Pendant deux ans et demi, un couple s’est fait prescrire, auprès d’un médecin très complaisant, du Subutex, un médicament compensant l’héroïne pour les toxicodépendants, mais aussi du Lyrica et du Valium, afin de les revendre via un réseau illégal.
Une petite affaire bien rodée, permise par un médecin très complaisant de Stains, qui a pris fin début 2023, avec l’interpellation du couple.
Ce mardi, le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné l’homme à quatre ans de prison ferme et un an de sursis probatoire en raison, selon la juge, de “l’extrême gravité des faits”, de la durée pendant laquelle les délits ont été commis et également en raison de “la quantité de médicaments dont il était question”.
Sa compagne, très émue à la lecture du délibéré, a été condamnée à deux ans de prison ferme et deux ans avec sursis probatoire. La moitié de la peine requise, ce qui “satisfait” son avocat, Me Nicolas Paganelli.
Les deux condamnés ont l’obligation de se faire soigner et de trouver un travail à l’issue de leur détention.
Simple sursis mais interdiction d’exercer pour le médecin
Deux autres prévenus, des revendeurs de médicaments, ont eux été condamnés à des peines d’une année, aménageables en semi-liberté. Un sixième prévenu, qui transportait des médicaments le jour de son interpellation, a été condamné à 140 heures de travaux généraux.
Comparaissant libre, le médecin qui a alimenté le réseau, en multipliant les ordonnances, a été reconnu complice des délits de trafic de médicaments et exercice illégal de la profession de pharmacien. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et interdiction de toute activité médicale pendant trois ans, une décision conforme aux réquisitions.
500 000 euros de trafic, un millier de boites vendues
Le trafic pouvait, selon la femme, “rapporter 300-400 euros tous les trois jours”. Le couple avait témoigné de ses addictions lourdes à l’alcool et à la cocaïne lors du procès qui s’était tenu fin mai. Une plaquette de Subutex se revendait 10 euros, 50 pour le Lyrica et cinq euros pour un comprimé de Valium. Selon les enquêteurs, plus d’un millier de boîtes de médicaments ont été revendues pour un bénéfice estimé à 500 000 euros.
Le trafic de médicaments, un fléau qui a pris le relais de celui de la drogue
“On parle de produits d’une toxicité particulière,” a souligné la juge mardi qui a rappelé le “contexte territorial complexe” dans lequel le réseau opérait. “La vente de médicaments prend le pas sur le trafic de stupéfiants“, avait alerté la procureure en préambule de son réquisitoire.
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