Ce mercredi 15 mars, la huitième manifestation contre le projet de réforme des retraites a moins mobilisé que le samedi précédent, mais dans certaines villes, le mouvement restait très actif, à l’instar de Fontenay-sous-Bois où un car était affrété pour transporter les manifestants. À 11 heures, une cinquantaine d’habitants étaient déjà réunis en AG citoyenne sur le parvis de la mairie. Reportage.
“Vous rendez-vous compte qu’encore une fois, nous nous battons juste pour nos conquis sociaux ?” C’est avec une référence à Ambroise Croizat, responsable de la CGT et ministre du Travail et de la sécurité sociale en 1946 et 1947, que Myriam El Makkaoui ouvre l’Assemblée générale citoyenne. Myriam a 45 ans. Cette dynamique mère célibataire de quatre enfants est médiatrice numérique au FabLab municipal et secrétaire générale CGT des agents territoriaux de Fontenay-sous-Bois. Elle milite depuis longtemps et est prête à perdre une partie de son salaire “pour gagner la fierté d’avoir participé à des luttes pour de réelles égalités pour tous et d’avoir tout essayer”. Même si sa santé ne lui permet pas toujours de se joindre aux défilés.
Le micro passe de main en main. Représentants syndicaux, maire, retraités, fonctionnaires, privés, tous appellent à continuer la lutte, que la loi soit votée ou imposée par un nouveau 49.3. “Ça me met dans une profonde colère. C’est destiné à appauvrir les plus bas salaires et les femmes. On a porté des missions, on a travaillé et tout à coup, on en est réduit à travailler plus, à gagner moins”, lâche Jacqueline Dodanh, fluette silhouette coiffée d’un béret fuchsia. Cette ancienne sage-femme de 79 ans a fait toutes les grèves. “Avec le petit badge ‘personnel en grève’. Pas question de lâcher les collègues et encore moins les patients, quels qu’ils soient.” Celle qui a travaillé “par passion” a fait partie des huit cortèges contre la réforme des retraites.
Première manif
Charline Boutarine, jeune trentenaire à l’opulente chevelure auburn, vit au contraire sa première manif. Cheffe d’équipe au conditionnement du laboratoire pharmaceutique Cenexi, elle est venue avec son collègue Didier, magasinier cariste au service import export. Tous deux se sont syndiqués en octobre 2022. Charline manifeste “contre l’inflation galopante tandis que les salaires stagnent, et pour ceux qui bossent depuis l’âge de 16 ans et qui ont des métiers durs”. Didier, lui, voit son départ en retraite prévu le 1er mai 2025 repoussé au 1er février 2026. “Maintenant, je suis handicapé et je dois marcher beaucoup. À un moment, les gens vont décéder avant de partir à la retraite. Ils doivent pouvoir en profiter”, défend-il.
“Je ne vois pas comment je pourrais continuer à travailler 12 heures en horaires décalés de jour comme de nuit”
“Il n’y a plus de pénibilité reconnue chez les infirmières. Je ne vois pas comment je pourrais continuer à travailler 12 heures en horaires décalés de jour comme de nuit”, s’épanche Mara Widcoq, 47 ans, infirmière en réanimation néonatale à Montreuil. Avec son saxophone, elle rejoint la fanfare militante dans laquelle elle joue depuis près de huit ans : la Fanfare Invisible. Sa fille Hannah, 15 ans, et son ami Kenai, 16 ans, sont aussi de la partie. “Des enseignants sont déjà trop fatigués pour transmettre avec motivation”, motive Kenai. “Il est important de montrer ce que l’on a à dire comme jeune et que citoyen en général. Cette réforme affecte notre avenir”, appuie Hannah.
Lovely Saxifrage, 63 ans est à la retraite depuis mars dernier et se dit “la plus heureuse du monde”. Elle travaillait dans une grande agence de publicité dont elle préfère taire le nom, et n’a jamais été syndiquée. Désormais, elle suit de près les débats du Sénat et à l’Assemblée Nationale. “Je suis allée à toutes les manifs – sauf deux parce que j’avais des rendez-vous. J’y participe car j’ai des amies aux carrières hachées ou avec de petits salaires. J’ai des enfants aussi. Que va-t-il leur rester ? Vendredi, on manifeste à Vincennes devant la permanence de notre député, Guillaume Gouffier Valente”, se projette-t-elle.
“On”, ce sont celles et ceux appelés par le Comité fontenaysien de défense des retraites dont fait partie Richard Borenstein. “Le Comité regroupe des salariés de multiples secteurs, des chômeurs et des retraités. Il reçoit le soutien de plusieurs syndicats, associations et forces politiques. Il avait déjà été constitué lors des mouvements sociaux contre la réforme des retraites en 2019 et il s’est réactivé avec le projet actuel.” Richard a 69 ans. Les manifs ? Il est “tombé dedans à 14 ans, début 68, pendant celles contre la guerre du Viêt-Nam”. Il se considère “démocrate sincère, militant sans plus”. Pour lui aussi, c’est la solidarité qui compte. “C’est pour ça qu’avec le Comité, on file un coup de main quand on peut et qu’on sensibilise vers la grève.”
A Paris ce mercredi, 37 000 manifestants ont été comptabilisés par la police, contre 48 000 le samedi précédent. La CGT en a pour sa part revendiqué 450 000 contre 300 000 le samedi d’avant.
Lire aussi :
Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique
Jean-Philippe GAUTRAIS, Maire de Fontenay-sous-Bois (intérêts et patrimoine)
Déclaration de modification substantielle des intérêts déposée le 27 octobre 2021
(voir lien)
(autres déclarations) Déclaration d’intérêts (9 octobre 2020)
https://www.hatvp.fr/%20fiche-nominative%20/?declarant=gautrais-jean-philippe#
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