Emploi | | 11/04/2023
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La première agence locale d’insertion de Seine-Saint-Denis ouvre à Sevran

La première agence locale d’insertion de Seine-Saint-Denis ouvre à Sevran © CH

Un peu plus d’un an après avoir obtenu de l’Etat la recentralisation du financement du revenu de solidarité active (RSA), la Seine-Saint-Denis a inauguré vendredi l’une de ses premières agences locales d’insertion (ALI) à Sevran. D’ici 2024, elle en comptera 22, une par circonscription sociale.

Avec aujourd’hui près de 100 000 allocataires du RSA, dont 40% depuis plus de 5 ans, la collectivité s’est trouvée asphyxiée financièrement et impuissante à résorber l’afflux de demandeurs. En septembre 2021, elle a obtenu de l’Etat qu’il récupère le financement de cette allocation. En contrepartie, la Seine-Saint-Denis s’est engagée à doubler le budget de sa politique d’insertion, objectif qui sera atteint cette année puisqu’il doit être porté à 46 millions d’euros.

Au total, treize ALI sont en cours de déploiement cette année sur un total de 22 à terme.

“Il faut vraiment être capable de lever plusieurs freins à la fois

La mise en place de ces agences représente la facette la plus visible de “cette nouvelle donne de l’insertion.” A Sevran, elle est installée dans les locaux de la PEIF, la plateforme emploi initiative formation, créée par l’association Compétences emploi, en plein cœur d’une zone d’activité. “Cela fait vingt ans que nous développons ce lieu avec le soutien de la mairie de Sevran et que nous travaillons dans le domaine de l’inclusion. C’est donc tout naturellement que l’on a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt du département en décembre 2021“, explique Naïma Belabbas, sa directrice.

Certains espaces seront mutualisés avec l’écosystème de Compétences emploi comme l’espace numérique de recherche d’emploi. À l’étage, les bureaux accueillent déjà les référents de l’ALI, mais des salles sont aussi en cours de réaménagement. “On a envie de donner une touche moins institutionnelle, un peu tiers-lieu pour créer un espace de convivialité ou les gens peuvent venir se poser, boire un café. C’est une manière de les mobiliser différemment“, commente-t-elle.

Financé par le département à hauteur de 630 000 euros (les locaux étant mis à disposition par la ville) par an, la nouvelle ALI remplace le projet insertion emploi (PIE) qui était jusque-là porté par la commune. Avec un premier bénéfice attendu : la réduction du nombre de personnes suivies par référent. À Sevran, ceux-ci seront au nombre de cinq. Ils auront 70 à 90 personnes par an à suivre contre une file active de 150 dans l’ancien PIE.

Un organisme municipal n’a pas la même agilité qu’une structure associative“, analyse sur le fond Naïma Belabbas. “On n’a pas sur les mêmes méthodologies de travail. On active aussi un plus large éventail de leviers financiers au-delà de la ville et du département. En fait, si on veut répondre de manière très adaptée, il faut vraiment être capable de lever plusieurs freins à la fois.”

© CH
Stéphane Troussel et Stéphane Blanchet inaugure l’agence locale d’insertion de Sevran.

Les SIAE sont les débouchés naturels des ALI

Pour assurer ses nouvelles missions d’accompagnement des allocataires du RSA, l’ALI regroupe, autour de Compétences emploi, cinq autres acteurs: Vitamin T, poids lourd de l’insertion par l’activité économique en France, EPIE Formation acteur reconnu de l’insertion professionnelle à Saint-Denis pour le volet numérique, Instep pour le volet linguistique, C2DI qui est spécialisé sur la médiation à l’emploi et le lien aux employeurs, et Synergy family qui met en place des ateliers de redynamisation par le sport ou le théâtre.

Si les personnes ont, par exemple, à faire un diagnostic en compétences linguistiques, ils pourront le faire ici, ce qui n’était pas le cas avant. Les gens étaient bien sûr orientés, mais ça pouvait être à l’autre bout du département, ce qui peut décourager ou générer des freins supplémentaires à l’insertion en termes de mobilité ou de garde d’enfant“, précise Naïma Belabbas.

Dans le prolongement de la création des ALI, le département annonce également des moyens supplémentaires dans la formation des allocataires avec 2 390 places financées pour un montant de 4,2 millions d’euros ou encore le triplement par rapport à 2021 du soutien à l’insertion par l’activité économique (IAE) avec 565 équivalents temps plein réservés à des allocataires du RSA, pour un budget de 2,6 millions d’euros.

Nous avons complètement revu le barème de financement à l’IAE“, indique Anne-Sophie Casteigt, directrice chargée de l’emploi, de l’insertion et de l’attractivité territoriale au département. “Pour les chantiers d’insertion, par exemple, qui sont la première marche vers l’emploi des personnes les plus en difficultés, on a multiplié par deux notre aide au poste qui est passé de 2 500 à 5 000 euros. Pour nous, les SIAE [ndlr, les structures de l’insertion par l’activité économique] sont des leviers naturels des ALI. C’est un formidable levier de retour vers l’emploi et la formation.

Un constat que partage Solange, 41 ans, qui a été accompagnée par Compétences emploi. D’avril à octobre 2022, elle a participé à la réhabilitation des fresques de la Chapelle de la Fossée à Sevran dans le cadre d’un chantier d’insertion. “Pour moi, c’était une véritable chance, parce que je ne m’occupais que de mes trois enfants. Cette expérience m’a remotivée et m’a redonnée confiance en moi. Maintenant, je continue à travailler dans la restauration collective et ça me plaît beaucoup“, confie-t-elle tout sourire.

Naïma Belabbas regrette toutefois que “Nord-Est de la Seine-Saint-Denis soit moins pourvu en SIAE que d’autres territoires comme ceux [ndlr, des établissements publics territoriaux] de Plaine Commune ou d’Est Ensemble“, même si elle salue les efforts du département et de l’Etat. “Ces structures sont, en effet, un véritable tremplin. À Sevran et dans cette partie du département, nous sommes confrontés à un public où les difficultés se cumulent souvent. On parle de familles monoparentales, de violences intra-familiales ou conjugales, de barrière de la langue… Mais il faut résolument rester positif. À Compétences emploi, on obtient un taux de sorties positives, en formation ou emploi, de 50% ce qui est déjà très bien.

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