Situées en bord de seine, dans le nouveau quartier d’Ivry Confluences, les halles industrielles qui abritaient les pompes de relevage de l’usine des eaux de Paris s’apprêtent à se transformer en un formidable ensemble alliant économie circulaire, culture et bars-restaurants. Au cœur du projet : du recyclage de textile, dont les déchets toujours plus volumineux constituent une problématique environnementale d’ampleur. Explications.
C’est l’un des nombreux projets de la zac Ivry Confluences, cet énorme chantier de reconversion urbaine sur la rive gauche de la Seine. Les halles Sagep (Société anonyme de gestion des eaux de Paris), qui abritaient autrefois les pompes de relevage de l’usine des eaux.
Situé le long du quai Henri Pourchassé, cet ensemble de halles d’une superficie de 4 500 m2 fait partie des lots à investir dans le cadre de la zac, portée foncièrement par la Sadev 94. Alors que des projets de logements et de bureaux sont déjà en cours dans d’autres parties d’Ivry Confluences, l’objectif pour ce lieu était de préserver son architecture industrielle et de faire venir une activité contribuant à animer ces bords de Seine, devenus piétonniers. C’est donc en ce sens que la Sadev 94 a lancé un appel à manifestations d’intérêt (AMI).
Projet Tissium
Une opportunité saisie par la PMI Maximum, fabriquant et concepteur de mobilier recyclé et surcyclé, située à quelques encâblures.
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La startup de l’économie circulaire développe, en effet, un projet de recyclage textile qui nécessite beaucoup d’espace. Il s’agit de constituer un matériau solide, composé à 70% de textile recyclé et à 30% de poudre de peinture époxy. “Cette peinture est appliquée sous forme de projection et il y a une déperdition de 20 à 30% qui est récupérable”, explique Armand Bernoud, président de Maximum. Ce composant permet de donner une texture solide au textile recyclé et de constituer un matériau comme du bois, pour constituer ensuite différentes pièces de mobilier. Son nom : le Tissium.
Un projet de recyclage qui répond à un enjeu environnemental d’ampleur, avec des centaines de milliers de tonnes de textile qui partent au rebut chaque année. Les déchets de poudre de peinture, eux, représentent environ 30 000 tonnes par an, chiffre l’entrepreneur. À l’échelle locale, l’entreprise projette de produire 300 tonnes de Tissium par an. Un M2 de ce matériau représente environ 8 kg de textile, pour une hauteur de 10 mm. Restait à trouver de la surface pour produire.
Un lieu industriel mais aussi festif et culturel
C’est dans ce contexte que la PMI a décidé de répondre à l’Appel à manifestation d’intérêt, en s’associant avec d’autres acteurs pour répondre au cahier des charges. Concernant l’activité productive, Maximum a fait venir Bilum, une entreprise pionnière de l’économie circulaire, qui fabrique des accessoires, notamment à partir de bâches publicitaires, et cherchait un lieu plus grand depuis plusieurs années.
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Pour la partie événementielle et restauration, deux autres partenaires se sont associés : Le Perchoir, un groupe événementiel qui gère en concession plusieurs lieux mixtes (restaurants-lounge-bars) dans Paris, dont récemment le Chalet du lac dans le bois de Vincennes, et Le Consulat, tiers-lieu culturel imaginé par l’association GANG (Groupe d’Action Néo-Green). Deux restaurants verront le jour : un premier, plutôt haut-de-gamme, en mezzanine de la grande halle, avec vue sur l’usine Tissisum, un second en rez-de-chaussée de la petite halle qui succède à la grande, avec un accès direct aux quais et une terrasse.
Dans la grande halle, les grandes baies vitrées d’antan seront reconstituées, avec vue sur les quais, et réciproquement. “L’objectif de ce lieu est aussi de montrer et d’expliquer notre activité au public”, insiste Armand Bernoud.
Levée de fonds
Pour l’heure, le groupement d’entreprises organise son tour de table financier pour lever les fonds nécessaires. Au total, l’investissement s’élève à 6 millions d’euros pour l’acquisition et 4,5 millions pour la réfection et l’aménagement. “Nous cherchons des investisseurs mais devons rester majoritaires dans la structure afin de garantir la programmation à laquelle nous nous sommes engagés dans le cadre de l’AMI”, explique Armand Bernoud.
Le groupement espère investir les lieux dès la fin 2024 pour la production et l’ouvrir au public début 2025. “Mais nous proposerons une programmation éphémère dès l’été 2024”, indique Armand Bernoud. L’été précédent, le lieu a déjà accueilli une guinguette éphémère, la guinguette du port.
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