Pas facile de s’échapper d’une prison, même une fois sortie de sa cellule. Une trentenaire, condamnée à douze ans de prison pour avoir rejoint l’Etat islamique en Syrie, était jugée ce mardi pour sa tentative d’évasion de la prison de Fresnes, avec des moyens de fortune. Elle a écopé de 3,5 années de prison en plus.
Douha Mounib, 32 ans, doit comparaître devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, spécialisée dans les affaires de terrorisme, pour tentative d’évasion avec effraction.
Les faits remontent au 14 novembre 2021, alors que la prévenue était depuis quatre ans placée en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) pour deux séjours en Syrie et en Irak entre 2013 et 2017 entrecoupés de multiples tentatives de rejoindre cette zone.
Douha Mounib s’était extirpée au petit matin de sa cellule, où elle avait patiemment creusé un trou à l’aide d’une cuillère et de couteaux de cantine, et était descendue en rappel du deuxième étage grâce à une corde tressée de draps et d’effets personnels.
Puis elle avait escaladé un premier mur depuis le terrain de sport, de 5 mètres de haut, et s’était retrouvée sur le chemin de ronde de la prison, qu’elle avait arpenté pendant environ deux heures, échouant à franchir le mur d’enceinte extérieur.
Elle avait finalement été appréhendée par le personnel, sans opposer de résistance.
Un couteau à beurre, de l’eau chaude et du vinaigre
Lors de ses auditions, Douha Mounib a expliqué avoir commencé deux mois avant sa tentative d’évasion à creuser, dans un premier temps avec une tige en fer, le plafond de la cellule où elle venait d’être transférée.
Elle avait également essayé de scier un barreau, puis avait creusé l’appui de la fenêtre à l’aide d’un couteau à beurre, d’eau chaude et de vinaigre.
La jeune femme affirmait avoir mûri ce projet sans l’évoquer à quiconque et sans bénéficier d’aide extérieure, ce qu’a confirmé l’enquête.
Douha Mounib avait été initialement mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, avant de bénéficier d’un non-lieu pour cette infraction.
“C’est une démarche parfaitement individuelle qui s’inscrit dans un contexte particulier, une détention provisoire qui s’éternisait et un transfert imminent” dans une nouvelle prison alors que Douha Mounib “avait travaillé sur elle-même et était en voie de désengagement”, souligne son avocat, Me Joseph Hazan.
Pour le pénaliste, “toute la question se pose de savoir” si sa cliente “n’a pas déjà été sanctionnée d’une certaine manière” pour cette tentative d’évasion, la cour d’assises spéciale de Paris l’ayant retenue dans sa motivation comme “un facteur d’aggravation de sa peine“.
Actualisation suite au procès, avec le verdict
Devant le tribunal qui la jugeait ce mardi pour la tentative d’évasion, Douha Mounib a expliqué qu’elle n’avait, au moment des faits, “plus d’espoir”.
“Quatre ans” qu’elle “tournait en bourrique”, à se voir poser “les mêmes questions” sur son mari combattant jihadiste, a-t-elle expliqué. Quatre ans qu’elle bouillonnait d‘”impuissance“, voyant bien au parloir, que ça ne se passait “pas bien” dans la famille d’accueil de sa fille de 5 ans, née à Raqqa (Syrie).
Le tribunal a retracé ses différents “projets” d’évasion, les “17 jours” qu’elle a passé à essayer de creuser le plafond de sa cellule, avant d’attaquer les barreaux avec un couteau à beurre, puis finalement à gratter le mur sous la fenêtre, “six à huit heures par jour”.
Un projet “minutieusement préparé”, avec “détermination, pendant plusieurs mois”, a estimé le tribunal correctionnel de Paris qui a condamné la trentenaire à trois ans et demi d’emprisonnement.
Actualisation le 14 juin suite au procès et au verdict
Cher payé pour un effort que l’on peut admirer!
Après tout, s’évader, c’est une réaction normale pour un(e) emprisonné(e)!
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