Moins de monde mais un même message : non à la prison. Ce mercredi, la visite du futur site d’une prison de 800 places à Noiseau a été l’occasion pour les habitants de manifester de nouveau leur refus.
“Ne nous en tenez pas rigueur qu’on soit un peu énervé”, lance Isabelle. Comme elle, une quarantaine de Noiséens opposés au projet ont participé à la visite du terrain, situé à l’extérieur de la ville, dans des champs à proximité de l’ancien pôle France Télécom. Pancarte et drapeaux “Noiseau dit non la prison” à la main pour certains, le groupe s’avance vers les trois emplacements en cours d’étude. Un seul sera retenu à l’issue de cette première phase.
“Pour moi, ce projet est une aberration”, affirme Isabelle qui a quitté Créteil pour se rapprocher de “la nature”. “Je suis venue à Noiseau pour être au calme, loin de l’agitation et du stress de la ville. Quand on se balade dans la nature, on voit des animaux qui se promènent librement et eux, ils veulent nous retirer ça”, poursuit l’ex-salariée dans l’aéronautique. “Il y a des espèces protégées ici”, abonde un habitant.
Face à la colère des participants, les experts environnementaux dépêchés par l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ), maître d’ouvrage du projet, tempèrent. “Des études de la faune et la flore, acoustique et géographique vont être menées pour tenter d’avoir le moins d’impacts négatifs sur l’environnement et pour les habitants. Cela permettra notamment de savoir s’il y a la présence d’espèces protégées. On est aussi ici pour prendre en compte vos remarques”, insiste un représentant.
“Ils font exprès de nous laisser dans le flou”
“Il s’agit d’un terrain d’études, l’emplacement exact de la prison n’est pas encore connu”, rappelle Charlotte Bertrand, cheffe de projet de l’Apij, aux habitants qui veulent savoir où sera située l’entrée de la prison. “Ils ne savent pas où sera l’entrée. La concertation préalable ne sert à rien si vous ne savez rien”, ironise un homme d’une quarantaine d’années. “Si le projet était déjà ficelé, pourquoi ferions-nous une concertation publique”, lui répond-on.
L’explication ne convint pas Sarah. La jeune étudiante en architecture estime qu’il s’agit d’un acte délibéré du maître d’ouvrage. “Ils font exprès de nous laisser dans le flou. Ça les arrange qu’on ne sache que très peu de choses sur le projet au final”, estime-t-elle. De retour dans la commune depuis l’été 2022 après l’avoir quittée pendant plusieurs années, l’étudiante est dans l’incompréhension. “Ils veulent exproprier des agriculteurs. On devrait les soutenir. En plus de nous nourrir chaque jour, ils font un travail extrêmement dur. Le monsieur, qu’est-ce qu’il fait s’il n’a plus de terres ?” s’interroge-t-elle en désignant un agriculteur.
“Sur les 16 hectares que j’ai, 8 sont concernés. Ils nous ont envoyé une lettre pour nous expliquer que pendant 4 ans ils auront le droit de faire des études sur le site étudié. Ils nous y interdiront l’accès. Avec un collègue agriculteur, on a engagé un avocat pour contester”, explique Jacques, qui a rejoint le groupe après l’avoir aperçu près de ses terres. “Mais on m’a dit que ça ne servait à rien car l’Etat a tous les droits”, confie l’agriculteur dont la famille dispose de ces terres depuis 1925.
La visite a été prolongée d’un atelier sur le thème de l’insertion urbaine et paysagère et son interface avec l’agro-quartier.
La concertation publique continue
Une seconde visite du site et une permanence sont prévues :
- Vendredi 10 février de 17h30 à 19h30 : atelier sur le thème de l’environnement, des espaces naturels et agricoles à la mairie de Noiseau, 2 rue Pierre Vienot. Attention, atelier sur inscription via le site de concertation ou la mairie de Noiseau.
- Mercredi 15 février: permanence pour rencontrer le maître d’ouvrage et les garants, de 15h00 à 19h00, à la mairie de Noiseau
- Il est aussi possible de participer en ligne sur le site de la concertation publique, jusqu’ai 17 février. A ce jour, un peu plus de 400 contributions ont été déposées, essentiellement pour refuser le projet.
Pour rappel, cette première phase de concertation doit confirmer ou non la poursuite du projet. Si c’est le cas, des études plus approfondies seront menées et une enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique sera organisée début 2024 pour modifier le plan d’urbanisme. La prison pourrait ouvrir en 2027. Pour rappel, la construction de cette prison s’inscrit dans le cadre d’un plan national de création de 15 000 places alors qu’il y a en France 72 000 détenus pour 60 000 places. Dans le Val-de-Marne, la Maison d’arrêt de Fresnes, qui accueille les détenus qui vont être jugés à Créteil – ou ont déjà été condamnés à des peines de quelques années (les longues peines sont purgées en prison centrale), est actuellement occupée à 150 %, qui accueille 2 000 personnes pour 1300 places.
Lire aussi :
agroquartier.noiseau
il y a deux différences entre le projet zac prison et la zac agroquartier.deNoiseau
la première, la prison est un projet top-down de l’état jacobin ( ministére de la justice ) sur la ville de Noiseau. avec une tres forte opposition de la population en raison de la dévalorisation de l’image de la ville et ses habitants et la dégradation de la ville économiquement et socialement avec un impact sur la qualité de vie et environnementale
la deuxiéme la zac agroquartier est un projet bottom-up des collectivités locales pour défendre un territoire en déclin économique et social dans un contexte économique et social difficile.
le tout dans un contexte de reforme des fonds européens qui réduit le financement agricole ( la pacte ) mais augmente le financement urbain
deux rappels :
d’une part, les fonds européens sont accordés en cas de co-financement, il faut un financement d’environ 30 pour cent du total pour avoir le financement complémentaire de 70 pour cents des fonds européens.
d’autre part, depuis le vote du budget de l’état 2023 la gestion des fonds européens est transféré aux régions, en l’occurrence la région ile de France.
Il me semble que les versements européens a la région ile de France de trimestriels deviennent mensuels
de plus, il y a les autres co-financement par exemple le Grand Paris Sud est AVENIR avec l’ensemble des communes membres.
la ville de Noiseau a pas les moyens de financer seule ce projet de reconquete et d”amélioration d’un térritoire dans un contexte d’augmentation des taux d’intérets .
surtout il ne s’agit PAS d’un projet peri-urbain : construire la ville sur la ville
remplacer des maisons par des immeubles ,
mais d’un projet péri-rural sur un territoire sans densité urbaine,
cela réduit les couts de l’opération.les délais et la compléxité des procédures.
par contre, la critique de ne pas tenir compte de la comptabilité verte mérite d’ete approfondie, en effet les cours de comptabilité verte sont enseigner principalement a l’université paris dauphine et au conservatoire des arts et métiers de paris.
la comptabilité verte fait tache d’huile dansles autres universités et dans les collectivités locales progressivement….
On ne parle que de la prison mais Il y a aussi l’ agroquartier.
Nous devons veiller à ne pas défendre uniquement nos intérêts particuliers.
La véritable inquiétude est l’avenir de ces dernières terres agricoles d’Ile de France et celui de 2 agriculteurs.
Si un seul des 2 projets passe , c’est la disparition assurée de nos 2 derniers paysans.
Noiseau commune ‘rurale’ : 4 600 habitants, 2 paysans !!!
Un rappel utile pour Raymond:
Commune rurale ne veut pas dire commune agricole:
« Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations », La France et ses territoires -INSEE- Édition 2021 (extrait)
“Réalités multiformes et hétérogènes selon leur géographie et leur histoire, les espaces ruraux se définissent d’abord par leur faible densité de population.
Jusqu’en 2020, l’Insee caractérisait le rural comme l’ensemble des communes n’appartenant pas à une unité urbaine, définie par le regroupement de plus de 2 000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti. La nouvelle définition proposée rompt avec cette approche centrée sur la ville. Les territoires ruraux désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité. Ils réunissent 88 % des communes en France et 33 % de la population en 2017.
Cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. Il faut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emploi. Avec cette approche, quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, allant des communes rurales très peu denses, hors influence d’un pôle, aux communes sous forte influence d’un pôle.
En France, contrairement aux pays du nord de l’Europe, on a pas la culture du compromis : c’est “oui” ou “non”, un vainqueur et un perdant.
Je comprends que la création d’une prison soit un élément perturbateur dans la vie d’une commune, mais il faut aussi comprendre la notion d’intérêt général : on critique la justice qui relâche trop tôt les prisonniers (voir un crime récent) ou l’absence de sanction pour les jeunes délinquants, et ‘en même temps’ on s’oppose à un projet, dans une des rares zones qui offre à la fois un vaste terrain (appartenant à l’état), la proximité d’un tribunal (Créteil) et un relatif éloignement de la zone d’habitation.
Plutôt que vous épuiser à dire “non” au projet dans son ensemble, vous feriez mieux, à mon avis, de négocier des aménagements qui assurent le maintient de la relative tranquillité de Noiseau, et des retombées économiques sur la commune, notamment par des aménagements routiers, et le maintien d’un accès à la forêt domaniale ‘Notre-Dame’.
Noiseau est une “campagne” ???
Au nord le parc du château d’Ormesson, privé et fermé au public, transformé pour partie en golf (accès très réservé) et en lotissement. Au sud la forêt domaniale ‘Notre-Dame’, non impactée par le projet. A l’ouest, une ville continue qui rejoint Sucy et Bonneuil !!! Les seuls espaces agricoles sont le terrain de l’ancienne base de télécommunication de France Télécom …
https://www.commune-mairie.fr/photo-satellite/noiseau-94053/
Sauf erreur il y a quatre points cardinaux…vous oubliez bizarrement l’est, occupé entièrement par des terres agricoles ! Et sur lesquelles la prison doit justement être construite.
“Les seuls espaces agricoles sont le terrain de l’ancienne base de télécommunication de France Télécom …” ai-je écrit : ils sont bien à l’est.
Merci pour la carte!
Les espaces naturels et agricoles, donc non bâtis, représentent les 3/4 de la surface des terrains de la commune. C’est ce qu’on appelle une commune rurale.
La partie urbanisée est donc mineure, le nombre d’habitants en témoigne: A peine 4600 en 2022.
Au fait Il y aura combien de prisonniers ?
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