Justice | | 06/10/2023
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Saint-Denis : 4 ans de prison requis contre “Samy la Belette”

Saint-Denis : 4 ans de prison requis contre “Samy la Belette” © NoName_13

Ce jeudi, quatre ans de prison ont été requis contre “Samy la Belette“, marchant de sommeil présumé de Saint-Denis, accusé d’avoir loué des logements insalubres à des personnes vulnérables.

Ont également été requis la confiscation du bien, 20 000 euros d’amende à l’encontre du prévenu et 50 000 contre sa société.

Lire aussi : Le procès de “Samy la Belette”, marchand de sommeil de Saint-Denis

Un logement “insalubre et dégueulasse

Il y a un “nombre excessif de victimes dans le dossier, une particulière vulnérabilité, des profits exorbitants réalisés et une période de prévention qui s’étend de 2017 à 2022“, a résumé la procureure.
Sami Brami, qui n’a cessé de trépigner et de marmonner à chaque intervention qui lui semblait farfelue, est resté calme lors des réquisitions. Jeudi, le témoignage d’une ancienne locataire et l’intervention à la barre de Mathieu Hanotin, maire socialiste de Saint-Denis, l’ont particulièrement irrité.

Appuyée sur la barre, l’ancienne locataire, volubile, accable M. Brami. Si, au départ, “l’appart’ était bien“, elle finit par payer 650 euros pour un logement “insalubre et dégueulasse“, avec “des trous partout dans les murs, des rats qui rentraient à longueur de journée dans le logement… Enceinte de huit mois, je ne dormais pas la nuit“, raconte la jeune femme, vêtue d’un t-shirt Mickey, d’un bas de survêtement et du combo claquettes/chaussettes.

Personnes sans-papiers, porteur de handicaps, mineurs

À l’inverse, un autre locataire, porteur de handicap, a attesté n’avoir jamais eu “aucun problème avec eux“, saluant la prévenance du prévenu. Il n’est “pas en mesure de se rendre compte de ce qui est mal sur un plan légal“, rattrape son avocat. “On ne peut pas abuser comme ça de la naïveté, de la crédulité, de la faiblesse de ces gens-là“, plaide-t-il.

Dans les 25 logements, vivaient 70 personnes dont 26 mineurs et 13 majeurs protégés. Pour des 9 ou 16 m², cumulant les critères d’insalubrité, les loyers oscillaient autour de 700 euros. Grosso modo, les locataires étaient divisés en deux catégories. D’un côté, des personnes sans-papiers de nationalité syrienne, qui du fait de leur situation irrégulière ne pouvaient pas prétendre à un logement classique. De l’autre, les personnes en situation de handicap mental ou physique, sous tutelle ou curatelle.

C’était ça ou la rue

À l’audience ont été exposées les failles d’un système obstrué par la saturation du marché du logement social. Placer des personnes vulnérables dans des appartements insalubres, “c’était la dernière solution lorsqu’on n’avait pas de logement“, s’est justifiée la représentante de l’Udaf 93, association reconnue d’utilité publique, chargée de la gestion des ressources de ces bénéficiaires.

C’était ça ou la rue“, concède-t-elle face aux questions embarrassantes du tribunal et des avocats. D’après elle, Sami Brami n’hésitait pas à les prévenir lorsqu’un logement était libre. Sur son banc, le prévenu fulmine en silence. C’est un “système qui s’auto-entretient et qui arrange tout le monde“, remarque Armando Frignati, avocat de majeurs protégés et de l’Udaf 93.

1,8 million d’euros de loyer en 10 ans

En 2013, Sami Brami avait acheté l’immeuble pour 500 000 euros, espérant le revendre et en retirer une confortable plus-value. Mais d’après sa défense, il en a été empêché par la mairie. “Il n’y a pas de problème personnel“, estime Mathieu Hanotin, avançant que la promotion immobilière “n’est pas compatible avec la construction d’un quartier humain avec une qualité de vie“.

D’après les calculs de la municipalité, en 10 ans, le prévenu aurait engrangé “1,8 million d’euros de loyers“. Il n’y a “aucun élément, ce n’est qu’un calcul théorique“, répond l’avocat de la défense, Me Paul-Philippe Massoni, expliquant que “l’immeuble a été fermé cinq ans“. Selon lui, M. Brami aurait gagné “150 000 euros depuis 2013 grand maximum” et n’aurait surtout pas profité de la misère humaine.

Soixante infractions liées à l’habitat indigne ont été recensées depuis trois ans à Saint-Denis. “Les plus graves, c’est sur cette affaire“, assure le maire. À l’échelle du département, la préfecture de Seine-Saint-Denis compte 160 procédures. Le délibéré sera rendu le 15 décembre.

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