Ce mardi, au cours deuxième jour du procès de l’ex-policier jugé pour le meurtre de son ancien compagnon à Jouars-Pontchartrain, la question de la préméditation a longuement été évoquée. L’accusé comparaît devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine.
L’enquête menée par la Section de recherches de la police judiciaire de Versailles a permis d’identifier des éléments que Sébastien Bois, le directeur d’enquête, a qualifié à plusieurs reprises de “particulier[s]“.
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Le fait, par exemple, que l’accusé se soit garé à plusieurs centaines de mètres du domicile de la victime, gardien d’immeuble de 24 ans, à Jouars-Pontchartrain (Yvelines), dans la nuit du 27 au 28 juin 2019, juste avant l’altercation mortelle. Mais aussi les habits, jogging et pull à capuche selon plusieurs témoins, qu’il portait en cette douce nuit de juin et l’absence de téléphone portable, qu’il avait laissé éteint à son domicile en Seine-Saint-Denis.
135 coups de couteau
Autant de “précautions” prises par l’accusé, insiste l’avocat général Pierre Kahn, lors d’un homicide que les deux parties s’accordent à qualifier d'”exceptionnel” du fait de sa violence : 135 coups de couteau, portés en “quelques minutes” selon les estimations de Sébastien Bois à la barre.
Dans les questions qu’il adresse aux différents intervenants, l’avocat de l’accusé, Me Jean-François Santacroce, invoque justement cette extrême violence pour récuser fermement l’hypothèse de la préméditation.
“Comment cet acharnement pourrait-il être compatible avec un meurtre prémédité ?” demande-t-il au directeur d’enquête. “Peut-être que son coup de folie l’a dépassé, ainsi que sa blessure“, répond Sébastien Bois, en référence à l’une des blessures qui a nécessité une intervention d’urgence au début de la garde à vue de l’accusé, une dizaine d’heures après les faits.
Appel à la gendarmerie
Pourtant, peu avant 22h30, Quentin Destrez avait coupé son téléphone alors qu’il était encore au travail et qu’il devait se rendre chez son ex-compagnon, pour ne le rallumer que le lendemain : un comportement “classique lorsque l’acte est réfléchi“, analyse le directeur d’enquête, en réponse à l’avocat de la famille de la victime, Me Chemla.
Au lendemain des faits, un peu avant 07h00, le téléphone de Quentin Destrez est rallumé alors qu’il est en route vers l’est de la France où réside sa petite amie de l’époque. Les relevés téléphoniques versés au dossier montrent qu’il envoie par la suite différents messages à la victime, décédée depuis plusieurs heures.
Il appelle ensuite la gendarmerie pour “qu’ils aillent voir” au domicile du jeune homme.
Une “emprise“
Quentin Destrez sera interpellé quelques heures plus tard et reconnaîtra en garde à vue avoir tué la victime, avant “d’enchaîner directement sur l’emprise” qu’il l’accuse d’avoir exercée sur lui, rapporte le directeur d’enquête.
Déjà abordé lundi, le sujet de la perception de la relation des deux hommes par l’accusé est, en effet, revenu mardi dans les débats. Pendant son interrogatoire de personnalité, Quentin Destrez évoque cette situation d'”emprise“, mais nie l’existence d’une relation de couple, malgré les questions précises de la cour qui s’interroge notamment sur la durée prolongée de sa cohabitation avec la victime, dont il a partagé le lit, alors même qu’il était indépendant financièrement.
“Je n’arrivais pas à me sortir de là, dès que j’ai pu, je suis parti vivre ailleurs“, a-t-il argumenté, évoquant un état psychologique extrêmement dégradé, selon lui, du fait de cette relation. Le verdict est attendu lundi.
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