, le département évoque l’aménagement piéton cycle de l’écluse d’Ablon.
Maillage communal
Concernant les axes secondaires, le plan prévoit un soutien financier aux projets locaux, via des subventions aux municipalités ou intercommunalités.
Stationnement
L’autre volet du plan concerne le stationnement. Le plan propose de réaliser un diagnostic exhaustif, en partenariat avec les villes, pour les développer là où cela est nécessaire. En parallèle, la collectivité prévoit de déployer l’implantation d’arceaux sur les routes départementales, dans ses équipements, dans les collèges, mais aussi chez les bailleurs sociaux, en les aidant à les financer. Pour l’heure, le nombre de stationnements dans l’ensemble du Val-de-Marne est estimé à 16 000, soit 11,6 places pour 1 000 habitants.
Concertation et sensibilisation : développer la “culture vélo”
Le dernier volet de cette stratégie vélo est le développement d’une véritable “culture vélo”, qui passe par une bonne expertise du sujet, en lien avec les associations d’usagers, des actions de sensibilisation, l’encouragement financier des initiatives, l’accompagnement des public fragiles sur le vélo. Un Comité départemental vélo sera notamment institué une fois par an, qui réunira élus locaux et associations.
Un plan voté à l’unanimité
Proposé en séance plénière du conseil départemental ce lundi, le plan a été voté à l’unanimité. L’opposition a néanmoins soulevé quelques interrogations. “Le gouvernement avait fixé comme objectif une part modale de 9% de vélo en 2024. Nous n’y sommes pas. La cible est de 12% en 2024. Est-ce que notre budget est réellement en adéquation avec ce but ?”, a demandé Naïga Stefel (écologistes).
“L’État passe son temps à demander aux collectivités d’investir sur les mobilités douces. Il faut aller au-delà de l’incantation. Nous déployons un montant d’investissement substantiel et inédit. Peut-être devrons-nous prendre notre vélo pour aller jusqu’à Bercy demander son concours financier“, a réagi Hervé Gicquel (LR)
Samuel Besnard (PS) a pour sa part insisté sur le développement du stationnement vélo sécurisé. “Cette stratégie doit se décliner en aménagements structurants, mais aussi en offre de services. On doit pouvoir stationner son vélo de manière confortable et sécurisée, pouvoir faire du petit entretien du quotidien avec des bornes dédiées, avoir accès à de la location de courte et moyenne durée“.
Metin Yavuz, maire de Valenton apparenté LR et président de Valophis Habitat, a répondu en évoquant la signature d’une convention pour créer des locaux dans son parc social.
L’élu communiste Nicolas Bescond a, de son côté, proposé un coup de pouce financier pour les familles. “J’entends la volonté d’encourager les élèves à se rendre dans les collèges à vélo, mais il y a un angle mort important : le coût d’achat. Aussi, nous pourrions proposer une aide à l’acquisition du premier vélo à hauteur de 100 euros“.
“Nous ne pouvons pas nous engager à acheter des vélos quand nous essayons aujourd’hui de consolider ces investissements avec un contrôle restreint de nos recettes et sans levier fiscal“, a répondu Olivier Capitanio.
Rester dans le peloton
Associé à l’élaboration de ce schéma, le collectif vélo Île-de-France, regroupant une quarantaine d’associations, a pour sa part salué la démarche.
“C’est une excellente nouvelle. Avec ce plan vélo, le département fixe une feuille de route et un budget à la bonne échelle. Il y a encore des gens qui ont peur de prendre le vélo pour se déplacer. Il faut continuer à livrer des pistes cyclables et des aménagements. Les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis avaient mis un coup d’accélérateur à leurs plans vélos, il est important pour le Val-de-Marne de lancer de nouveaux chantiers pour rester dans le peloton de tête des départements franciliens”, commente Louis Belenfant, directeur du collectif.
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Rédaction : Florent Bascoul et Cécile Dubois
On ne peut que saluer la démarche mais la carte interactive https://observatoire-vif.velo-iledefrance.fr/#region dénote des liaisons banlieues-paris et aucune liaison banlieue-banlieue. Le vélo ce n’est pas que du vélo-taf.
Après le Grand Paris Express, on aurait du s’attendre à un foisonnement de liaisons Grand Paris Velo Express. Il faudra encore attendre : à titre d’exemple, la liaison Bords du Canal de l’Ourcq (Claye Souilly) avec les Bords de la Marne (Annet sur Marne).
Une boucle bien sympathique lorsque l’on part du Bois de Vincennes, remonte la Marne (en longeant l’A4), puis la Seine, Bassin de l’Arsenal, Canal Saint Martin, Canal de l’Ourcq et retour sur le bois de Vincennes en longeant la Marne. Une boucle de 100 kms environ dont un des points les plus dangereux est la liaison Ourcq-Marne.
“le vélo s’est désormais imposé comme un moyen de transport à part entière” Ah bon ?
Imposé, de fait. C’est sûr que si on attend la réaction du département pour constater, c’est pas pour après-demain la veille…
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