Loisirs | | 08/05/2023
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Quand Drancy devient la capitale mondiale du jeu de dames

Quand Drancy devient la capitale mondiale du jeu de dames © ML

Les damistes de toute la planète se sont affrontés plusieurs jours durant au château de Ladoucette ce début mai, lors du premier championnat du monde amateur de jeu de dames organisé par le Drancy Damier Club. L’occasion de sortir ce jeu de l’ombre des échecs. Reportage.

Pour cette Coupe du monde et ce premier championnat amateur, il y a environ 150 joueurs provenant de plus de 20 pays. Chine, Etats-Unis, Sénégal, Pologne, ils viennent des quatre coins du monde. C’est ça la beauté du jeu”, se réjouit le président de l’association Drancy damier club, Antoine Almanza.

À la tête du club de Drancy depuis 2014, lui et son équipe se mobilisent pour faire connaître ce jeu au plus grand nombre. “Pour ce projet, on a réussi à obtenir le soutien de la région Île-de-France, du département et de la ville. Ce genre d’événement contribue à populariser le jeu de dames !” En 2019 déjà, le club drancéen avait organisé le championnat de France.

Un jeu dans l’ombre de échecs

Des événements difficiles à mettre en place. “De nos jours, la grosse difficulté, c’est de trouver des bénévoles qui veulent s’investir dans des clubs et de tels projets. Il faut réussir à convaincre les partenaires de nous suivre. Le jeu de dames, ce n’est pas du football ni du tennis, ce n’est pas toujours simple de les persuader de participer à l’organisation de compétitions comme celle-ci”, reconnaît le président du club.

D’autant plus que le jeu de dames souffre d’une forte concurrence. À commencer par les échecs, qui ont redoublé de popularité après la minisérie Netflix Le Jeu de la dame. “J’anime des ateliers dames dans des écoles primaires pendant le temps périscolaire. Et lorsque j’annonce à des parents que leurs enfants sont bons, ils me disent qu’ils vont le mettre aux échecs. C’est comme si les dames étaient un moyen de s’initier aux échecs !”, se désole, Thierry, 68 ans, fidèle du club drancéen. Cet ancien joueur de bridge reconverti au jeu de dames n’a pas la punchline dans sa poche : “le jeu d’échecs est le jeu des rois et le jeu de dames est le roi des jeux. Les deux sont différents. Mais c’est dommage qu’un enfant qui aime les dames les délaisse au profit des échecs.” N’empêche, les chiffres sont sans appel, avec quelque 1 200 licenciés officiels dans les clubs de la Fédération française de jeu de dames contre 55 000 au sein de la Fédération française des échecs.

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Rencontres de passionnés

Mais cette semaine, à Drancy, ce sont les passionnés de dames qui se sont donné rendez-vous. Et cela commence dès le plus jeune âge, comme l’illustre Dina, 9 ans, qui analyse son match en le rejouant dans le hall principal. “J’ai perdu”, regrette la jeune licenciée, inscrite au club depuis trois ans, et qui jouait sa deuxième compétition. “J’aimerais bien devenir professionnelle plus tard, mais je ne veux pas être l’une des meilleures, juste avoir un bon niveau”, se projette-t-elle. “J’aime apprendre les combinaisons et les appliquer lors de mes parties.” Dina est vite rejointe par sa camarade Nafissa, 13 ans. À Drancy, les deux amies se retrouvent deux fois par semaine pour pratiquer. “On a une centaine d’adhérents de tout âge. Il y a des enfants, des adolescents et des adultes. C’est vraiment varié”, avance Antoine Almanza.

Au fil du temps et des rencontres, certains joueurs français finissent par nouer des amitiés.
On doit être un millier de licenciés en France. À force on se connaît presque tous. Aujourd’hui, j’ai joué avec un ami qui vient de Saint-Etienne. J’étais content de le voir, et encore plus de le battre”, plaisante Thierry. “Cette semaine, c’est l’occasion de revoir des gens qu’on voit rarement. Puis on a l’opportunité d’assister aux matchs de grands champions, c’est super”, poursuit l’ancien informaticien.

Chez les grands champions, les parties peuvent durer quatre heures

Dans la salle réservée aux “grands champions”, une foule d’amateurs se presse pour observer. Mains sur la tête et regards rivés sur le damier, les spectateurs ne semblent pas les déranger. “Là, ils sont concentrés et déterminés. Quand ils sont comme ça, les parties peuvent durer quatre heures”, commente le président du club de la ville.

Réflexion, anticipation et analyse, les capacités que requiert ce jeu séduisent les damistes. “Quand on joue, on doit réfléchir à nos déplacements et à des tactiques. Ça nous pousse à essayer de voir toujours plus loin”, confie Nafissa, licenciée depuis septembre dernier. Des aptitudes qui s’avèrent utiles en toutes circonstances. “Grâce au jeu de dames, j’ai eu la chance de réussir ma vie professionnelle. Le fait de devoir toujours anticiper ce qui va se faire m’a beaucoup servi, témoigne Pierre Dubois, ancien champion de France et du monde, venu commenter les rencontres projetées sur des écrans au rez-de-chaussée. Pour progresser, il faut beaucoup travailler. Ce qui demande une certaine rigueur.”

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Ouvert à tous, l’événement attire les habitants des alentours. Avec les damiers mis à disposition, certains découvrent le jeu, quand d’autres renouent avec ce loisirs. “Ça fait 34 ans que je n’ai pas joué. Je viens d’apprendre qu’il y avait un championnat, je tenterais peut-être ma chance l’année prochaine”, réfléchit Auguste, un Drancéen venu au château avec son ami. Y aura-t-il une seconde édition ? Antoine Almanza, ne tranche pas encore. “Ce que je peux dire, c’est qu’on est dans une bonne dynamique. On est fier de ce que nous avons accompli !

Vainqueur pro de cette compétition : Jan Groenendijk. Chez les amateurs, c’est l’Italien Gabriele D’Amora qui a ramené la coupe. Le premier amateur français est Pierre Monnet. Pour retrouver les résultats et s’entraîner au problème de dames du jour, voir le site Internet du Drancy Damier Club.

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