Handicap | Seine-Saint-Denis | 21/11/2023
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Seine-Saint-Denis : du recours en justice aux solutions pratiques, le combat des parents pour composer avec le handicap à l’école

Seine-Saint-Denis : du recours en justice aux solutions pratiques, le combat des parents pour composer avec le handicap à l’école

En l’espace de six mois, Audrey Tatry aura réussi un tour de force : élargir le combat pour son fils Sohan à une lutte plus large pour l’inclusion des enfants en situation de handicap à l’école. L’association une “Ecole inclusive pour tous”, qu’elle a créé avec d’autres parents à Rosny-sous-Bois, vient de développer une “Adapta’Box” pour outiller les enseignants et les élèves en situation de handicap.

Il fallait que l’on propose quelque chose de concret“, résume Audrey Tatry, qui enchaine les rendez-vous pour présenter ce nouvel outil. Son objectif : que cette boite à outils soit expérimentée en milieu scolaire pour faciliter l’inclusion des enfants en situation de handicap.

© Une école inclusive pour tous
L’Adapta’Box comprend quinze outils pour mieux inclure les élèves en situation de handicap à l’école.

Quinze outils pour adapter les apprentissages

À l’intérieur, quinze accessoires pratiques : règles de lecture, stylos et ciseaux ergonomiques, roue des émotions, casque antibruit, cahiers d’écriture spéciaux, plan incliné pour améliorer la position d’écriture, manchons pour faciliter la tenue du crayon, sabliers, balles antistress, bande élastique d’aide à la concentration et coussin permettant une assise dynamique pour les enfants hyperactifs.

Une règle de lecture, c’est tout simple, mais ça aide vraiment un enfant qui a du mal à lire. Encore faut-il qu’il y en ait en classe“, indique Audrey Tatry, dont le fils, Sohan, qui souffre notamment de dyspraxie, est scolarisé en CP dans une école de Rosny-sous-Bois.

Le tout est accompagné de fiches pratiques à destination des enseignants pour expliquer comment les utiliser et dans quelle situation, afin de mieux adapter les apprentissages et les enseignements en fonction des troubles des enfants.

Travail collectif

L’école a ouvert ses portes aux enfants porteurs de handicap, mais il n’y a pas les outils nécessaires pour qu’ils soient bien pris en charge et qu’on prenne conscience de leurs besoins. Aujourd’hui, il y a, d’un côté, des enfants qui se retrouvent constamment face à leurs échecs. De l’autre, des enseignants et des AESH [ndlr, accompagnants d’élèves en situation de handicap] qui sont livrés à eux-mêmes et qui doivent aller chercher des solutions et les payer de leur poche“, constate-t-elle.

Le contenu de l’Adapta’Box représente du reste un investissement d’environ 200 euros. Mais l’association mise sur le développement de partenariats pour faire baisser les coûts. Pour la concevoir, elle s’est appuyée sur l’expertise de professionnels de l’éducation et du médico-social. “Cette box est le fruit d’un travail collectif entre parents d’enfants en situation de handicap, un enseignant, une assistante d’éducation, deux psychomotriciennes et une éducatrice spécialisée. Dès le départ, on a voulu que cette boite à outils reste simple, ludique et facile d’utilisation.”

De la lutte au tribunal à l’aide concrète à l’Éducation nationale

À ce stade, l’Adapta’Box s’adresse aux élèves de premier degré. “Mais lidée est de pouvoir l’adapter au second degré où les besoins ne sont pas les mêmes. On pourrait, par exemple, inclure un scan pour faciliter la prise des cours pour les enfants qui ont des difficultés pour écrire“.

L’association “Une école inclusive pour tous” a été reçue au ministère de l’Éducation nationale mi-novembre et attend désormais de présenter son projet au rectorat de Créteil pour qu’il soit expérimenté dans une école de l’académie. “Nous avons été bien reçus. Je pense qu’il y a un véritable intérêt pour notre projet“, se réjouit Audrey Tatry. “De toute façon, on ne lâchera pas. On a déjà parcouru un sacré chemin.”

Créée le 19 mai dernier, l’association compte aujourd’hui 200 membres à travers la France et cherche à développer des antennes dans chaque département. Elle est née à Rosny-sous-Boi,s après le combat porté devant le tribunal administratif de Montreuil par Audrey Tatry pour obtenir l’accompagnement complet que lui avait notifié la Maison départementale pour les personnes handicapées pour son fils Sohan. À l’instar d’une autre mère, membre de l’association, elle craint d’ailleurs de devoir continuer à batailler pour faire appliquer ce droit compte tenu du manque d’AESH.

Changer le regard de la société

J’ai grandi avec le handicap. J’ai été une très jeune été fille aidante et j’ai subi le regard des autres sur le handicap lourd dont souffrait ma mère. Je suis moi-même hyperactive et je me suis retrouvée en échec scolaire. Quand je suis tombée enceinte de Sohan, je voulais sortir de ce schéma d’aidant. Il faut vivre avec. J’ai donc décidé de me battre pour mon fils et pour ma mère. Mais en restant bienveillante, en proposant des solutions. On est nombreux dans ce cas. C’est pour ça que le collectif donne une force. C’est un combat noble qu’il faut tirer vers le haut. On n’a pas besoin de pitié, on a juste besoin de changer le regard de la société“, confie-t-elle avec le sourire.

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