Avec quelque 300 salariés, l’association Sauvegarde 93 est le principal acteur de la protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis. En 2021, elle avait déjà traversé une grave crise interne. Ce lundi, des salariés de FO se sont mobilisés devant le siège à Bobigny pour contester des pratiques managériales “archaïques” et une “gestion financière catastrophique“. Ce que la direction réfute en bloc.
“Menaces, intimidations, harcèlement moral...”, ce sont les termes que l’on peut lire sur le tract distribué ce lundi midi devant le siège de Sauvegarde 93, la principale association de protection de l’enfance de Seine-Saint-Denis. “Depuis des années, on bataille pour que le Code du travail soit respecté. Quand des droits d’alertes sont exercés, l’employeur se doit de déclencher une enquête immédiate et d’apporter des mesures de prévention. Ici, il ne respecte pas son obligation“, défend Farid Bennai. Délégué syndical FO et éducateur spécialisé depuis huit ans à Sauvegarde 93, il était accompagné par une dizaine de syndicalistes et salariés.
“Des méthodes de management délétères et différenciés“
En 2021, un conflit a déjà marqué pendant plusieurs mois les relations entre les salariés et la direction. Interpellé, le conseil départemental, qui est le principal financeur de l’association, avait alors conduit une inspection sur son organisation et sa gouvernance. La direction avait par ailleurs contesté devant la justice la décision du comité économique et social (CSE) de recourir à une expertise pour risque grave. Mais le tribunal de Bobigny l’a débouté fin 2022.
Pour Farid Bennai, “rien ne s’est arrangé depuis 2021, ça s’est même aggravé“. “Résultat, les problèmes pourrissent, ce qui génère des méthodes de management délétères et différenciés qui peuvent même prendre des formes de discrimination.“ FO évoque aujourd’hui “la prime Ségur pour les uns et pas pour les autres“, “la suppression des paniers repas lors des déjeuners éducatifs”
“Ce climat produit du clivage et des risques psycho-sociaux, casse le collectif de travail et se traduit par des arrêts-maladie, de la perte de sens des missions. Tout cela affecte bien sûr les enfants et les familles“, poursuit le syndicaliste. Enfin, Farid Bennai évoque aussi une gestion financière qui a conduit au déclenchement d’une alerte par le commissaire aux comptes. Il regrette aussi que les autres syndicats ne se soient pas mobilisés.
“Il n’y a aucun conflit social”
“Il n’y a aucun conflit social. Ce rassemblement était porté par un salarié qui est lui-même en difficulté. D’ailleurs, ils n’étaient pas très nombreux“, met au point Franceline Lépany, avocate et présidente de Sauvegarde 93, qui réfute en bloc toutes les critiques de FO.
“On fait tout pour améliorer le dialogue social : nous avons maintenant un directeur de transition et un directeur des ressources humaines. On fait tout aussi pour sécuriser les salariés et les accompagner.”
Pour Franceline Lépany, la page des “problèmes organisationnels” qu’a pu traverser l’association est désormais tournée. “On travaille justement avec un cabinet nommé par le CSE pour réaliser une expertise sur l’environnement du travail“. Le rapport intermédiaire est en cours de finalisation et les conclusions sont attendues pour l’année prochaine.
Pour ce qui est de l’alerte financière, Franceline Lépany indique qu’elle a été levée par le commissaire aux comptes. “Il y avait un déficit de certains services depuis un certain temps, ce que le CSE a d’ailleurs toujours reconnu. Le conseil départemental nous a demandé de prendre des dispositions, ce que nous avons fait.”
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