Urbanisme | | 03/02/2023
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Prison à Noiseau : pour les habitants, c’est toujours non

Prison à Noiseau : pour les habitants, c’est toujours non

Moins de monde mais un même message : non à la prison. Ce mercredi, la visite du futur site d’une prison de 800 places à Noiseau a été l’occasion pour les habitants de manifester de nouveau leur refus.

Ne nous en tenez pas rigueur qu’on soit un peu énervé”, lance Isabelle. Comme elle, une quarantaine de Noiséens opposés au projet ont participé à la visite du terrain, situé à l’extérieur de la ville, dans des champs à proximité de l’ancien pôle France Télécom. Pancarte et drapeaux “Noiseau dit non la prison” à la main pour certains, le groupe s’avance vers les trois emplacements en cours d’étude. Un seul sera retenu à l’issue de cette première phase.

Pour moi, ce projet est une aberration”, affirme Isabelle qui a quitté Créteil pour se rapprocher de “la nature”. “Je suis venue à Noiseau pour être au calme, loin de l’agitation et du stress de la ville. Quand on se balade dans la nature, on voit des animaux qui se promènent librement et eux, ils veulent nous retirer ça”, poursuit l’ex-salariée dans l’aéronautique. “Il y a des espèces protégées ici”, abonde un habitant.

Face à la colère des participants, les experts environnementaux dépêchés par l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ), maître d’ouvrage du projet, tempèrent. “Des études de la faune et la flore, acoustique et géographique vont être menées pour tenter d’avoir le moins d’impacts négatifs sur l’environnement et pour les habitants. Cela permettra notamment de savoir s’il y a la présence d’espèces protégées. On est aussi ici pour prendre en compte vos remarques”, insiste un représentant.

Ils font exprès de nous laisser dans le flou

Il s’agit d’un terrain d’études, l’emplacement exact de la prison n’est pas encore connu”, rappelle Charlotte Bertrand, cheffe de projet de l’Apij, aux habitants qui veulent savoir où sera située l’entrée de la prison. “Ils ne savent pas où sera l’entrée. La concertation préalable ne sert à rien si vous ne savez rien”, ironise un homme d’une quarantaine d’années. “Si le projet était déjà ficelé, pourquoi ferions-nous une concertation publique”, lui répond-on.

L’explication ne convint pas Sarah. La jeune étudiante en architecture estime qu’il s’agit d’un acte délibéré du maître d’ouvrage. “Ils font exprès de nous laisser dans le flou. Ça les arrange qu’on ne sache que très peu de choses sur le projet au final”, estime-t-elle. De retour dans la commune depuis l’été 2022 après l’avoir quittée pendant plusieurs années, l’étudiante est dans l’incompréhension. “Ils veulent exproprier des agriculteurs. On devrait les soutenir. En plus de nous nourrir chaque jour, ils font un travail extrêmement dur. Le monsieur, qu’est-ce qu’il fait s’il n’a plus de terres ?” s’interroge-t-elle en désignant un agriculteur.

Sur les 16 hectares que j’ai, 8 sont concernés. Ils nous ont envoyé une lettre pour nous expliquer que pendant 4 ans ils auront le droit de faire des études sur le site étudié. Ils nous y interdiront l’accès. Avec un collègue agriculteur, on a engagé un avocat pour contester”, explique Jacques, qui a rejoint le groupe après l’avoir aperçu près de ses terres. “Mais on m’a dit que ça ne servait à rien car l’Etat a tous les droits”, confie l’agriculteur dont la famille dispose de ces terres depuis 1925.

La visite a été prolongée d’un atelier sur le thème de l’insertion urbaine et paysagère et son interface avec l’agro-quartier.

La concertation publique continue

Une seconde visite du site et une permanence sont prévues :

  • Vendredi 10 février de 17h30 à 19h30 : atelier sur le thème de l’environnement, des espaces naturels et agricoles à la mairie de Noiseau, 2 rue Pierre Vienot. Attention, atelier sur inscription via le site de concertation ou la mairie de Noiseau.
  • Mercredi 15 février: permanence pour rencontrer le maître d’ouvrage et les garants, de 15h00 à 19h00, à la mairie de Noiseau
  • Il est aussi possible de participer en ligne sur le site de la concertation publique, jusqu’ai 17 février. A ce jour, un peu plus de 400 contributions ont été déposées, essentiellement pour refuser le projet.

Pour rappel, cette première phase de concertation doit confirmer ou non la poursuite du projet. Si c’est le cas, des études plus approfondies seront menées et une enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique sera organisée début 2024 pour modifier le plan d’urbanisme. La prison pourrait ouvrir en 2027. Pour rappel, la construction de cette prison s’inscrit dans le cadre d’un plan national de création de 15 000 places alors qu’il y a en France 72 000 détenus pour 60 000 places. Dans le Val-de-Marne, la Maison d’arrêt de Fresnes, qui accueille les détenus qui vont être jugés à Créteil – ou ont déjà été condamnés à des peines de quelques années (les longues peines sont purgées en prison centrale), est actuellement occupée à 150 %, qui accueille 2 000 personnes pour 1300 places.

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