Sénatoriales en Seine-Saint-Denis : droite et gauche partent en ordre dispersé

Pour rappel, les 6 sénateurs sortants en Seine-Saint-Denis sont :

• Éliane Assassi PCF
• Vincent Capo-Canellas UDI
• Thierry Meignen LR
• Annie Delmont-Koropoulis LR
• Fabien Gay PCF
• Gilbert Roger PS

Six ans après avoir ravi un siège au PS, le PCF entend bien maintenir son ancrage en Seine-Saint-Denis. “Je suis le seul sénateur sortant de gauche et on va tout faire pour garder notre deuxième siège“, assure Fabien Gay, Eliane Assassi, la présidente du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat, ayant décidé de ne pas se représenter.

À gauche, le défi du maintien du PCF et d’un troisième siège pour EELV

L’élu communiste fait valoir une liste “à l’image du territoire composé du PCF, de Génération.s et des citoyennes et citoyens dont deux maires, deux maires adjointes et une conseillère municipale“.

“On a une base solide, on rassemble même au-delà de la gauche et je peux m’appuyer sur mon bilan avec 3 500 interventions Sénat“, défend l’élu tout en portant un regard perplexe sur la multiplication des listes à gauche. “Je ne vais pas critiquer ce que font les autres. Ils ont le droit, c’est la démocratie. Nous, nous avons proposé le rassemblement parce qu’il faudra à l’issue du scrutin des sénateurs d’expérience et immédiatement combattifs”, insiste-t-il, énumérant les débats épineux à venir sur la loi sur l’immigration, le budget de la Sécurité sociale et “un budget de la nation qui étouffe les collectivités locales“.

Les deux sièges communistes sont d’autant plus convoités que le PCF à perdu deux villes de poids lors des élections municipales de 2020 : Saint-Denis, dirigée depuis par une majorité PS, et Aubervilliers, conquise par l’UDI. Soit plusieurs dizaines de grands électeurs en moins.

Le PS affiche ainsi sa volonté de reconquête. Alors que le sénateur socialiste sortant, Gilbert Roger, a annoncé en juillet quitter la vie politique, c’est Corinne Narassiguin, secrétaire nationale à la coordination et aux moyens du PS, qui a été investie pour conduire une liste rassemblant les socialistes et EELV.

“Nous sommes la seule liste capable de faire élire plusieurs sénateurs à gauche et de ravir un siège à la droite“, assure l’ancienne candidate déçue aux élections départementales de 2021. Elle mise sur au moins deux sièges qui reviendront de facto à deux socialistes (Adel Ziane, l’adjoint au maire de Saint-Ouen étant en deuxième position sur la liste).

Mais le vrai défi sera ensuite d’aller chercher un troisième siège, qui reviendrait à l’élue écologiste de Bagnolet Anne de Rugy. Si elle reconnaît que l’objectif est “compliqué“, Corinne Narassiguin estime entre 300 et 400 le nombre de grands électeurs qui peuvent encore faire la différence.” Au-delà des socialistes et écologistes, il y a aussi de nombreux élus issus de mouvements syndicaux et associatifs, des personnalités comme François Dechy [ndlr, le maire de Romainville].”

Si l’alliance PS-EELV mène campagne en bonne entente avec le PCF, Corinne Narassiguin fustige en revanche le risque de dispersion de voix avec les autres listes de gauche. À commencer par celle de LFI. “Malheureusement, il y a toujours cette tentation de militer, mais ces candidatures ne sont pas entendues“, commente-t-elle.

De quoi faire bondir Bally Bagayoko, la tête de liste de LFI en Seine-Saint-Denis. “On ne va pas s’excuser de représenter nos idées, d’être en cohérence avec les principes qui ont fondé la Nupes lors de l’élection présidentielle de 2022 et de présenter une liste représentative de la Seine-Saint-Denis, avec cet enjeu primordial de terrasser la droite et l’extrême-droite“, réagit l’ancien élu de Saint-Denis. “La vérité, c’est qu’à l’occasion de ces sénatoriales, on assiste à nouveau à ces vieux réflexes d’appareil qui ont déjà dégoûté beaucoup de gens de la politique“, souffle-t-il.

En plus de LFI, la liste “unioniste” PS-EELV devra aussi compter sur deux autres listes classées “divers gauche”: celle conduite par Natasho Aden, conseillère municipale d’opposition à Stains et celle présentée autour d’Ahmed Laouedj. “Il y aura des surprises le 24 septembre“, espère par le président du parti radical de gauche (PRG) en Seine-Saint-Denis, qui porte, selon ses termes, “une liste transpartisane, de proximité et représentative du département.” “Nous voulons être élus au Sénat pour travailler sur des questions très concrètes comme la revalorisation du statut des élus ou l’éducation. Or, il y a 50 à 60% des élus du département qui sont sans étiquette, qui ne se reconnaissent pas dans les partis traditionnels“, analyse-t-il.

Pour compliquer encore l’équation, Brahim Chikhi, ancien adjoint aux finances du maire (PS) de Saint-Denis, a également déposé une liste sous le nom “Réparer la république, défendre nos valeurs” tandis que Géraldine Dauvergne défend une liste écologiste alternative. (Respirer en Seine-Saint-Denis).

À droite, un troisième siège en ligne de mire

L’hypothèse d’un éparpillement des suffrages est aussi pregnante à droite. Durant l’été, la composition de la liste LR derrière Thierry Meignen avait même mis à rude épreuve l’unité du parti dans le département, poussant Christian Demuynck, le maire de Neuilly-Plaisance, à lancer un appel à l’unité. En cause, le nom de la candidate en deuxième position, c’est-à-dire la plus à même d’être élue sur le siège d’Annie Delmont-Koropoulis qui ne se représente pas. C’est finalement la commission nationale d’investiture qui a tranché en faveur de Séverine Maroun, première adjointe au maire d’Aulnay-sous-Bois, au détriment de Brigitte Marsigny, maire de Noisy-le-Grand.

Pour le scrutin, les LR regardent surtout vers le centre et la liste de “rassemblement des démocrates, gaullistes, libéraux et centristes” d’un autre sénateur sortant, Vincent Capo-Canellas (UDI).

Comme en Val-de-Marne, le parlementaire UDI est cette fois soutenu par la majorité présidentielle. Si sa liste compte pas moins de quatre candidats UDI, dont Aude Lagarde, maire de Drancy en 2e position, elle fait aussi place à Horizons et Renaissance, et est également soutenue par le Modem. Une liste “représentative de tous les modérés”, défend le sénateur sortant. “La quasi-totalité des maires UDI ont dans leur majorité des élus Modem et Renaissance”, rappelle l’élu qui s’inscrit néanmoins dans la majorité sénatoriale, avec la droite. Mais “la majorité sénatoriale est très ouverte”, pointe l’élu qui plaide pour la simplification du “millefeuille territorial” pour “redonner de l’autonomie” aux communes. “Notre groupe vote en fonction des textes et essaie de bâtir des compromis. Aujourd’hui, la situation de blocage dans laquelle se trouve le pays n’est pas tenable alors qu’il reste quatre ans avec la prochaine élection présidentielle.”

“L’UDI a fait une liste macroniste avec des gens venant de Renaissance ou d’Horizons. Nous, ce que nous disons aux élus, c’est que nous siégerons dans l’opposition au président Macron pour notamment défendre une véritable décentralisation“, se démarque Thierry Meignen.

RN et Reconquête se comptent

Sans ancrage municipal dans le département, le scrutin sénatorial s’annonce plus difficile pour le RN, dont la liste est menée par son délégué départemental, Sébastien Jolivet. La même problématique se pose pour Reconquête, dont plusieurs militants figurent bien présent sur la liste du conseiller municipal du Raincy, Pierre-Marie Salle.

Les listes déposées en Seine-Saint-Denis

Liste “Au service des communes pour défendre la Seine-Saint-Denis” (Rassemblement national)

Liste “La confiance en l’avenir” (divers gauche)

Liste “La gauche et les écologistes rassemblés pour la Seine-Saint-Denis”

Liste “Résister, proposer et agir, la Seine-Saint-Denis en commun“

Liste “Rassemblement pour nos villes” (divers centre)

Liste “Réparer la République, défendre nos valeurs” (divers centre)

Liste “Respirer en Seine-Saint-Denis” (Génération écologie–Volt Europa)

Liste “Seine-Saint-Denis union populaire écologique et sociale” (La France insoumise)

Liste “Sénat pour tous: bataille pour une société des égaux” (divers gauche)

Liste “Tous unis pour la Seine-Saint-Denis” (Les Républicains)

Liste “Union pour le redressement de la France“