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Justice | Ile-de-France | 26/10/2023
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Responsable de la mort d’une policière de Villiers-sur-Marne, Rédoine Faïd écope de 14 ans de prison supplémentaires pour évasion

Responsable de la mort d’une policière de Villiers-sur-Marne, Rédoine Faïd écope de 14 ans de prison supplémentaires pour évasion

Après un procès à rebondissements, Rédoïne Faïd, braqueur responsable de la mort d’une policière municipale de Villiers-sur-Marne en 2010, a été condamné ce mercredi 25 octobre à 14 ans de prison supplémentaires suite à son évasion par hélicoptère de la prison de Réau en 2018.

Crâne chauve et pull bleu, le braqueur était entré tout sourire dans le box peu avant l’arrivée de la cour, avait fait la bise à son frère Rachid et blagué, comme à son habitude, avec le grand bandit corse Jacques Mariani. Malgré l’heure tardive et la très longue attente – le dénouement était attendu “à partir de 17h00” -, plus d’une centaine de personnes avaient pris place dans l’immense salle d’audience des “grands procès” du palais de justice de Paris pour écouter l’énoncé du verdict. De nombreux gendarmes s’étaient positionnés derrière le public.

Si le parcours judiciaire de Rédoine Faïd est copieux, son nom résonne dans le Val-de-Marne comme celui qui a provoqué la mort d’une jeune policière municipale de Villiers-sur-Marne, Aurélie Fouquet, lors d’un braquage avorté et de la cavale qui s’en est suivie.

Saucissonnage, otages, braquages

D’abord sous les radars, le braqueur sort de l’ombre au milieu des années 1990, quand il se met au hold-up avec prises d’otages à domicile. Avec quelques autres “saucissonneurs”, munis d’armes de poing, de masques de Raymond Barre, de François Mitterrand, de Charles Pasqua ou déguisés en père Noël, ils séquestrent et ligotent. Puis, gardant les familles en otage, ils forcent directeurs et responsables à aller vider les coffres de leur entreprise. Ainsi s’attaquent-ils dans l’Oise au responsable d’une agence bancaire de Creil en décembre 1995, au gérant d’un supermarché de Liancourt en mars 1997, puis en juin à un bijoutier de Chantilly. 

À la fin des années 1990, Rédoine Faïd change encore de braquet et passe aux attaques de fourgons blindés. Le 3 juillet 1997, aux environs de 20H00, avec une dizaine d’hommes vêtus de combinaison noire, masqués et, selon, armés de fusil à pompe, pistolets mitrailleurs, lance-roquettes, il percute et vide un fourgon en route pour Villepinte en Seine-Saint-Denis. Butin : 2,7 millions de francs (l’équivalent d’environ 600 000 euros actuels). 

Arrêté en 1998, une première et deuxième fois après une évasion, il sort de prison en 2009.

Repenti médiatique

En 2010, il publie un livre de repenti, coécrit avec le journaliste Jérôme Pierrat, et fait la tournée des plateaux de télévision pour clamer qu’il est passé à autre chose. Cette même année, pourtant, il organise, sans y participer, un nouveau braquage qui tourne mal, le 20 mai 2010. Le commando, repéré, se lance dans une course folle sur l’autoroute A4. À hauteur de Villiers-sur-Marne, une voiture de police municipale qui a pris en chasse le fourgon, est mitraillée. Aurélie Fouquet, policière municipale de 27 ans, est mortellement blessée à la tête. 

Rédoine Faïd agira également dans le Pas-de-Calais, où il attaque à l’explosif un fourgon de transports de fonds, dérobant plus de deux millions d’euros en 2011. 

“Le roi de la belle”

Arrêté en juin 2011, il s’évade en avril 2013 de la prison de Sequedin, dans le Nord, mais est interpellé quelques semaines plus tard. Son procès pour le braquage suivi de la fusillade de Villiers s’ouvre en 2016 et lui vaut 18 ans de prison, qui seront portés à 25 ans en appel en 2018. En 2017, il écope de 10 ans de plus pour son évasion avec prise d’otages de Sequedin. Fin 2017, il prend encore 18 ans pour le braquage dans le Nord, portés à 28 ans en appel en 2020.

Le 1ᵉʳ juillet 2018, il se refait la belle. Cette fois de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, par hélicoptère et sous le nez de ses gardiens. Il est arrêté dans sa ville natale de Creil après trois mois de cavale. C’est le procès de cette évasion spectaculaire qui faisait l’objet de ce nouveau procès cet automne 2023.

Condamné jusqu’à 88 ans

Ce jeudi 19 octobre, la présidente a commencé la lecture du verdict, un peu après minuit. Les peines prononcées sont inférieures à celles qu’avait réclamées l’accusation, qui avait notamment requis 22 ans de réclusion à l’encontre du braqueur de 51 ans, et 18 ans contre son frère Rachid, 65 ans. Au final, Redoine Faïd, qui devait sortir de prison en 2046, écope de 14 ans de prison supplémentaires, qui ne peuvent être confondues avec ses peines existantes car il s’agit d’une évasion. Concrètement, il sera donc libérable en 2060, à 88 ans. Son frère Rachid, qui avait pris en otage un pilote d’hélicoptère pour le forcer à se poser devant les parloirs de la prison de Réau, a été condamné à 10 ans de prison.

Ce n’est pas parce qu’on baisse de huit ans des réquisitions qui étaient complètement démesurées qu’on peut se satisfaire“, a réagi devant la presse l’avocate de Rédoine Faïd, Me Marie Violleau. “Quand on sait que ce qui l’attend, c’est l’isolement, 14 ans, en plus de ce qu’il a encore à faire, ce n’est pas rien“, a-t-elle ajouté, précisant qu’elle attendrait de voir les motivations de la cour avant de se prononcer sur un éventuel appel.

Brahim Faïd, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec son frère Rédoine au moment de l’évasion, avait juré pendant ce procès de sept semaines qu’il n’avait pas été mis au courant du projet. Les avocats généraux l’ont cru et demandé son acquittement. Pas la cour, qui l’a condamné à un an de prison avec sursis. Trois neveux du braqueur, jugés pour avoir aidé leur oncle pendant l’évasion ou la cavale de trois mois qui avaient suivi, ont eux été condamnés à des peines de deux, six et huit ans de prison.

Seul point d’accord entre l’accusation et la cour, le cas d’Alima A., la “logeuse” et amie d’un des neveux, chez qui le braqueur s’était imposé à la fin de sa cavale. La cour a décidé de lui faire bénéficier de l’irresponsabilité pénale et retenu la “contrainte morale“. Elle a été acquittée.

Autre “acquittement” surprise de ce verdict, celui de tous les accusés concernés, Rédoine Faïd compris, par le “détournement de l’aéronef“. Il ne pouvait pas être caractérisé, car il n’y avait que le pilote à bord, et pas de passagers, a indiqué la présidente.

Jacques Mariani condamné à deux ans de prison

Le 1ᵉʳ juillet 2018 au matin, en “7 minutes 33“, le commando avait jeté des fumigènes, forcé les portes à la disqueuse et extrait le braqueur. L’hélicoptère s’était envolé sous les applaudissements des détenus, sans qu’un coup de feu ne soit tiré, avaient insisté le braqueur et sa défense. La cour était également saisie d’un petit “volet corse“, sans lien avec l’évasion de Réau et qui a finalement pris beaucoup de place au procès.

Selon l’accusation, Rédoine Faïd avait demandé en 2017 à Jacques Mariani de l’aider à s’évader – à l’époque de la prison de Fresnes – en échange d’assassinats ciblés de membres d’un clan rival corse.
Les fermes dénégations des deux grands bandits, et les sérieux doutes sur ce projet des enquêteurs venus témoigner à la barre n’ont pas convaincu la cour, qui les a reconnus coupables, et a condamné Jacques Mariani, déjà détenu pour d’autres causes, à deux ans de prison.

L’accusé, qui avait joué l’intermédiaire et comparaissait caché derrière un paravent après avoir changé de vie et d’identité pour avoir “balancé” son ex-ami Jacques Mariani, n’a pas bénéficié de l’exemption de peine demandée et écopé de deux ans avec sursis.

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