À Saint-Denis, une quinzaine d’enseignants du collège Henri Barbusse font grève pour obtenir l’ouverture d’une classe de 5ème et alerter sur le manque de personnel. Ce mercredi, ils se sont rassemblés, casseroles à la main, devant la direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) à Bobigny.
“Cette année, on essaye de nous faire passer au-dessus du seuil de 24 élèves par classe, ce qu’on refuse, car la seule chose qu’on a en éducation prioritaire en Seine-Seine-Saint-Denis, c’est ce seuil“, fustige Iroise. “Tout le reste ne va pas : il y a des cafards et de l’humidité dans les classes. On continuera tant qu’on ne nous aura pas entendus“, déplore-t-elle.
“On ne peut pas enseigner“
Ce mercredi, 15 enseignants du collège Henri Barbusse avaient fait le déplacement sous les fenêtres du directeur académique de la Seine-Saint-Denis. La veille, ils étaient 25 à s’être mis en grève.
Classé réseau d’éducation prioritaire (REP), l’établissement compte deux classes de 5ème. “L’ancien chef d’établissement avait décidé la fermeture d’une division, ne nous assurant qu’il n’y aurait pas de sureffectifs. Or, on constate qu’il y a 25 élèves inscrit dans chacune des classes. On ne peut donc pas inclure les élèves d’Upe2a et d’Ulis [ndlr, ces deux dispositifs sont destinés aux élèves respectivement allophones et situation de handicap] en respectant les seuils“, explique un autre professeur qui préfère rester anonyme. “J’ai déjà travaillé dans une classe à 30 élèves en REP. On ne peut pas enseigner, on fait de la surveillance parce que ça peut partir en vrille à tout moment.”
“Les élèves d’Upe2a servent trop souvent de variable d’ajustement“
Dans cet établissement, le dispositif Upe2a comptait l’année dernière 20 élèves de 13 nationalités différentes. Selon Claire (prénom modifié), ils sont 12 inscrits en ce début de rentrée, dont trois ont été inclus en classe de 3ème alors qu’ils auraient dû l’être en 4ème. “C’est le niveau qui leur correspond. Les élèves d’Upe2a servent trop souvent de variable d’ajustement, car on sait que leurs parents ne vont pas se plaindre“, explique-t-elle. Selon elle, les effectifs au sein de ce dispositif sont appelés à croître dans les prochaines semaines dans la limite théorique de 20 élèves. “Sur les 12 élèves, six doivent être inclus en 5ème. Comment on fait alors que les classes sont déjà surchargées?“, complète l’enseignante.
Pour les professeurs en grève, le calcul est simple : il faudrait alléger les effectifs et ouvrir une troisième classe de 5ème.
Cinq établissements mobilisés en Seine-Saint-Denis
“On demande également la nomination des postes d’infirmière scolaire, de médiatrice, d’assistant d’éducation“, ajoute Iroise, qui dénonce des conditions d’enseignement désastreuses et demande un plan d’urgence pour la Seine-Saint-Denis. “Sur les 40 enseignants qui étaient en poste quand je suis arrivé il y a cinq ans, il n’en reste que cinq. Personne ne veut rester ici“, souffle la jeune femme.
Un constat que partage Célinia, maman d’une élève qui a fait sa rentrée en 3ème dans le collège. Elle fait le déplacement jusque à Bobigny pour interpeller la DSDEN. “C’est le genre d’établissement où les parents ne veulent pas inscrire leurs enfants parce que la situation est catastrophique. Comment on peut nous mépriser à ce point? Je soutiens les professeurs, ils ont raison de faire grève. C’est malheureusement le seul moyen de se faire entendre.“
Contactée, l’académie de Créteil rappelle que les derniers ajustements de la carte scolaire doivent être réglés dans les prochains jours. Concernant les effectifs de classe, elle ne parle pas de “seuil“, mais de “repère“. En cette rentrée scolaire, cinq établissements du second degré ont été marqués par des “mobilisations” sur les 198 que compte le département.
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