Visiter un proche détenu au centre pénitentiaire de Fresnes est un peu moins pénible depuis le début de l’année. Après douze mois de travaux, un bâtiment neuf a été livré pour l’accueil des familles venant au parloir. Aire de jeu pour les enfants, espaces de détente, sas de sécurité, pour l’administration pénitentiaire, cet équipement participent à l’amélioration du climat social au sein de la prison. Le point.
A Fresnes, les surveillants pénitentiaires chargés des parloirs traitent en moyenne 150 visites par demi-journée. Depuis le début de l’année, les visiteurs passent tous par un bâtiment d’accueil spécifique. “C’est un lieu de transit, un genre de sas où l’on procède à un premier tri. Il y a des casiers métalliques dans lesquels les familles doivent poser les téléphones portables, montres connectées et tous les objets interdits à l’intérieur de la maison d’arrêt. Ils doivent garder avec eux une pièce d’identité et peuvent porter un sac de linge. Ils attendent ensuite leur tour pour le parloir”, explique Stéphane, surveillant depuis une vingtaine d’années.
Ce bâtiment de 154 m² est composé d’un espace d’attente pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes ainsi que d’un espace de jeux et de lecture. Dehors, une aire d’attente, une aire de jeux aménagée avec un toboggan pour les enfants de 2 à 6 ans et un abri pour les poussettes complètent l’équipement. Une entrée spécifique a été créé sur l’allée des Thuyas avec une rampe d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Ce chantier qui a duré un an a été financé par les crédits du plan pénitentiaire de sécurisation pour un montant d’un million d’euros. Son inauguration a eu lieu ce jeudi en présence de Laurent Ridel, le directeur de l’administration pénitentiaire. “La peine en prison doit être un temps utile pour prévenir la récidive. Les familles jouent un rôle majeur et la loi consacre le droit des détenus au maintien des liens familiaux, insiste Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire, qui inaugurait le site jeudi 2 mars. Ces visites contribuent à l’apaisement du climat en détention. Nous nous devons donc de les accueillir dans des conditions décentes, humaines et satisfaisantes, ça n’était plus le cas depuis quelque temps puisqu’il y a eu beaucoup de travaux et de difficultés.”
Auparavant, l’association Accueil des familles (ADFA) recevait les proches dans un petit local prêté par l’administration pénitentiaire, mais certains visiteurs patientaient à l’extérieur, dans les rues du domaine pénitentiaire. “C’était une situation difficile à gérer parce que des personnes ont ainsi pu prendre en photo des surveillants, des plaques d’immatriculation de véhicules ou pratiquer le parloir sauvage en criant des messages au proche incarcéré“, pointe un autre surveillant. Avec la crise sanitaire puis les travaux, les bénévoles de l’accueil des familles avaient, en outre, suspendu leur activité. Ils sont désormais de retour. “C’était malheureux de voir les gens patienter dans la rue et entrer au compte-goutte aux parloirs. Avec ce nouveau bâtiment, il y a davantage de sérénité. Il offre davantage d’espace aux groupes de femmes qui ont pris l’habitude de se retrouver avant et après leurs visites pour se réconforter et échanger. Nous faisons en sorte d’être tout le temps deux bénévoles pour pouvoir aider avec les enfants ou aux casiers. Avant, une visite par notre local n’était qu’optionnelle, maintenant c’est passage obligé“, détaille Françoise Cumenal, la présidente de l’ADFa, qui, avec seulement une vingtaine de membres, cherche toujours de nouveaux volontaires.
“La société doit assumer ses prisons”
D’autres chantiers sont en cours à Fresnes comme le réaménagement complet de l’accès principal au domaine (parkings, espaces verts, postes de police, auvent,…) ou les cours de promenade. La rénovation complète des conditions d’incarcération, elle, attend toujours, malgré des recours gagnés en justice pour faire avancer la situation.
Laurent Ridel a demandé encore un peu de patience. “Le temps immobilier est un temps long, notamment avec la variable de la surpopulation. Le temps est à la création d’établissements neufs avec le programme 15 000. Il est entré dans une phase active. Rien que cette année, nous allons ouvrir 10 établissements dont 3 en Île-de-France, détaille le directeur de l’administration pénitentiaire. Nous rouvrons le centre de jeunes détenus de Fleury-Mérogis, soit 420 places, et deux grosses structures d’accompagnement vers la sortie (SAS) : 400 places à Meaux et 400 places à Osny. Mais nous attendons le programme pour Fresnes, établissement indispensable à la structuration du parc francilien”, a insisté le directeur, rappelant que “plusieurs millions d’euros ont été investis ces cinq dernières années pour le maintenir à flot“.
Un projet de construction d’une nouvelle prison est aussi en cours à Noiseau, pour compléter l’offre de places de détention en Val-de-Marne et régler le problème de surpopulation chronique de la maison d’arrêt de Fresnes, mais ce nouveau projet, situé sur des terres agricoles, suscite une forte controverse.
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