Christian Chenay a eu 102 ans ce 20 juin. Il exerce toujours la médecine à Chevilly-Larue.
Début avril, ce médecin à la longue carrière était mis à l’honneur par ses pairs, à l’initiative du Conseil de l’ordre des médecins du Val-de-Marne (Cdom 94). L’occasion de s’émouvoir de la situation actuelle de la médecine.
“Je suis de ceux qui ont la chance d’avoir eu une bonne période pour la médecine, nous étions entendus des politiques, ce qui n’est plus le cas maintenant, nous n’avions pas de difficultés matérielles. On dit toujours que c’était mieux avant, mais je crois que c’est vraiment le cas”, lance le centenaire. “Enfin, il faut reconnaître que la médecine s’est développée. Ça fait quand même plaisir de voir que toujours autant de jeunes embrassent le métier malgré les difficultés. Je leur souhaite bien du courage. Regardez comme cela conserve !” confie le doyen français des médecins, qui a également écrit plusieurs ouvrages comme “Le manuel de survie des retraités” et même un roman.
Le médecin à l’incroyable longévité, originaire d’Angers, est devenu docteur en médecine en 1946 et s’est installé à Chevilly-Larue en 1968. D’abord interne en psychiatrie, il a pratiqué la radiologie avant de devenir médecin généraliste. À l’époque, il pratique de nombreux accouchements. “Dans quelques cas, il s’est occupé de quatre générations de patients, alors forcément, un lien particulier s’est créé“, confie son fils, qui porte le même prénom et a exercé la même profession avant, lui, de prendre sa retraite. “J’ai repris du service au moment de l’épidémie de Covid-19 pour le remplacer parce que nous n’avions alors aucun équipement de protection“. Le docteur reçoit une vingtaine de patients par semaine durant des consultations qui peuvent parfois s’éterniser. “Ce qui me prend le plus de temps, c’est de remplir des papiers, l’administratif“, déplore-t-il.
“Près de 50% d’entre nous sommes en burn-out“
Régulièrement, le docteur Chenay est mis à l’honneur. En 2020, il a été reçu à l’Élysée par le président Emmanuel Macron. Cette fois, c’est l’Ordre des médecins qui l’a honoré. “C’était important pour nous de reconnaître son engagement permanent dans la profession pour ses patients. Il a été le témoin immense des progrès de notre art médical”, souligne le président du CDOM 94, Patrick Théron. “En parallèle, il a aussi été le témoin de la dégradation continuelle et inexorable de cette belle et noble profession avec son lot de difficultés. Nos confrères sont harassés, fatigués, déprimés, et ont un immense sentiment d’incompréhension et d’isolement face aux demandes incessantes, près de 50% d’entre nous sommes en burn-out.”
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