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Justice | Hauts-de-Seine | 13/09/2023
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Six policiers des Hauts-de-Seine jugés en appel pour injures racistes

Six policiers des Hauts-de-Seine jugés en appel pour injures racistes © Oleksandr Filon

Filmée de nuit, la vidéo amateur est tremblante, parfois floue. Mais s’y entendent nettement les cris déchirants d’un interpellé à l’intérieur d’un fourgon, des bruits de coups et les rires sardoniques de fonctionnaires de police.

Lourdement condamnés en première instance à Bobigny, six policiers des Hauts-de-Seine sont jugés depuis mercredi par la cour d’appel de Paris pour des injures racistes et des violences envers un Égyptien sans-papiers après son interpellation en avril 2020 dans une rue de L’Île-Saint-Denis. Captée en vidéo, la scène a fait scandale.

“Je n’avais aucune intention d’insulter monsieur. Je venais de l’interpeller dans des conditions certes difficiles mais je n’avais aucun conflit avec lui. Je répondais à une blague de mon collègue”, minimise à la barre le prévenu Pierre C., veste de costume et chemise blanche, sanctionné administrativement et désormais interdit du concours d’officiers.

Les images ont valu à six fonctionnaires des peines allant jusqu’à un an de prison – dont six mois ferme – en janvier 2022 au tribunal de Bobigny, qui est même allé au-delà des réquisitions du parquet.

En plein confinement, des fonctionnaires de police d’Asnières sont appelés pour intervenir sur un cambriolage de chantier. À leur arrivée, des suspects prennent la fuite, en voiture puis à pied. L’un d’eux, Samir E., saute dans la Seine pour leur échapper.

Rattrapé par la patrouille de l’autre côté du bras de fleuve, sur le territoire de la commune de L’Île-Saint-Denis, l’Égyptien est menotté et emmené au fourgon. Sur les écrans de la cour d’appel qui prend connaissance de la vidéo explosive, les sarcasmes des forces de l’ordre fusent:

– Putain, il faut mieux nager la prochaine fois.
– Un bicot comme ça, ça nage pas.
– Haha, ça coule. La prochaine fois, faut lui accrocher un boulet au pied ! (…)
– Le bus magique ! Le bus magique !
– Il va passer un mauvais moment.
– “Comme un insecte” –
Enregistrés de derrière des persiennes par un riverain, les propos vont se retrouver dès le lendemain sur internet et provoquer un tollé. 

Sous le regard des prévenus, cinq hommes et une femme, la partie civile Samir E. défend mordicus à la barre la réalité des coups dont il dit avoir été victime dans le camion, hors de vue de la caméra. Aucune marque significative n’a été relevée sur son corps les jours suivants.

“Dans la voiture, j’étais par terre, j’ai senti qu’il y avait des coups mais je ne savais pas qui me les donnait (…) On m’a dit que j’étais comme un insecte qui est rentré dans la voiture, qui a sali la voiture”, relate le trentenaire aux cheveux crépus et aux tempes rasées, en France depuis 2009, qui s’exprime par le truchement d’une interprète.

La défense soutient que les cris et bruits sourds audibles sur la bande viennent de la victime elle-même qui, éreintée par sa traversée à la nage de la Seine, s’agite et se débat dans le véhicule.

“Où est-ce que vous voyez un visage déformé ?!”, fulmine photos en main Me Alexandre Silva, avocat de l’un des prévenus, en défiant la victime à quelques centimètres à peine. “Vous n’avez pas le visage déformé ! Vous n’avez pas un œil au beurre noir ! Vous n’avez pas une égratignure !”

Le procès doit s’achever jeudi.

par Alexandre MARCHAND

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