Justice | Hauts-de-Seine | 14/09/2023
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Relaxe requise pour les six policiers d’Asnières accusés d’injures racistes et de violences

Relaxe requise pour les six policiers d’Asnières accusés d’injures racistes et de violences © stocklib

L’injure “bicot” et les cris entendus sur une vidéo diffusée à plusieurs reprises devant la cour d’appel de Paris n’ont pas convaincu l’avocate générale, qui a requis jeudi soir la relaxe de six policiers d’Asnières condamnés en première instance.

Poursuivis pour injures racistes et violences lors de l’interpellation d’un Egyptien en avril 2020, les fonctionnaires ont écouté avec attention la magistrate évoquer leur sort, celui de “fonctionnaires volontairement trainés dans la boue et de façon totalement injuste”.

Jugés en première instance à Bobigny en janvier 2022, les six fonctionnaires ont été lourdement condamnés, jusqu’à un an de prison – dont six mois ferme, des peines plus sévères que les réquisitions du parquet.

L’affaire avait éclaté au cœur du premier confinement, lorsque plusieurs individus sont suspectés de vol sur un chantier en banlieue parisienne. A l’arrivée de la police, ils prennent la fuite et, dans sa course, l’un d’entre eux, Samir E., plonge dans la Seine.

Rattrapé sur l’autre rive, l’Egyptien, alors âgé de 29 ans, est interpellé sous les sarcasmes des policiers. Menotté et emmené au fourgon, il affirme avoir ensuite été victime de coups portés par les policiers.

Filmée par des riverains, l’intervention de ces policiers, cinq hommes et une femme, avait fait scandale. Sur la vidéo, on entend l’un d’eux dire: “un bicot comme ça, ça nage pas”. 

Au nom de Samir E., Me Arié Alimi, a déploré jeudi devant la cour d’appel les propos reprochés aux policiers, soulignant qu’ils “rappellent les heures sombres des années 60, quand le préfet Papon avait ordonné la noyade d’Algériens dans la Seine.”

L’avocat a aussi déploré “une erreur de formation grave” des fonctionnaires, arguant qu’on “leur a fait croire pendant très longtemps qu’ils pouvaient faire usage de la violence”.

Au nom du ministère public, l’avocate générale a balayé ces accusations et qualifié le dossier de “cirque (…) auquel il est bon de mettre fin”, rappelant que “la cour n’a pas à juger des faits qui se sont passés en 1961”.

Si le médecin, qui avait vu l’homme interpellé au cours de sa garde à vue, “n’a rien mentionné (dans son rapport), c’est qu’il n’y avait rien à constater et donc que ce monsieur n’avait pas été l’objet de violence”, a-t-elle également tranché.

Et bien que le policier ayant prononcé l’insulte raciste l’a reconnu, son conseil parlant “d’une bêtise”, l’avocate générale a affirmé que “si on est honnête, on ne comprend pas un mot de ce qui est dit” sur la vidéo.

Pour le ministère public, le film en question n’est que “forgerie”, résultat d’un montage dans lequel “sous-titrages et commentaires guident vers ce que l’on doit croire et voir.” 

“Si on affaiblit la police, elle ne pourra pas être sur le terrain pour lutter contre les trafics de drogues et pour lutter contre la délinquance (…) c’est ce à quoi servent ces fameux réseaux sociaux et ces fameux films,” a assené la magistrate.

Suspendue en raison de l’heure tardive, l’audience doit reprendre vendredi matin avec la fin des plaidoiries de la défense.

par Amélie BARON

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